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Iran-S300 : Le régime peine à se montrer fort
20.04.2010

Dans notre article du lundi 19 avril, en nous basant sur des images diffusées la veille à télévision iranienne ou sur les sites des agences de presse iraniennes, nous avons qualifié d’intox la nouvelle diffusée par le site d’Alain Soral à propos de la présence d’une copie iranienne du S-300 pendant le défilé militaire de l’anniversaire de la création de l’armée de la république islamique d’Iran. Nous devons revoir notre jugement car dans la nuit du dimanche 18 avril au lundi 19 avril, des images pirates du défilé ont commencé à circuler sur le net : on y voit la copie iranienne du S-300. C’est ce que l’on peut qualifier d’intox de seconde génération : au lieu de revendiquer une puissance de feu que les experts américains peuvent contester, le régime a fait le choix de laisser dire à des inconnus qu’il avait une telle puissance feu. Le régime cherche et peine à se montrer fort pour se maintenir face aux pressions extérieures.



Depuis le début de la crise nucléaire iranienne, à chaque fois que les Américains ou le groupe des Six ont proposé un compromis qui annonçait la fin des sanctions américaines, le début des collaborations commerciales avec les Européens et même une possible réconciliation avec les Etats-Unis, les mollahs n’ont jamais attendu la fin du délai de réflexion. Ils ont toujours choisi l’escalade en faisant tirer des missiles, en annonçant la création d’armes capables de bloquer le détroit d’Ormuz ou encore en annonçant des progrès nucléaires invraisemblables et anxiogènes. Les mollahs ont toujours agi ainsi car ils ne veulent d’aucune normalisation de leur régime car cela suppose une ouverture politique (qui serait fatale à leur pouvoir), et une ouverture économique (qui serait fatale à leurs magouilles mafieuses). Ce refus pragmatique d’ouverture, présenté comme la fidélité idéologique aux valeurs de la révolution islamique, est le dénominateur commun de tous les dirigeants du régime qu’ils se présentent comme des radicaux ou comme des modérés.

Depuis l’été 2008, Washington a cessé de prendre au sérieux ces annonces anxiogènes de tirs de missile ou de progrès nucléaires à connotation militaires. Cela a commencé sous Bush avec l’affaire des tirs de missiles simulés sur Photoshop. Puis sous le même président, le Pentagone a rejeté l’authenticité de la réussite des tirs de missiles porteurs de satellite. On a atteint le sommet avec l’arrivée d’Obama car lui et ses collaborateurs ignorent tout simplement les tirs iraniens et même les progrès iraniens en matière de nucléaires et ne les commentent même pas. Washington, qui pour dominer la région et le marché pétrolier mondial doit obligatoirement contraindre les mollahs à devenir ses alliés, espère ainsi réduire la possibilité pour ces derniers d’agiter la situation pour saboter les chances d’un compromis.

Par la faute de cette approche spécifique des Américains, depuis deux ans, Téhéran va de déconvenue à déconvenue pour amplifier la crise. Il rêve de restaurer sa capacité à provoquer.

Dernièrement, Téhéran a touché le fond quand dix jours avant qu’il n’annonce son autonomie prochaine en matière de combustible nucléaire grâce à des dizaines d’usines d’enrichissement en construction, les Américains ont affirmé dans le New York Times que d’après leurs photos satellites, l’Iran n’avait aucun chantier d’usines en construction. Là, il devenait urgent de restaurer sa capacité à provoquer. Le premier geste du régime a été présenté à la presse, photos à l’appui, une nouvelle DCA. La nouvelle n’a pas reçu la couverture médiatique qu’il espérait. Puisque l’on lui contestait l’authenticité de ses annonces pour absence d’images volées par des satellites et aussi que l’on ne s’intéressait pas à ses images officielles, Téhéran a eu la bonne idée de diffuser ses propres images volées de la copie iranienne du S-300.

Jouant la carte d’images (soi-disant) volées prises par un portable, le régime ne pouvait pas diffuser celles-ci sur ses réseaux officiels ou les réseaux officiels occidentaux : il s’est orienté vers les sites décalés comme celui d’Alain Soral ou les alter mondialistes anglophones de MRzine. Ce dernier est très lié aux mollahs puisqu’il fait aussi bien de la publicité pour CASMII -le lobby anti-sanctions des mollahs- que pour son Mouvement Vert en faveur des valeurs de la révolution. MRzine n’est pas le seul dans cet état, c’est ce qui explique le recours à Alain Soral, nouveau venu sur la planète mollahs suite à une rencontre fort médiatisée avec Aboutalebi, l’ambassadeur des mollahs à Paris. Soral a été le premier à publier un article sur le sujet dimanche vers 15 heures. Cet article n’avait pas d’images. Rétroactivement, ceci n’était pas un hasard. Téhéran voulait lancer la rumeur, tout en gardant des cartouches pour des relances. Les premières images (une photo officielle et une vidéo inédite) ont été publiées par MRzine le dimanche vers 21 heures. Dans cette vidéo inédite (ci-dessous), le commentateur parle d’un « système de DCA qui sera bientôt présentée plus en détails par le régime ».
© WWW.IRAN-RESIST.ORG


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C’est après la mise en bouche de MRzine que le régime a mis online sur le Forum Military.ir consacré aux rumeurs militaires les premières images soi-disant volées de la copie iranienne du S-300 en sachant que ce site est visité par les internautes occidentaux (civils ou militaires) qui s’intéressent aux armes iraniennes.

C’est l’ordre des apparitions qui nous gêne : normalement, on aurait dû avoir les images avant d’écrire les articles, mais là on a d’abord écrit des articles avant de proposer la preuve qui fait outch ! Mais outre leur entrée théâtrale, ces images posent un autre problème : les images où l’on ne voit rien sont nettes et la photo où l’on voit le système de redressage des tubes à missiles est floue, ne permettant pas de voir s’il s’agit d’une vraie arme ou de contrefaçon, autrement dit des grandes maquettes qui roulent (cliquez sur les images pour les agrandir).
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Notre spécialiste en armement s’est dit pour sa part surpris par les vitres teintées pour éviter que la caméra ne capte par hasard l’intérieur de ces joujoux. Selon lui, « tant que l’on ne verra pas ce système opérationnel abattre un leurre, son efficacité sera à conjuguer au conditionnel ». Mais le conditionnel suffit à Téhéran dont le problème actuel est de faire admettre qu’il a d’éventuelles capacités militaires. En fait, le propos pour les mollahs était de provoquer un buzz populaire mondial pour neutraliser les expertises négatives des spécialistes comme le nôtre. Il pouvait alors revendiquer officiellement la possession des S-300.

Pour les raisons que l’on imagine, Washington a boycotté le buzz balistique des mollahs. Les Britanniques dont les intérêts pétroliers souffriraient d’un alignement des mollahs sur Washington ont pris le contre-pied de l’esquive américaine en accordant dès dimanche une couverture médiatique aux S-300 iraniens par l’agence Reuters. Les médias américains n’ont pas réagi. Ce refus a incité Téhéran à aller au-delà des règles initiales qu’il s’était fixé. L’époux de la journaliste française pro-mollah Delphine Minoui, Borzou Daragahi, qui écrit aussi des articles pro-mollah dans le Los Angeles Times, a donc publié un article sur ces fameux S-300 (qu’il appelle S-200) dans ce quotidien qui est le deuxième plus grand journal américain. Dans la foulée, Téhéran a annoncé la mise en chantier des usines nucléaires dont le New York Times avait contesté l’existence.

Ceci laisse supposer que selon un plan très ambitieux, Téhéran voulait combiner les annonces de son autonomie immédiate en matière de défense avec l’annonce de son autonomie prochaine en matière de combustible nucléaire pour se donner les moyens d’amplifier la crise afin de refuser tout compromis avec qui que se soit au moment où Washington lui propose des compromis très avantageux (logiquement impossible à refuser) via ses alliés comme le Brésil ou l’Inde.

Ce projet essentiel pour rester fermer à toute ouverture a globalement échoué car aucun média ou responsable américain n’a réagi à l’article de Borzou Daragahi dans le Los Angles Times et quelques heures après l’annonce des chantiers des nouvelles usines nucléaires, la Maison-Blanche a remis en cause l’authenticité de cette annonce, affirmant que « les déclarations de Téhéran ne correspondent pas toujours à la réalité de son programme nucléaire ».

Privé de ces plans pour rester résister à l’Occident, le régime a annoncé la fermeture de 2 partis politiques modérés dont les chefs adulés en Occident prônent le rejet de l’Occident au nom des valeurs de la révolution islamique. Ainsi après avoir tenté d’entraîner les Occidentaux dans une escalade guerrière, il entend les engager à défendre au nom de la démocratie ceux qui les rejettent. Il n’y a vraiment rien à espérer des mollahs.


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