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Iran : Une journée verte au Bazar
13.08.2009

Cette semaine, le Mouvement Vert avait publié une belle affiche (ci-dessous) toute verte appelant les Iraniens à occuper les Bazars de leur ville pour paralyser ce poumon économique du régime. Tout au long de la semaine, des courriels enflammés évoquant des actions de grèves sauvages annonçaient une journée historique : elle n’a pas eu lieu.




© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Il n’y avait hier matin aucun manifestant dans les Bazars de Téhéran, Chiraz, Meched, Ispahan, Tabriz oh Ahvaz. Les Iraniens ont encore une fois boudé un appel du Mouvement vert, cette opposition fidèle à la révolution islamique, la république islamique et la mémoire de Khomeiny.

Le 13 juin dernier, le régime donnait le coup d’envoi de ce mouvement pour simuler une remise en cause soi-disant populaire de la légitimité du président élu, un scénario pour décrédibiliser toutes futures négociations avec lui afin de bloquer le dialogue et créer une crise internationale qui diviserait les Six. Mais le mouvement à échappé à son créateur, profitant de la brèche, les Iraniens sont descendus dans la rue non pour contester Ahmadinejad mais l’ensemble du régime. Ils ont ainsi interrompu le cours du spectacle scénarisé par le régime. Téhéran a d’abord maté le soulèvement avant de remettre ses petits hommes verts dans les rues sans jamais réussir à déplacer les Iraniens pour les soutenir ou pour appuyer leur leader, le très Khomeyniste Moussavi, le fondateur historique des associations islamiques, organismes créés pour islamiser la société de fond en comble et placer des mouchards dans tous les secteurs professionnels.

Cette absence de mobilisation est devenue un problème pour le régime : sans la foule, il ne peut donner une couleur soi-disant populaire à la contestation de la légitimité d’Ahmadinejad, son joker pour créer une crise internationale.

Après plusieurs échecs successifs d’appel à la mobilisation sur le nom de Moussavi, Téhéran a changé son fusil d’épaule pour squatter les appels à la mobilisation de cette opposition populaire qui avait contesté son existence. Cela n’a pas marché car les gens descendaient dans la rue sans se mêler aux éléments du régime pour scander des slogans pro-Moussavi. Le régime a alors tenté de mobiliser anonymement sur le nom de Rafsandjani. Suite à un rejet populaire mesuré par les retours d’emails vindicatifs, à la dernière minute, ces sources ananymes ont appelé à manifester contre Rafsandjani pour attirer les gens dans les rues et ce fut un nouvel échec. Le régime a alors jeté son dévolu sur Mossadegh dans l’espoir de coordonner une énorme manifestation en Iran juste avant le 25 juillet, Journée de solidarité avec l’Iran organisée par les partisans du régime vêtus de vert. Ce fut un double échec : en Iran, personne n’a adhéré à cette initiative et à l’étranger, les verts ont été submergés par les patriotes munis de drapeaux historiques de l’Iran au point qu’à Paris, l’épicentre de cette journée, les organisateurs ont censuré les images du rassemblement, diffusant uniquement quelques minutes en début d’après-midi quand ils installaient leurs attirails verts.

Il y eut par la suite le rassemblement du 30 juillet à l’appel de l’opposition hostile au régime qui a mobilisé des dizaines de milliers de personnes à travers l’Iran pendant plusieurs heures, personnes qui scandaient des slogans hostiles au régime.

Le régime a alors imité la signature des opposants pour attirer le même nombre dans la rue pour le 3 août à l’occasion de l’investiture d’Ahmadinejad, ce fut un nouvel échec. Épuisés, mais à la recherche d’une victoire nécessaire pour relancer ce mouvement vital pour le régime, les Verts ont appelé à une mobilisation sous leur nom pour la prestation de serment d’Ahmadinejad le 5 août devant le Parlement Islamique : cette fois aussi les Iraniens ne se sont pas laissés duper.

Les Verts ont alors changé de discours : ils ont écrit sur leurs blogs que le temps de la mobilisation dans les rues était révolu ! En se référant aux manifestations du soulèvement anti-régime, ils ont affirmé qu’ils avaient déjà mobilisé la rue pour se faire connaître, ils n’en avaient plus besoin. A présent, ils devaient « conquérir le pouvoir en s’attaquant à son centre vital : le Bazar par une grève de consommation intitulée la grève verte ». En fait, ils espéraient cacher l’absence de la mobilisation grâce à l’exiguïté des couloirs du Bazar (accessoirement le régime voulait s’en prendre aux Bazaris très mécontents du régime).

Hier, les verts ont essuyé un nouvel échec : aucun manifestant n’a adhéré à leur petit rassemblement à Téhéran ou les autres grandes villes commerçantes. En l’absence de foule, nous avons eu droit comme d’habitude à des récits enflammés de miliciens dépassés par les manifestants, d’affrontements et de slogans pro-Moussavi, mais contrairement aux fois précédentes, il n’y a pas eu la moindre image même floue. Nos amis les verts ont dû réaliser que l’on peut jouer sur la surexposition en plein soleil pour dissimuler l’absence de foule dans des halos de lumière crue, mais que cela n’est guère possible dans la douce pénombre du Bazar sans parler de la difficulté d’y trafiquer le son des vidéos !
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Pour en savoir + sur le rôle de Moussavi :
- Iran : Moussavi sera la garantie décennale du régime !
- (3 JUILLET 2009)

| Mots Clefs | Resistance : Boycott |

| Mots Clefs | Réformateurs & faux dissidents : Le Mouvement Vert |
| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |