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Iran : La semaine en images n°221
15.05.2012

La semaine dernière, le régime devait rassembler les gens autour de lui au prétexte de la défense de l’identité iranienne du Golfe Persique. Il n’y est pas arrivé. Le régime devait célébrer par de nombreux rassemblements la mémoire de l’ayatollah Mottahari, un des artisans de la révolution islamique. Ces cérémonies n’ont pas eu lieu faute de participants. Le régime a voulu organiser des manœuvres militaires pour intimider les dissidents et rassurer les hésitants, il n’a pu trouver plus d’une trentaine d’individus pour cette opération. Enfin, le régime devait également organiser la seconde partie de ses législatives pour légitimer ses politiques. Ces élections ont encore été totalement boycottées. Ces trois échecs ont confirmé la rupture et même l’opposition du peuple, des Pasdaran, des Bazaris et du clergé, mais aussi la prise de distance des derniers fidèles.

Cette semaine, le régime avait deux obligations. Il devait trouver un moyen pour affirmer son autorité ddans des mises en scène ne nécessitant pas la présence du peuple afin de ne pas être à nouveau humilié. Sa marge manœuvre était réduite. Il a multiplié les annonces fortes, les images n’étaient pas à la hauteur des annonces, le régime a dû modérer ses annonces et a fini la semaine presque sur les genoux.

Le régime devait également annoncer les résultats de ses élections, en fait une victoire des ultras pour cautionner son refus de tout dialogue. C’est là un choix vital pour le régime car Washington entend utiliser l’apaisement pour revenir en Iran avec ses pions afin de prendre le pouvoir de l’intérieur. Mais aucun résultat n’a été annoncé, les médias ont même évoqué des divisions internes avant la publication des noms des vainqueurs. Le discours qui devait être limpide et rassurant était surtout flou et fuyant.

Cette semaine, il y avait d’un côté une propagande en perte de vitesse et de l’autre côté, un flou dans la ligne politique du régime. Le résultat est une semaine floue et désordonnée qui a avancé en devenant de plus en plus brouillonne : voici des images d’un régime déboussolé.



Il y a une semaine, le régime avait été boycotté du début à la fin. Un des plus importants revers subis alors par le régime avait été le boycott général de deux cérémonies présidées par le Guide en mémoire de l’ayatollah Mottahari, un des concepteurs de la république islamique.

Une semaine auparavant, le régime avait subi une humiliation similaire avec le boycott en interne de la cérémonie présidée par Khamenei en mémoire de Fatemeh, fille de Mahomet. Le Conseil de Discernement, organe plénipotentiaire où tout se décide, le vrai gouvernement du régime, s’était réuni et l’on avait vu côté à côté et en train de se sourire tendrement Rafsandjani (le directeur-fondateur de cet organe) et Ahmadinejad, deux personnages qui font semblant d’être des ennemis alors qu’Ahmadinejad fait partie du vaste clan de Rafsandjani et travaille dans le sens de ses intérêts. Par cette image factice, le régime entendait dire que tout allait bien et que face aux difficultés, les rivalités s’effaçaient pour laisser place à la complicité.

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Cette fois, avec la répétition impertinente du boycott très humiliant du Guide par les derniers collaborateurs fidèles, le régime devait renforcer sa réponse.

Samedi 5 mai 2012 (15 Ordy-Behesht 1391), premier jour de la nouvelle semaine, le régime a reproduit la même mise en scène : le Conseil de Discernement s’est encore réuni (alors qu’il ne le fait jamais deux semaines de suite). Il s’agissait donc d’une nouvelle réunion extraordinaire, mais cette fois, Ali Larijani, l’actuel homme fort du Conseil de Discernement (et donc actuel patron du régime) s’est inclus dans le tableau idyllique de l’union nationale à côté de Rafsandjani qu’il déteste.

Les premières images de la semaine ont été le spectacle hallucinant des frères Larijani aux côtés de Rafsandjani et de ses lieutenants Ahmadinejad et Shahroudi dans un grand éclat de rire complice ! Cependant, le régime n’a pas pu obtenir le même rictus rassurant d’autres membres du Conseil de Discernement.

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Pour corriger ce manque, le régime a renouvelé la même mise en scène rieuse à une cérémonie tardive des Pasdaran en mémoire l’ayatollah martyr Mottahari.

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Le régime a pu ainsi montrer qu’il était uni et serein face aux difficultés, il devait aussi montrer qu’il avait des troupes. On était tout de même dans un lendemain d’élections : il devait annoncer les résultats attendus de la victoire des ultras, résultats politiquement nécessaires, mais également inévitables car pour rendre plausible cette victoire des politiciens qui plébiscitent plus de sanctions, les soi-disant modérés (qui sont tout autant pro-régime, pro-Hezbollah, pro-Syrie, anti-israéliens et pro-nucléaires) s’étaient officiellement retirés du jeu pour des prétextes assez flous laissant des ultras de divers partis face à face.

Mais si le régime doit refuser l’ouverture empoisonnée proposée par Washington et cherche un justificatif démocratique pour ses choix dans le vote ultra, il n’a pas la capacité d’appliquer une politique économique ultra qui nécessite la force. C’est pourquoi au lieu de diffuser des infos sur les élections, alors que les noms des élus n’étaient même pas connus, les médias ont commencé à parler d’importantes divisions au sein de la nouvelle majorité (encore indéfinie) ou avec Ahmadinejad qui est du même bord à propos de l’opportunité de la mise en œuvre du 2nd plan de suppression des prix subventionnés ! Pas mal !

Le régime cherchait à se défiler avant même que le nouveau Parlement ultra ne soit en place. Les médias toujours complices du régime ont fait état d’une absence inquiétante de consensus au Parlement sur le financement du budget, ce qui laisse le pays sans un budget défini 2 mois et demi après le début de l’année en Iran !

Tous les médias du régime ont répété cela alors que le gouvernement soumet le budget toujours avant le début de l’année et obtient l’accord du Parlement au même moment et après les vacances de Norouz. Le budget de l’année en cours comprenant la mise en œuvre du 2nd plan de suppression des prix subventionnés a ainsi été proposé en février dernier (fin de l’année en Iran) et il avait été approuvé le 9 avril dernier (peu après le Norouz). La nouvelle de l’adoption de ce budget difficile à tenir avait même été annoncée par PressTV la CNN des mollahs.

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En fait, pour ne pas appliquer la grande mesure économique ultra dont il ne se sent pas capable sans l’appui de ses miliciens, le régime a tout simplement effacé l’adoption du budget et a inventé une dissension interne susceptible de geler l’affaire le temps qu’il veut. Les médias du régime ont été prié de suivre : ils se sont mis à diffuser des chiffres alarmants souvent cachés pour plaider en faveur d’un report. On a ainsi eu su que de nombreux secteurs agricoles, le textile, l’acier ainsi la production des Peugeot étaient en faillite suite à la multiplication par 15 des factures de l’essence et de l’électricité.

Ali Larijani, le patron du régime, qui préside aussi le Parlement du régime, était dans une drôle de position : en tant que patron du régime, il a sans cesse soutenu la mesure (qui est indispensable pour continuer malgré les sanctions), mais en tant que président du Parlement, il devait soutenir les parlementaires qui étaient présentés comme hostiles à l’application de la mesure ! Il s’est ainsi retrouvé en conflit avec Ahmadinejad dont le rôle est de défendre le projet. Les deux qui rigolaient ensemble se sont ainsi retrouvés en opposition à peine quelques heures après leur risette commune. C’était mal maîtrisé, le régime a donné l’impression qu’il improvisait.

Les médias spécialisés ont fait état d’une certaine agitation sur le marché du dollar : les associés économiques du régime voyaient donc la mauvaise gestion comme un signe de faiblesse de leur dirigeants. Le régime devait arrêter son plan et trouver un autre scénario de dissension interne pour geler la mise en oeuvre d’une mesure qu’il n’ose pas appliquer.

Dimanche 6 mai 2012 (17 Ordy-Behesht 1391), le régime devait changer de sujet, il devait calmer la crise avec ses associés économiques et aussi trouver un autre scénario pour bloquer au Parlement la mesure de rigueur qu’il a adoptée en avril dernier, mais n’ose pas appliquer. Les actions choisies par le régime montrent ses priorités.

La première mesure a été de relancer le procès pour fraude bancaire et corruption visant ses associés économiques dissidents. Il a ainsi démontré la lutte contre la fuite de ses collaborateurs était à ses yeux plus importante que tout. A l’occasion de la reprise du procès, le régime a diffusé de nombreuses anecdotes révoltantes sur les sommes en possession des accusés, une manière de capter l’attention de l’opinion avec des chiffres sensationnels afin de les détourner des chiffres inquiétants publiés la veille sur l’état catastrophique de l’économie iranienne.

Mais le régime a encore protégé l’identité des accusés et des témoins car il ne veut pas aller trop loin et provoquer une forte envie de fuite chez tous les autres collaborateurs et ainsi accélérer sa propre chute.

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La seconde action du régime a été d’annoncer l’arrestation de 141 caïds très dangereux ou la prise de 397 satellites à Arak. Chacune des deux opérations laisse supposer le déploiement d’un nombre important d’agents de renseignements, de mouchards et de policiers. Le régime était encore dans l’intimidation. Mais il n’a pas publié d’images concernant la prise des satellites et les images publiées pour l’arrestation de 141 caïds montraient une quinzaine de malfrats et surtout une demi-douzaine de policiers. Le régime était très loin du compte. Le déséquilibre des forces en faveur des malfrats n’auraient même pas permis de les mobiliser. Ces malfrats auraient même pu fuir avec si peu de gardes. C’est pourquoi il nous a paru vraisemblable que le régime avait utilisé des prisonniers pour mettre en scène cette arrestation !

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En troisième position, le régime a annoncé la visite du Guide et de quelques responsables au Salon du Livre de Téhéran... Il s’agissait encore d’une propagande sécuritaire car tout déplacement de ce genre nécessite un vaste déploiement de policiers fidèles. Par ailleurs depuis la rupture des Pasdaran, le Guide et les autres dirigeants ne vont plus au contact de la foule et ne reçoivent plus de groupes organisés qu’à l’abri des barrières de sécurité : Ils sont tous barricadés avec un nombre réduit de gardes sûrs. En annonçant la visite du Guide au Salon du Livre, le régime voulait ainsi affirmer que ses dirigeants n’étaient pas ainsi isolés et contraints de se terrer avec un nombre réduit de gardes. La sortie annoncée insinuait aussi la confiance des dirigeants en l’existence d’une réserves pro-régime au sein du peuple.

Cette visite a été un important coup médiatique, mais à l’examen des images, il a vite vu que le Guide n’était pas au Salon du Livre, mais sous une tente privée imitant l’intérieur du salon de Livre ! Malgré les sourires, le régime a ainsi montré qu’il était isolé et honteux de l’être.

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Le même jour, sur le même schéma, on avait annoncé la visite de Larijani à une cérémonie publique en mémoire de Mottahari, mais le rassemblement annoncé n’était qu’une petite réunion privée à l’abri de toute intrusion du peuple. Cette dernière tentative a confirmé l’isolement des dirigeants et leur malaise à ce propos.

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Le régime devait aussi clore l’affaire imaginaire du budget non adopté qui l’avait amené à évoquer des chiffres gênants et devait inventer un autre scénario de dissension interne au Parlement pour geler la mesure risquée de suppression des prix subventionnés. Sans aucune gêne, il a oublié l’affaire qui l’embêtait et il est revenu à ancienne querelle fictive entre le Parlement et Ahmadinejad à propos de la révocation du ministre de l’économie, alors que l’affaire avait été terminée par un abandon officiel du plan de révocation par les Parlementaires.

Pour sortir définitivement de l’affaire encombrante et fausse du budget non adopté, les médias se sont enfin focalisés sur les élections elles-mêmes. Le régime n’a cependant pas publié tous les noms des élus ou des battus, mais seulement les noms de quelques députés connus qui avaient été battus. Il a surtout évoqué le chiffre incroyable de 196 sortants non réélus. Or seulement 65 sièges étaient en jeu dans ce second tour. On ne peut pas avoir 196 sortants quand il y a 65 sièges en jeu à moins qu’ils aient été écartés délibérément ou qu’ils aient quitté le régime.

Nous pensons qu’il s’agit des députés qui ont quitté le régime car tout au long des mois passés, nous avions remarqué que la majorité des Parlementaires ne participait plus aux manifestations du régime et ne venait même pas aux séances du Parlement. De fait, on peut dire que le régime a profité de ces élections pour attribuer la rupture à l’achèvement de leur mandat.

Le régime ne semble cependant pas avoir trouvé de remplaçants car dans ses divers reportages photographiques de cette semaine sur son Parlement, on n’a vu aucune vue globale de la salle, mais des vues tronquées où l’on voit quand même de nombreux sièges vides.

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L’absence de liste d’élus peut être également en rapport avec l’incapacité du régime de trouver des volontaires pour assumer le rôle du représentant alors que tout va mal en pis.

Pour résumer, ce samedi le régime devait annoncer la victoire des ultras pour cautionner son refus de l’ouverture empoisonnée proposée par Washington, il avait tenté de mettre en place un mécanisme de blocage de ces ultras parce qu’il ne peut pas appliquer une politique ultra en l’absence des Pasdaran à ses côtés. Mais dans feu de l’action, il était alors allé trop loin. Il avait semé la panique chez ses associés économiques. Ce dimanche, il devait calmer le jeu en intimidant ses associés agités ou en leur apportant la preuve qu’il dispose de ressources humaines cachées pour se maintenir.

Mais ce dimanche, le régime a multiplié les échecs : il n’a pas pu aller très loin dans l’intimidation directe, il n’a pas été convaincant dans ses annonces de frappes policières, il a aussi été bien en dessous des attentes avec la fausse sortie du Guide au Salon du Livre. Enfin le peu d’éléments qu’il avait publiés sur les élections de vendredi dernier faisaient état de la rupture de 78 % des députés. Le régime devait faire oublier la fausse sortie du Guide qui était un signe de faiblesse.

Le régime devait sortir du sujet électoral qui était devenu une source de problèmes et enfin il devait renouveler ses annonces policières en se montrant plus incisif pour intimider vraiment ses adversaires à savoir les gens qui souhaitent le quitter au moment de sa faiblesse.

Lundi 7 mai 2012 (18 Ordy-Behesht 1391) a commencé par l’annonce de 9 pendaisons.

Par ailleurs, depuis la rupture des Pasdaran, le régime a annoncé la mort de plusieurs commandants de cette milice en évoquant l’arrêt cardiaque ou des accidents de la route. Ce lundi où le régime devait durcir le ton, il a annoncé un autre mort par arrêt cardiaque chez les Pasdaran.

Le régime a aussi annoncé la création d’une nouvelle police composée de lycéens pour fliquer et réprimer d’autres jeunes cet été. L’annonce insinuait une action pour infiltrer les jeunes et empêcher toute agitation politique liée à la commémoration du soulèvement de l’été 2009.

La police formée de jeunes est un vieux dada du régime. Au premier temps de la révolution, le régime promettait de faire surveiller les parents par leurs enfants. Plus récemment après la rupture des Bassidjis qui faisaient office de policiers, le régime avait annoncé la création d’une police composée d’écoliers. On avait vu quelques exemplaires d’enfants dodus des familles du pouvoir habillés en policiers pour le lancement de l’opération, mais par la suite, personne n’a jamais vu ces bambins policiers nulle part. Leurs parents avaient même refusé de les prêter pour jouer avec les derniers policiers fidèles au régime dans des opérations violentes de types intervention anti-terroristes.

Le régime ne pouvait pas utiliser les enfants, les parents n’étaient pas coopératifs, il s’est rabattu sur les ados. S’ils n’écoutent pas leurs parents, ils ne sont pas pour autant vraiment dociles. Le régime devait montrer des images pour confirmer la création de ce corps de mouchards nécessaire pour contenir les jeunes cet été. Il a diffusé ces images.

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Voilà qui est peu. Mais le point le plus important est que ces images ne peuvent pas être celles d’une formation policière car les policiers iraniens ne portent pas de Kalashnikov, mais des armes de poing et des matraques. Le régime semble avoir diffusé ce qu’il avait de plus proche sur le sujet : un camps de formation militaire pour des futurs soldats.

Pour effacer cet échec, le régime avait besoin d’un coup d’éclat : il n’y a rien eu, ce qui a montré son manque de puissance dans le domaine policier.

Mais le même jour, le régime a annoncé qu’il accueillait une délégation de 60 universitaires intégristes et combattants égyptiens (donc membres de frères musulmans, alliés historiques du clan Khomeiny). Le régime pouvait mettre en avant ses liens dans le domaine intégriste pour rassurer ses collaborateurs hésitants. Le régime semblait vouloir remplacer son absence de capacité de répression en Iran par une super capacité de nuisance régionale. Mais encore une fois, le régime était dans le mensonge car il n’y avait pas 60 intégristes au rendez-vous, mais une vingtaine de femmes voilées et peu athlétiques que l’on voit mal se battre pour le régime face à Israël. Le groupe a d’ailleurs quitté l’Iran sans faire de déclarations incendiaires en faveur de Téhéran, contredisant les ambitions du régime d’instrumentaliser son allié égyptien. Cette opération s’est soldée clairement par un revers pour le régime.


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Par ailleurs, ce même lundi, le régime devait accueillir une conférence sur les routes et les liens terrestres en Asie centrale. L’objet était clairement le contournement les sanctions. Il y avait là deux grands défauts : la salle était petite et principalement remplie par les propres barbus du régime d’où d’ailleurs la morosité de Rahimi, le premier adjoint d’Ahmadinejad.

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Le régime a encore été privé d’un plan pour instrumentaliser ses voisins dans le sens de ses besoins pour nourrir sa propagande intérieure. Le régime n’arrivait pas à affirmer son autorité. Il devait durcir le ton ou essayer des coups d’éclats. changer ses approches.

Mardi 8 mai 2012 (19 Ordy-Behesht 1391) a commencé par l’annonce d’une possible très prochaine pendaison collective à la prison Gohar-Dasht de Karaj. Le régime avait totalement renoncé à son ambition de réinventer sa propagande et il était revenu à une approche basique et sans imagination de pouvoir barricadé.

Le régime a également annoncé la mort de deux autres Pasdaran et la blessure de plusieurs autres dans un accident de la route. Il a aussi annoncé la mort d’un inspecteur de l’AIEA sur une route près du centre d’eau lourde d’Arak. Personne en Occident n’a évoqué la possibilité d’un coup monté, le régime lui-même a ouvert une enquête pour relancer l’affaire !

Enfin, le régime a annoncé le démarrage de son centre de guerre informatique en présence des officiers supérieurs dans ce domaine. On s’attendait à un centre bourré d’électronique, la première image nous a bien surpris car on était dans une mosquée qui abrite aussi la direction des ateliers artistiques des mosquées de Téhéran. La deuxième photo a été plus surprenante : l’amphi de l’inauguration était remplie de mollahs et enfin la salle de guerre aux dimensions fort modeste semble être l’atelier informatique de ce centre culturel à la sauce religieuse. Ce n’est pas ce que l’on peut attendre d’un centre de guerre informatique. Le régime était encore dans le mensonge et dans l’intox !

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Le régime semblait patiner. Il n’avait aucun moyen pour affirmer sa puissance.

Mercredi 9 mai 2012 (20 Ordy-Behesht 1391), Washington a comme d’habitude saisi ce moment de détresse pour renforcer un peu les sanctions (en coupant l’internet d’une partie de Téhéran par un fournisseur hollandais, un clin d’oeil à l’inefficacité de son centre de guerre informatique) avant pour lui envoyer un émissaires pour proposer son offre d’ouverture. Cette fois, Washington a choisi le président du Parlement pakistanais. Il est reparti bredouille.

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Quelques heures plus tard, l’Allemand Martin Kobler, le Représentant spécial de l’ONU pour l’Iraq est arrivé en Iran pour discuter avec Larijani. Il est reparti sans aucune déclaration ce qui fait état d’un échec du dialogue.

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Les visites des émissaires de Washington sèment la panique parmi les collaborateurs du régime. Ils pensent que le régime est au seuil de l’effondrement et pourrait accepter un compromis qui devrait entraîner leur éviction. Ils craignent aussi la possibilité d’être sacrifié par les dirigeants comme les bouc émissaires de leurs crimes : pour préparer leur fuite, ils se précipitent alors pour acheter de l’or ce qui vide les réserves du régime au moment où il doit les préserver pour résister aux sanctions. Ainsi les visites des émissaires de Washington provoquent un tourbillon de crises politiques et économiques au sein du régime. Le régime a toujours fait de grandes hostiles aux Etats-Unis pour rassurer ses derniers collaborateurs. Mais il ne le peut plus car il doit éviter de donner un prétexte à Washington d’adopter une nouvelle sanction ou même d’annoncer une possible nouvelle sanction car dans son état de faiblesse, tout peut entraîner de nouvelles ruptures qui pourraient lui être fatales.

Dans ces conditions, pour rassurer les siens, il a opté pour la mise en scène d’un rassemblement réussi autour de l’un de ses dirigeants. Il a vite programmé un grand voyage d’Ahmadinejad à Khorassan. Il a choisi cette région car il fallait une grande région. C’est aussi une région un peu hostile et le régime cherchait à nier son hostilité.

Jeudi 10 mai 2012 (21 Ordy-Behesht 1391), Mahmoud est arrivé à Mashad dans son costume toujours identique qui permet au régime d’utiliser toutes les images d’archives de tous ses voyages.

Voici des images de Mahmoud à Mashad, lors de son arrivée, puis en train de saluer la foule sur sa voiture et enfin en train de parler à la foule sur le parvis géant de la mosquée Gohar-Shad.

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Si le costume est identique, il y un point de différence : Ahmadinejad porte un bandage sur les photos où il est en voiture, bandage qu’il ne porte à son arrivée, puis pendant le discours. Le régime a composé un reportage avec un cocktail d’images d’archives.

Un élément manque dans sa composition : le régime n’a pas diffusé de photos aériennes. Il a ainsi renoncé à un triomphe immense et choisi un triomphe modeste.

La principale photo de l’accueil populaire est aussi remplie de détails gênants : tout d’abord, le convoi n’est pas dans l’axe de l’avenue mais de travers, une chose impossible en raison des couloirs existant dans cette avenue.

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Un agrandissement de l’image de la voiture d’Ahmadinejad montre un des gardes en l’air, Ahmadinejad, lui-même semble être derrière le véhicule et en dehors du véhicule, il a été collé sur une image d’un convoi.

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Certains personnages sont aussi des pièces rapportées comme ceux qui sont debout sur des rebords car il ne regardent pas vers le convoi. Cette photo est vraiment un collage.

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Sur une autre photo, Ahmadinejad est en revanche bien placé sur son véhicule, il est en train de saluer la foule, mais il n’existe aucune foule aux alentours ! Ceci montre par ailleurs la facilité d’Ahmadinejad à faire semblant qu’il est face à une foule dans une rue vide !

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Pour ce qui est de la foule écoutant son discours, le régime a encore choisi un triomphe modeste car sur les photos d’ensemble, on voit clairement une barrière divisant le parvis en deux : le régime n’a pas osé affirmer pouvoir remplir le parvis géant du mausolée d’imam Reza et n’a même pas dissimulé l’existence de la barrière verte. Elle est cependant assez haute, le régime s’est crée un espace abrité des regards qui à notre point de vue n’a pas rempli car les images de la foule qui s’y trouve n’est pas constante.

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Sur les deux photos d’ensemble on voit une partie gauche qui est plutôt noire : c’est à dire qu’elle est occupée par des femmes couvertes de leur voile noir, mais cette tache n’est pas visible sur une vue rapprochée de la foule, une chose bien compréhensible car on peut noircir une foule vue de loin, mais il est difficile de suggérer la même chose sur une vue rapprochée.

On pourrait nous dire que les femmes habillées de noir sont là, mais on ne les voit pas. Soit, mais on voit une foule remplie de drapeaux que l’on ne voit pas sur la partie des femmes dans la vue générale.

En conclusion, les différences entre les images laissent supposer que le régime a encore composé un cocktail d’images d’archives, ce qui indique que le peuple ne s’était pas déplacé.

Le régime a en fait renoncé à l’annonce d’une méga triomphe et a opté pour une mini triomphe sur un terrain enclos afin de limiter les dégâts. Les informations que nous pouvons glaner grâce à une observation minutieuse sont plus facilement accessibles aux collaborateurs et associés du régime car ils habitent les villes, on des amis dans les immeubles avoisinants ou peuvent envoyer quelqu’un sur place pour constater de visu la mobilisation ou le boycott populaire. Avec son triomphe modeste et ses images contrefaites, le régime n’a donc pu tromper aucun de ses collaborateurs.

C’est pourquoi ce jeudi, le marché du dollar a été plus agité que jamais : l’ampleur des hausses étaient telles que les médias du régime ont évoqué le sujet en parlant poliment d’une bulle qui ne cesse de gonfler, mais sans publier de chiffres car le régime l’a interdit et peut punir sévèrement les contrevenant pour diffusion de fausses informations susceptibles de nuire à la sécurité nationale.

Le régime avait tenté de rassurer les siens en envoyant son représentant sur une terre hostile, mais il récoltait un boycott sur place puis une punition pour son mensonge à Téhéran. Le régime s’est fâché. Le plus grand centre de vente de meuble de luxe a flambé à Téhéran, le régime a envoyé 4 camions de pompiers dont un avec l’échelle alors qu’il fallait 5 à 6 fois plus d’intervenants : en l’absence de secours adéquats, en peu de temps, 75 magasins de 300 ateliers sont partis en fumée et le patron de l’ameublement qui était dans le viseur du régime a tout perdu.

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Le régime a aussi signifié à tous ses associés dont il préservait l’identité qu’il pouvait se montrer soudain très dur (comme il l’avait été avec les Bazaris traditionnels non issus du pouvoir) si on mettait en cause sa propagande entraînant une menace pour sa survie.

Vendredi 11 mai 2012 (22 Ordy-Behesht 1391), le régime avait un test pour mesurer la portée de sa frappe : la présence de ses associés à la Prière de Vendredi. Mais on a vu encore des images qui ne contiennent pas les mêmes foules (les soldats que l’on voit sur la principale photo ne sont pas présents sur les autres photos). Le régime a encore fait un album avec des photos d’archives, signe que la foule n’était pas au rendez-vous.

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une conclusion adéquate... Le régime avait commencé la semaine en difficulté, il avait tenté de nouveaux mensonges pour monter dans l’estime des siens, mais il avait échoué, on avait vu son impuissance, il avait dû revenir à des méthodes plus classiques et plus bourrins comme des annonces de pendaisons ou encore l’incendie criminel qui est un de sa frappe préférée contre le Bazar. Rien de cela ne lui permit de restaurer son autorité, il était humilié : il était plus bas que jamais...

Un autre émissaire a débarqué à Téhéran : le français, Michel Rocard qui dans sa jeunesse a milité au sein d’un parti de gauche extrémiste financé par Washington. Il a peut-être été missionné par Washington, peut-être par Paris qui aimerait être de la partie comme en 1979, mais aussi par sa propre ambition de passer à gauche après avoir versé dans le sarkozysme.

Les mollahs qui sont eux-mêmes bien opportunistes ont adoré recevoir celui-ci avec son sourire de travers et sa cravate de Michou. Ils ont placé le portrait de l’infâme Khomeiny à côté de son siège pour tester son niveau d’opportunisme et de bassesse, il a réussi le test !

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Mais nos barbus l’ont renvoyé quand même dans les roses car ils ne peuvent pas accepter la rose qu’on leur propose. Ils ont ainsi fini leur semaine désordonnée par un retour à la réalité de leur impasse.