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Iran : Vitol et un embargo sur l’essence téléguidé par Washington
24.12.2007

Vitol, courtier britannique en pétrole basé à Rotterdam et principal fournisseur de carburant (et kérosène) du régime des mollahs, a menacé de mettre un terme à son contrat d’approvisionnement. | Décodages |



L’Iran qui avait jadis la plus grande et la plus performante raffinerie au monde est aujourd’hui incapable de se fournir en essence et dépend de l’étranger. Vitol fournit actuellement 60% des besoins iraniens et le reste provient de la France, de l’Inde et des Emirats Arabes Unis (la façade officielle des compagnies britanniques et américaines).

Tous les opposants au régime des mollahs restent persuadés qu’un embargo sur l’essence pourrait mettre en péril les mollahs. En effet, si les forces de répression du régime perdaient de leur mobilité, le régime serait incapable de se défendre en cas de révolte populaire. Mais l’objectif des américains n’est pas de renverser les mollahs mais de leur faire réellement peur car parallèlement à la décision d’amputer le régime d’accès à 60% de son approvisionnement, il n’y a aucun projet pour appuyer le peuple et lui donner des directives pour se soulever.

Cependant, en l’absence de près de 15 milliards de litres fournis par Vitol, le régime perdra de sa mobilité et sera plus difficilement capable de résister à des agressions notamment dans les zones frontalières comme le Baloutchistan ou le Kurdistan où des mercenaires armés par les Etats-Unis harcèlent les Pasdaran. Le régime a donc de bonnes raisons de craindre la perte du soutien logistique de Vitol. Cette société britannique prétend qu’elle veut rompre le contrat qui la lie depuis des années aux mollahs pour un motif purement économique : Vitol aurait perdu 70 millions de dollars sur ce contrat en 2007, c’est pourquoi elle ne veut plus reconduire ce contrat en 2008. Il est vrai qu’une perte de 1% (sur 6,6 milliards de dollars sur ses gains annuels en Iran) est vraiment un motif valable pour rompre un contrat !

Fondée en 1965, Vitol Groupe est la plus grande compagnie de négoce pétrolière et elle a eu 114 milliards de dollars de revenus en 2007 (presque autant que Total). 70 millions dollars de perte ne représentent même pas une goutte d’eau dans une piscine olympique. La très opaque Vitol renonce à 7% de ses revenus en décidant de mettre sous pression les mollahs, mais elle ne perd rien. D’un côté parce que personne ne peut dire quelle autre compagnie pourrait remplacer Vitol et ses énormes capacités pour approvisionner l’Iran et d’un autre côté parce qu’elle a déjà été récompensée le 30 novembre pour sa prise de distance avec Téhéran.

Récompense | En effet, Vitol avait été impliquée dans le scandale « Pétrole contre nourriture » en Irak et a dû verser 13 millions de dollars d’indemnités au peuple irakien, montant équivalent aux pots-de-vin versés par Vitol à des responsables du régime de Saddam entre juin 2001 et septembre 2002 pour obtenir des contrats pétroliers en Irak : une amende bien clémente décidée par le tribunal américain chargé de l’affaire.

Il aurait été plus juste de fixer l’amende sur le montant des contrats pétroliers obtenus en échange des 13 millions de dollars de pots-de-vin. Mais Vitol a généreusement reconnu ses torts et payé l’amende pour avoir le droit de figurer sur la liste des onze compagnies qui ont le droit de se partager la production pétrolière irakienne de Kirkuk avec 300,000 barils quotidiens chacune. Gains annuels prévisibles de 8,7 milliards de dollars à 80 dollars le baril qui compensent largement l’arrêt de fourniture de carburant aux mollahs.

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| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA et les américains |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : IRAK |