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Iran : La peur de l’embargo a fait bouger les mollahs
26.12.2009

Un jour après l’annonce américaine de l’adoption par le Sénat du projet de loi relatif à un embargo sur l’essence, le régime des mollahs a fait état de sa disposition à accepter la proposition d’un échange d’une partie de son stock d’uranium enrichi contre du combustible nucléaire fabriqué par les Français et les Russes.



D’après des révélations de la presse iranienne, en avril dernier, les Etats-Unis ont proposé aux mollahs l’échange de 90% de leur stock d’uranium enrichi contre du combustible nucléaire d’origine étrangère pour que l’Iran ne soit plus en possession de la matière nécessaire pour la fabrication d’une bombe. Cela aurait permis d’éliminer la source du contentieux et aussi d’améliorer l’image du régime auprès de l’opinion américaine, rendant possible une entente avec ce pays dont les Etats-Unis ont besoin pour contrer l’économie chinoise. Téhéran a refusé car une entente avec les Américains passerait par une ouverture politique qui permettrait à ces derniers de placer leurs pions en Iran à l’issue de diverses élections. Téhéran a aussi refusé parce que son seul moyen pour échapper à cette entente indésirable est d’avoir une mauvaise image ce qui ne serait pas possible sans disposer d’une réserve suspecte d’uranium. A ce moment-là, Washington avait évoqué pour la première fois depuis longtemps, la possibilité d’un embargo sur l’essence, mesure intimidante car elle est susceptible de provoquer un soulèvement populaire de nature à renverser les mollahs. Mais Téhéran n’a pas cédé car il se sentait protégé par son allié la Russie.

Washington a passé un deal avec les Russes à propos de l’ABM et de la Géorgie, puis il a renouvelé son offre. Téhéran a alors accepté de rencontrer les Américains dans le cadre d’une rencontre avec les Six à Genève, le 1er octobre, où il s’est alors engagé à étudier l’offre et l’accepter avec quelques remarques. Mais, il n’a pas tenu sa promesse. En l’absence d’une réponse précise, en guise d’avertissement, Washington a alors fait adopter la loi sur l’embargo à la Chambre des représentants, la première des 3 étapes avant son entrée en vigueur, mais en précisant que son adoption par le Sénat puis son approbation par le président seraient envoyées à une date non décidée en 2010. Téhéran a reculé d’un pas, mais pour tester le sérieux de la menace, il a fait une contre-proposition intermédiaire d’un échange sur son sol et uniquement de 30% de ses réserves, ce qui lui laissait la quantité théoriquement nécessaire pour une bombe. Washington a alors reparlé de la loi sans passer à la seconde étape sénatoriale. Mais parce qu’il a vraiment besoin des mollahs pour devenir le roi du monde, Washington a parallèlement multiplié les initiatives d’apaisement en leur direction notamment en leur proposant d’importants contrats via ses alliés (Inde ou Turquie) ou en autorisant le rapatriement des réserves d’or nécessaires à la survie de leur régime. Les mollahs sont redevenus très hostiles à l’échange.

La dernière initiative de Washington a été de proposer la visite officielle en Iran de John Kerry. Téhéran a laissé venir la demande avant de révéler la présence en Iran de Kerry et de faire savoir qu’il n’était pas intéressé. Il a ainsi privé Washington de la dernière initiative possible pour une entente. Celle-ci étant très nécessaire, mais aussi de plus en plus urgent, ce refus a incité Washington à annoncer l’adoption par le Sénat en janvier prochain du projet de loi sur l’embargo.

Après cette étape, il ne resterait que l’approbation du président. Nous avions jugé l’annonce très forte, Téhéran a eu la même analyse et il est devenu tout d’un coup très ouvert à un échange alors qu’il avait dit le contraire il y a encore peu de temps. Cependant, il est encore dans l’expectative : il ne sait pas quel est le degré de sérieux de Washington quant à sa décision d’utiliser la sanction de l’embargo, c’est pourquoi il n’a cédé que partiellement en acceptant un échange dans un autre pays, mais sur la quantité de 30%. Si Washington fait preuve de fermeté, il y aura du nouveau (une vraie reculade ou une nouvelle fuite en avant), sinon, nous connaîtrons une année semblable à 2009 avec des reculades tactiques à l’infini.


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Article complémentaire sur la diplomatie :
- Iran : La feuille de route des mollahs
- (8 OCTOBRE 2009)

Article complémentaire sur les sanctions :
- Iran : Obama s’accorde un round supplémentaire
- (16 Novembre 2009)

Article complémentaire sur l’embargo :
- Iran : La peur fondée d’un embargo sur l’essence
- (8 SEPTEMBRE 2009)

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions unilatérales (en cours d’application ou à venir) |