Iran : La semaine en images n°79 23.08.2009 Cette semaine, le régime a vécu à l’heure des bouleversements : coup de théâtre dans l’affaire des viols en prison, échec du voyage d’Assad en Iran, flop d’un dernier plan de relance du mouvement vert et enfin l’aveu implicite que la menace de l’embargo sur le carburant préoccupe les mollahs. Les plans B | Dans peu de temps, le régime des mollahs doit donner une réponse positive à l’offre de compromis qui lui avait été faite il y a plusieurs années par les Six. Cette réponse suppose l’acceptation de concessions sur le nucléaire, mais aussi le Hezbollah et le Hamas. Or, Téhéran considère ces 2 milices armées comme sa force de dissuasion. Parce qu’il ne peut pas accepter le principe d’un tel apaisement, le régime a décidé de bloquer les négociations pour provoquer une nouvelle escalade dans l’espoir que par la peur d’une nouvelle guerre, les Six capitulent. Pour bloquer les négociations, un mouvement se réclamant de la tradition révolutionnaire islamique a contesté la légitimité du président élu avec certains slogans insinuant une identité démocratique. Téhéran espérait que les Occidentaux et en particulier Obama, séduits par cette identité, apporteraient leur soutien à cette contestation, ce qui aurait privé le président –principal négociateur nucléaire- de sa légitimité et provoqué une impasse diplomatique. Ce soutien ne vint jamais, d’une part parce que les amis russes et chinois du régime qui ne se doutaient pas de ce plan machiavélique avaient salué la victoire du gagnant avant même que ne démarre le Mouvement Vert et d’autre part parce que les Américains qui avaient esquissé de la sympathie pour ce mouvement se sont vite rétractés avant de reconnaître le président élu comme leur interlocuteur officiel dans le dossier nucléaire. Parce que le régime n’a d’autres alternatives que de provoquer une nouvelle crise, il a néanmoins continué en se dispersant sur deux plans B : un scénario de contestation du président élu par son propre camp (au Parlement) et un procès stalinien des contestataires pour arracher un soutien des Occidentaux à son Mouvement Vert, son arme populaire anti-compromis. Viols et preuves de viol | C’est dans le cadre de ce dernier plan, que Karroubi, l’un des hauts dirigeants du régime, a évoqué l’affaire des viols en prison pour forcer l’Occident à prendre parti pour les Verts. Mais l’Occident n’a pas pris parti. Dès lors l’affaire a dégénéré car le régime a commencé à inventer des preuves qui lui ont explosé au visage. L’une des preuves était une certaine Taraneh Moussavi (ci-dessous), jeune femme sans lien de parenté avec l’autre, mais issue d’une famille révolutionnaire proche de Karroubi qui aurait été « enlevée pendant une manifestation en faveur des Verts, violée, torturée, puis brûlée et jetée dans une décharge. »
Le nom de famille devait laisser entendre que les miliciens du président contesté s’en prennent à des innocents sur de simples ressemblances de nom. Pour donner une notoriété internationale à cette Chanson de contestation verte, Téhéran a fait appel à un site basé en Iran sous une identité de gauche révolutionnaire hostile aux mollahs. Le site est animé par le journaliste Omid Habibinia qui travaille depuis des années pour divers médias du régime des mollahs. On le voit ici sur Voice of America, la chaîne qui est au service d’une entente entre les Américains et les soi-disant modérés du régime des mollahs (Khatami, Rafsandjani, Moussavi...).
Téhéran a paniqué : les coupables de viols ou de sodomie sont passibles de pendaison ! Il n’allait tout de même pas pendre une centaine de miliciens pour calmer le jeu. Cela aurait fait exploser les liens entre les miliciens et le pouvoir. S’il se rétractait, Karroubi aurait été accusé de mensonge et condamné à 160 coup de fouets ! Téhéran a dit stop ! © WWW.IRAN-RESIST.ORG
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Dans un premier temps, le régime a mis en place un plan pour dégoûter les automobilistes et les forcer à prendre les transports en commun. Sous le prétexte d’un plan pour fluidifier le trafic, le régime a interdit la circulation en double sens sur la principale avenue de Téhéran, la plus longue du Moyen-Orient, actuelle Vali Asr, ex-avenue Pahlavi. Malgré un monstrueux embouteillage, le régime a publié des résultats affirmant une amélioration de la circulation dans l’ensemble de la ville !
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Il est cependant nécessaire de préciser que cette mission était loin d’être évidente. Les choses ne vont pas bien entre les deux pays. Téhéran a besoin de la Syrie pour acheminer des armes vers le Hezbollah. Il a donc très mal accueilli le rapprochement entre la Syrie et les Etats-Unis en 2007. Pour avertir Assad, les mollahs l’avaient alors invité en Iran et pendant son séjour, ils avaient abattu son ami le général Mohammad Suleiman. Ce général qui était également le responsable de sa protection dans la résidence très surveillée de cet homme avait été assassiné par un sniper se déplaçant en jet ski. Assad avait alors quitté Téhéran dans un état déplorable. Les deux pays étaient entrés dans une période de règlements de comptes par assassinats interposés… Dans son élan de supplanter les mollahs, récemment, Assad avait profité de l’intérêt porté à son encontre par Washington pour solliciter la direction politique du Hezbollah afin de s’affirmer comme la grande puissance régionale. Téhéran avait alors baissé d’un ton pour ne pas perdre définitivement cet allié régional indispensable pour alimenter le Hezbollah et demeurer la grande puissance (de nuisance) régionale. Ahmadinejad s’était même rendu à Damas, là où il avait tué le meilleur ami d’Assad, et sur place il avait invité Assad à Téhéran pour enterrer la hache de guerre. Ce dernier n’avait pas donné suite. En ce moment où aucun pays ne montre le désir de s’afficher avec l’Iran pour féliciter son président Ahmadinejad, ce régime aux abois a sollicité ce déplacement. Assad a accepté de rendre ce service aux mollahs, mais on sait d’après les médias iraniens qu’il a agi pour jouer un grand rôle régional car il avait été porteur d’un message invitant Téhéran à se joindre au plan de paix qui sera proposé en septembre par Obama. Ses entretiens ont été un échec car le Guide lui a affirmé que « ce plan conçu en position de faiblesse n’avait aucune chance de réussite et il n’y a aucune conférence de presse ou déclaration forte à l’issue du départ. Mais il nous reste des photos de ce voyage, photos où l’on voit le malaise d’Assad avant le débarquement. Une certaine appréhension. Elle est visible quand il descend de son avion. A ce moment, il aperçoit le personnel diplomatique syrien en poste à Téhéran et son visage se déride, il sourit. Il se referme aux côtés de Mottaki, le ministre des affaires étrangères, ex-membre des services secrets chargé de la logistique des attentats. L’appréhension est à nouveau visible quand il se retrouve dans la limousine qui le conduira à Ahmadinejad. Pour le besoin de sa mission, cet homme apeuré et haineux a revêtu son masque de sourire le temps d’une photo avant d’entamer un dialogue de sourd avec ses encombrants alliés barbus.
Le vert obsède les mollahs. Très pragmatiques, ils ont eu une belle idée : en prévision de l’embargo du carburant, ils ont lancé le projet du vélib iranien, gratuit et vert ! Mais ce n’est pas le succès, les Iraniens évitent le vert -même pâle- !
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