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Iran : Moussavi sera la garantie décennale du régime !
03.07.2009

Les médias occidentaux, mais aussi ceux de Téhéran, ne parlent que de Moussavi, celui qui conteste la légitimité d’Ahmadinejad et promet de remettre en cause tous les accords signés par ce dernier au cours des 4 prochaines années, surtout un compromis sur le nucléaire. Croyant avoir trouvé la parade ultime pour refuser tout compromis, Téhéran prépare un plan pour étendre cette disposition au-delà des 4 années du second mandat d’Ahmadinejad.



Il y a trois semaines, de nombreux esprits exaltés se sont réjouis du spectacle organisé par le régime autour de Moussavi. Ils y voyaient l’expression d’une division interne du régime et la possibilité de l’accession au pouvoir d’un modéré, démocrate, féministe et moderne du nom de Moussavi.

Le 12 juin 2009 a eu lieu en Iran l’élection présidentielle qui opposait Rezaï, Karroubi et Moussavi, 3 membres à vie du Conseil de Discernement – véritable centre de décision du régime- à Ahmadinejad qui est un simple exécutant. Le 13 juin, le régime des mollahs a annoncé une très forte participation et une écrasante victoire d’Ahmadinejad, une victoire teintée de soupçons de fraude qui fut dénoncée par Rafsandjani, patron à vie du Conseil de Discernement. Rafsandjani, le patron du régime, espérait victimiser Moussavi. Le régime espérait pousser les Occidentaux en particulier Obama à prendre le parti de Moussavi, ce qui lui aurait donné une respectabilité absolue sur la base de laquelle, il aurait pu appliquer sa politique nucléaire annoncée au lendemain de sa candidature : une politique exactement identique à celle d’Ahmadinejad, le dialogue à condition de la levée de l’ensemble des sanctions contre l’Iran.

Cette tentative a échoué car Obama ne s’est pas laissé piéger et le 15 juin, le peuple a profité de la tenue des manifestations pro Moussavi pour descendre massivement et scander des slogans hostiles au régime. Dès lors Téhéran a renoncé à contrecoeur à son projet initial et s’est mis à la recherche d’une solution pour clore cette crise qui menaçait son avenir.

Le problème semblait insolvable puisque le régime ne pouvait pas refaire l’élection de peur que le processus ne se transforme en un référendum contre son existence. Il a alors joué la carte du culot en reprenant son projet initial, mais dans une version radicale : une nouvelle confirmation très grossière de l’élection d’Ahmadinejad suivie d’une nouvelle contestation de Moussavi sous la forme d’une remise en cause de la légitimité du nouveau président et l’ensemble des décisions de son mandat à venir.

Téhéran a ainsi mis la main sur une solution miracle : le moyen pour déclarer nul tout futur compromis sur le nucléaire concédé par son président dans les 4 prochaines années sous la pression de nouvelles sanctions économiques. Téhéran a tout simplement remplacé le refus du dialogue par l’absence de légitimité du dialogue !

L’annonce de Moussavi a pétrifié les Occidentaux : ils ne peuvent pas dénoncer ce Moussavi qu’ils ont élevé au rang du champion de la démocratisation. Ils ne peuvent pas non plus l’abandonner car ils l’ont reconnu comme leur interlocuteur démocrate, et s’ils le soutenaient, ils soutiendraient sa capacité de rejeter la légitimité d’un futur compromis sur le nucléaire. Il y eut une seule réaction : Merkel a souhaité que lors de leur rencontre en Italie, les G-8 envoient un « message d’unité » fort en soutien au droit des Iraniens à manifester (ce qui est neutre et positif). Cependant, personne n’a relevé de peur d’être obligé de citer Moussavi, la bombe à retardement du régime. Les Occidentaux sont dans une situation impossible : ils en sont aphones !

Ce silence gêné a donné des ailes au régime : il vient de passer à la vitesse supérieure. D’une part, ils affichent Moussavi comme porteur du projet d’une nouvelle opposition, un « mouvement civique » [1], fédérant tous les modérés du régime, en particulier Khatami, et dans le même temps, Ahmadinejad qui n’est qu’un exécutant évoque le projet d’arrêter Moussavi comme le responsable de la récente révolte pour le juger et le condamner à 10 ans de prison ferme. Le régime veut faire de Moussavi son Mandela maison !

Cela lui permettrait d’une part de pousser les Occidentaux à rompre leur silence et le soutenir pour renforcer sa légitimité d’arbitre, mais aussi d’étendre ce projet de blocage de tout compromis au-delà des 4 années du second mandat d’Ahmadinejad jusqu’en 2019, c’est-à-dire après le passage de l’ouragan Obama, voire au-delà.

Pour renforcer Moussavi qui est le dernier joker, l’ultime carte du régime, bientôt nous verrons Khatami partir en tournée mondiale pour demander un soutien international au mouvement civique en Iran (c’est-à-dire à Moussavi), et dans le même temps, les lobbyistes du régime et les faux opposants se relaieront pour insister sur la nécessité de boycotter Ahmadinejad, ce qui sera synonyme d’une reconnaissance par défaut de Moussavi.

François Nicoullaud, l’ex-ambassadeur de France à Téhéran et lobbyiste du régime vient d’ailleurs de publier la première tribune en ce sens dans le Monde où il demande aussi une levée de toutes les sanctions économiques contre l’Iran !

C’est sans doute ce que l’on pouvait espérer de mieux : ce sont les mollahs eux-mêmes qui nous fournissent la preuve qu’aucune solution n’est possible avec ce régime. Ils trichent sans arrêt et par tous les moyens pour éviter de faire un quelconque compromis dans un quelconque domaine. Cette affaire permet aussi de révéler au grand jour les éléments fidèles au régime, lobbyistes ou faux opposants, en œuvre pour le préserver.

La solution est ailleurs, du côté d’un changement de régime : les ingrédients sont présents, il ne manque que le soutien international, on peut suivre l’exemple allemand, mais il faut aller au-delà.


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| Mots Clefs | Institutions : Démocratie (médiatico)-islamique |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Mir-Hossein Moussavi |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Khatami |

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |
| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |
| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |

| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs |
| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Le Monde (Marie-Claude Decamps, Corine Lesne...) |

[1Même sur le plan intérieur, Moussavi triche puisque son « mouvement civique », est dans une contrefaçon du « mouvement de la désobéissance civique » de Reza Pahlavi. Mais le contenu ne suit pas car selon son auteur Moussavi, loin d’être une révolution, ce « mouvement est légal, non clandestin et s’inscrit dans le cadre de la République islamique ».