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Iran : Plus de menaces que de sanctions
11.12.2009

Il y a deux jours à Washington, la Turquie se disait opposée à de nouvelles sanctions onusiennes contre Téhéran. Hier, l’Europe a fait part de sa prudence en ce même domaine de sanctions onusiennes alors que cet été, elle avait évoqué sa disposition à adopter enfin des sanctions unilatérales, c’est-à-dire hors l’ONU, comme le lui demandait Washington. L’absence d’une réaction forte des Etats-Unis à ces désistements en chaîne confirme son approbation implicite.



Cet été, Washington parlait de nouvelles sanctions contre l’Iran, notamment un embargo sur l’essence, si la diplomatie échouait à l’issue de la rencontre de la dernière chance le 1er octobre à Genève. Un embargo sur l’essence, source de grands désordres sociaux, pourrait être quasiment fatal au régime. Il faut cependant préciser que ce n’était pas la première fois que Washington évoquait cette mesure. Bien avant Obama, Bush l’avait évoqué en 2003. Si la menace revient sans cesse sans se concrétiser, c’est parce que Washington ne veut pas renverser les mollahs, mais les intimider pour accepter un rétablissement des relations (évoqué également sous Bush), une étape préalable à une entente indispensable aux Etats-Unis pour contrôler le monde islamiste très à l’écoute du régime des mollahs. L’objectif de l’entente est de pouvoir agiter les musulmans chinois qui habitent la région pétrolière de Xinjiang.

Comme lors des précédentes évocations de cet embargo, les mollahs n’ont pas reculé car en cas d’une entente et d’un rétablissement des relations avec les Etats-Unis, ils devraient ouvrir l’arène politique à des islamistes iraniens made in US. Dans ce cas-là, les mollahs perdraient une partie de leur pouvoir et les privilèges économiques hors du commun qui vont avec. Quitte à tout perdre, ils résistent à toutes les menaces y compris celle d’un embargo. A ce jeu du culot, ils ont fini par battre Washington qui a finalement été contraint d’imaginer un scénario pour ajourner l’embargo sur l’essence.

Favorables, mais... | Le scénario retenu par Washington a été de glisser furtivement des sanctions unilatérales vers des sanctions onusiennes, puis de faire intervenir les différents alliés des Etats-Unis qui se disent opposés pour certains partagés pour d’autres !

Dans ce scénario, la Russie qui est devenue un allié des Etats-Unis grâce à un deal sur la Géorgie et sur l’ABM, joue son propre rôle de l’Etat toujours ouvert au dialogue (sauf avec la Géorgie). La Turquie a obtenu le rôle d’opposant au dictat d’Amérique avec l’arrière-pensée de lui donner une stature régionale susceptible de concurrencer Téhéran (c’est du moins ce que souhaite Washington). Le Brésil a aussi obtenu un rôle anti-américain pour concurrencer Chavez. Dans ce scénario complexe où les objectifs sont apparemment nombreux, l’Europe joue le rôle qu’elle a déjà joué par le passé : le sceptique divisé. Mauvaise nouvelle pour Clotilde Reiss, la France se retrouve parmi les rares alliés des Etats-Unis à militer en faveur des sanctions.

C’est ainsi qu’au moment où le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, dont le pays occupe la présidence de l’UE jusqu’à la fin de l’année, évoquait la nécessité de faire preuve d’une grande prudence à propos d’éventuelles sanctions contre l’Iran, Pierre Lellouche, le secrétaire français aux Affaires européennes, a parlé d’une nécessité de sanctions européennes « dès maintenant ! » Au même moment, Gérard Araud, l’ambassadeur de France auprès des Nations unies, a demandé l’adoption immédiate d’une « nouvelle résolution porteuse de sanctions au Conseil de sécurité » face à un représentant russe qui s’est montré très réticent car la Russie prône uniquement le dialogue !

Pour plus de sécurité, Obama avait récemment évoqué la nécessité de repousser les sanctions à une date à laquelle ce pays aurait « résolu ses problèmes intérieurs ». Hier, Carl Bildt a également adopté cette position !

Ces mises en scène comiques ont convaincu le régime des mollahs que les nouvelles sanctions étaient loin. Il n’a pas aimé car cela signifie la poursuite des sanctions existantes dans une logique de guerre d’usure dont l’issue est ce qu’il redoute le plus : un affaiblissement qui le contraindrait à céder un jour. En réponse, comme à chaque fois que Washington joue l’apaisement épuisant, Téhéran a opté pour un scénario offensif d’amplification de la crise pour une escalade qui ferait peur à l’Occident. A cette fin, le patron du régime Rafsandjani a affirmé que Téhéran restait « ouvert au dialogue, mais ne renoncerait jamais à son programme nucléaire, ni à aucun équipement annoncé » (sous-entendu les 10 usines d’enrichissement évoquées la semaine dernière par Ahmadinejad dans le même but d’amplifier la crise).


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| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |
| Mots Clefs | Pays : France |
| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Rafsandjani |