Reprenons depuis le début. Hier, le site du parti associatif de Moussavi et Karroubi, Rahesabz, a affirmé que les deux hommes avaient été enlevés par les Pasdaran et les gens du ministère de l’intérieur. Ce qui a provoqué un grand émoi dans les médias occidentaux qui ont émis les plus folles spéculations sur le sujet…

C’est là que se situe le problème. Ce sont les journalistes occidentaux qui se sont émus alors que l’info aurait dû émouvoir les Iraniens pour créer un tsunami humain. Or, personne n’est descendu dans les rues car, comme nous l’affirmons depuis toujours, les Iraniens considèrent ces deux hommes comme des faux opposants.

Dans leur émotion et palpitation, les journalistes étrangers (occidentaux ou autres) ont oublié l’essentiel qui est la réaction émotionnelle et politique de la rue iranienne à cette nouvelle d’arrestation. L’essentiel n’est pas leur propre réaction émotionnelle.

C’est un problème récurrent vis-à-vis de l’info qui vient de l’Iran. En 1997, Khatami est apparu avec un discours qui a ému les médias occidentaux. Il était malmené par les autres mollahs, des ultra-conservateurs. Il a ainsi enthousiasmé les Iraniens, ils ont voté pour lui et quand il fut élu, il a dit merci d’avoir voté pour la république Islamique ! Une fois élu, il a aussi précisé que par les réformes, il entendait un retour aux principes fondateurs de la révolution islamique (comme le Mouvement vert aujourd’hui) ! Khatami s’est avéré être un recordman de la répression. Les Iraniens l’ont alors surnommé Fariba Khatami, Khatami la trompeuse (au féminin). Aucune rédaction n’a parlé de ce surnom, elles sont toutes restées dans l’expression de leur propre émotion, notamment parce que Téhéran a sans cesse diffusé de nouveaux récits des malheurs de cet « authentique modéré », selon un schéma simple inspiré du Ta’azieh, ce théâtre de rue où s’affrontent Hossein et Yazid, le bien et le mal des légendes islamiques en costumes d’époque. Certains journalistes et experts liés aux mollahs, mais aussi au Quai d’Orsay (ou les Américains) ont aussi été de sérieux secours pour le succès de cette entreprise, les uns pour améliorer l’image internationale du régime et les autres pour faire taire les enquiquineurs qui parlent de la situation des droits de l’homme.

Aujourd’hui pour faire passer le très khomeynsite Mouvement Vert et ses deux leaders Moussavi et Karroubi pour de vrais opposants, le régime joue dans le même registre. Depuis le début du lancement de ce Mouvement, on a eu droit à des centaines de rumeurs d’arrestations de Moussavi et Karroubi… A chaque fois, les médias occidentaux se sont enflammés oubliant de vérifier si cela était le cas pour la rue iranienne. Or, il n’y a rien de plus car la mesure est la formation de manifestations massives et spontanées comme c’est le cas dans tout pays en état révolutionnaire et comme cela a été le cas en Iran à diverses occasions, notamment en 1979, ou encore cet été du 15 au 25 juin. En l’absence de cette vérification visuelle forte, l’émotion des rédactions ne fait que contribuer à bâtir des réputations en béton pour des gens qui ne représentent rien et ne peuvent même pas mobiliser spontanément sur leur nom une centaine de personnes. Ceci est aussi valable pour Shirin Ebadi qui défend tous les faux opposants, mais n’a jamais dénoncé un seul abus de droit contenu dans la charia.

En fait, voici un bon scoop : Il y aura encore d’autres rumeurs d’arrestations de ces gus (Moussavi, Karroubi ou Ebadi), mais Téhéran ne les arrêtera jamais car on verrait alors immédiatement qu’ils sont des personnages creux. Pour la même raison, ils n’appellent jamais à des marches silencieuses derrière eux !

De fait, il faut trouver des justifications pour expliquer leur absence en première ligne : ils sont souvent enlevés, empêchés de sortir, attaqués, mais il y a toujours des nouvelles rassurantes qui éliminent la nécessité d’une mobilisation qui ne peut avoir lieu. C’est le cas de la rumeur de l’arrestation de Moussavi et Karroubi suivie d’un démenti du fils de Karroubi. Une autre tactique pour faire parler de ces personnages creux est la rumeur non confirmée d’arrestations de leurs proches… Pour préserver la réputation d’Ebadi, il est prétendu qu’elle vit à l’étranger, comme si sa distance avec l’Iran pouvait expliquer l’absence de manifestation populaire en sa faveur dans les rues iraniennes.

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C’est du n’importe quoi ! Il faut arrêter de diffuser ces fausses nouvelles sur rien car vous faites le jeu de Téhéran en oubliant un boycott significatif d’un peuple révolté. Il serait temps que les journalistes occidentaux se comportent en professionnel de ce métier et non en pleureuses sur des tombes, métier inventé par les mollahs après la révolution islamique de 1979.

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Pour en savoir + sur le Mouvement Vert :
 Iran : L’histoire secrète du Mouvement Vert
 (30 DÉCEMBRE 2009)

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