Iran : Le rapport de l’AIEA laisse les mollahs sans voix ! 20.02.2009 Mohammad El Baradai a publié son nouveau rapport sur les activités nucléaires de l’Iran. Selon lui, l’Iran cherche à acquérir la technologie permettant d’accéder à l’arme atomique afin d’« envoyer un message », mais pas nécessairement à « fabriquer des armes nucléaires ». Il y a quelques jours, lors d’une conférence de presse à Paris, Mohammad El Baradai avait donné un avant-goût du rapport qu’il s’apprêtait à publier. Il a alors évoqué une pleine coopération de Téhéran pour l’enrichissement, mais un manque de coopération sur l’enquête à propos des études nucléaires militaires de l’année 2003. Comme nous l’avons précisé, en faisant référence à ses études de l’année 2003, El Baradai défiait encore les conclusions des services secrets américains qui depuis novembre 2007 affirment que l’Iran a arrêté en 2003 toutes ses activités nucléaires militaires. Il faut sans cesse se remémorer que ce sont les Américains qui ont initié cette crise en révélant à l’AIEA les activités nucléaires clandestines des mollahs. Ce sont les Américains qui ont oeuvré avec acharnement pour transférer le dossier vers le Conseil de Sécurité, ce qui a débouché sur des sanctions onusiennes contre ce régime. Or, leur but était de trouver un moyen légal pour légitimer leurs propres sanctions contre Téhéran afin de forcer les mollahs à pactiser avec les Etats-Unis et ainsi permettre aux Etats-Unis de devenir le maître de cette région pétrolifère, région clef dont dépend la Chine pour sa croissance. Quand les Etats-Unis ont estimé avoir réussi à mettre en place leurs batteries de mesures punitives contre les mollahs, ils ont publié un rapport en novembre 2007 affirmant que l’Iran avait arrêté en 2003 toutes ses activités nucléaires militaires, rapport qui a repoussé le danger à 2015. Ainsi après avoir pris le contrôle de la gestion des pressions sur l’Iran, les Américains ont pris le contrôle du planning de cette guerre d’usure. Le rapport a aussi permis d’initier une dédiabolisation du programme nucléaire iranien afin de faciliter la reprise du dialogue avec les mollahs pour sceller cette entente stratégique et pétrolière vitale pour l’avenir des Etats-Unis. La méthode des sanctions molles n’a pas réussi et Bush a transmis le dossier à Obama qui après avoir espéré réussir avec de belles promesses revient à la nécessité du maintien des sanctions molles sur une très longue durée. Cette entente fera des compagnies américaines les patrons du marché, au grand dam des compagnies britanniques (BP, Shell, Vitol) qui s’adjugent actuellement la plus grande part du marché pétrolier mondial. Pour la neutraliser, les Britanniques ont décidé de réagir via l’AIEA dont les EU ont besoin pour reconduire la légitimité de leurs sanctions et leur guerre d’usure contre l’Iran. Le 25 février 2008, après une réunion à huis clos avec Olli Heinonen à Vienne, les Britanniques ont relancé des documents iraniens qui évoquaient un maintien des activités nucléaires militaires après 2003 pour réduire à néant l’effort Américain pour arriver à une entente avec Téhéran. Depuis février 2008, l’AIEA insiste sur ces documents contre l’avis des Etats-Unis qui ont eu entre leurs mains dès 2004 les mêmes documents extraits d’un ordinateur portable oublié, mais malgré ces documents ils ont affirmé que Téhéran n’avait plus d’activités nucléaires militaires après 2003. Le point n’est pas la fiabilité ou l’absence de fiabilité de ces documents (dont Téhéran dénonce la supercherie), mais la guerre de rapports et d’expertises qui oppose les Américains à l’AIEA. Ce dernier qui ne prenait pas en compte ces documents quand ils étaient utilisés par Washington, les prend en compte aujourd’hui pour priver les EU de leur gestion de la crise, gestion conçue pour permettre aux Américains de conclure une entente stratégique avec les mollahs. On ne peut se contenter du fait qu’El Baradai serait à la recherche d’une indépendance de l’AIEA car dans ce cas, il faudrait qu’il dénonce cette instrumentalisation des documents, ce qu’il ne fait pas. El Baradai agit effectivement en marionnette des Britanniques. Que veulent les Britanniques ? Que Téhéran accepte un compromis, celui des Six. Ce compromis ratifié par l’ONU mettrait fin à la crise et aux sanctions américaines, et donc aux pressions qui devraient soumettre les mollahs et faire de l’Iran cet allié indispensable aux Américains pour devenir une super-puissance pétrolière. Cette guerre entre les Britanniques et les Américains remonte à très loin. Il y a deux jours à Paris, après avoir contré encore une fois le contrôle américain sur la crise, El Baradai a lancé un avertissement à Téhéran, avertissement qui insistait sur l’existence d’une bonne volonté iranienne pour ne pas s’engager dans une escalade. Cette nécessité de dialoguer pour un compromis résume également les deux derniers épisodes du documentaire de la BBC [1] qui a été diffusé par France 3 : Londres n’hésite pas à diaboliser les mollahs surtout ceux qui comme Khatami ont été conçus pour permettre une entente irano-américaine, mais insiste toujours sur la nécessité d’un compromis avec ce régime. Téhéran n’a donné aucun signe d’approbation pour aller dans ce sens et la marionnette El Baradai a durci le ton en évoquant la volonté des mollahs d’acquérir la technologie permettant d’accéder à l’arme atomique, affirmation d’ailleurs contradictoire pour un pays qui ne fait pas de progrès en technique d’enrichissement. Mais toujours dans le style flou qu’il affectionne, El Baradai précise que Téhéran cherche à acquérir la technologie de l’arme atomique, afin d’« envoyer un message », et non pas nécessairement pour « fabriquer des armes nucléaires ». On laisse ainsi une marge de manoeuvre à Téhéran, pour choisir le compromis multilatéral onusien avec les Six. Pour permettre aux mollahs de saisir cette perche tendue ; El Baradai a aussi fustigé la bombe nucléaire israélienne en affirmant qu’en fabriquant sa bombe, Israël avait affaibli le Traité de Non Prolifération (TNP). Ce qui sous-entend qu’une adhésion d’Israël à ce traité et le démantèlement de son arsenal ferait des mollahs et des Israéliens des égaux en termes de droits et de potentiels nucléaires (deux Etats qui auraient officiellement acquis le savoir faire nucléaire tout en refusant la prolifération). Toujours pour amadouer Téhéran, Jack Straw, le ministre britannique de la Justice, a déclaré dans une entrevue avec l’IRNA que les Moudjaheddine du peuple étaient un groupuscule terroriste, laissant présager le retour de ce groupe sur la liste européenne des organisations terroristes. Téhéran semble interloqué par ce rapport : il n’a été ni publié dans la presse, ni commenté. Seule la partie consacrée à la Syrie a été reprise sans commentaire par l’IRNA ! Téhéran doit sans doute également regretter l’intervention de son représentant auprès de Nations unies qui quelques heures avant la publication du rapport avait à Genève et lors de la Conférence du désarmement appelé à un monde sans arme nucléaire ! Belle gaffe qui leur cloue le bec à présent. Les Britanniques déploient des trésors de diplomatie et de ruse pour finir cette crise et empêcher une entente irano-américaine qui pourrait nuire à leurs intérêts économiques, mais le régime des mollahs se défile en permanence car il ne veut pas d’un compromis avec les Six, mais d’une entente inconditionnelle avec les Etats-Unis. Il n’y aura jamais de compromis avec ce régime.
| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs | | Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) | | Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne | | Mots Clefs | Auteurs & Textes : Textes essentiels d’IRAN-RESIST | [1] Le compromis avec le régime a d’ailleurs été le thème principal du documentaire de la BBC diffusé par France 3.
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