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Iran : Violations devant témoins !
09.02.2010

Epuisé par les sanctions américaines, Téhéran veut une escalade, une confrontation, une menace guerrière sur le détroit d’Ormuz, artère pétrolière des alliés de Washington pour forcer ces derniers à demander la levée des sanctions américaines. Hier, Ahmadinejad donnait ordre à Salehi, le directeur de l’organisation iranienne de l’énergie atomique, de commencer l’enrichissement au-delà du seuil réservé aux usages civils. Les Occidentaux ont esquivé cette provocation, Téhéran repart à la recherche d’une escalade avec deux nouvelles annonces nucléaires.



Le contexte | Depuis des années, Washington sanctionne les mollahs pour leurs activités nucléaires. Il y a un an, vers la fin du mandat de Bush, l’ex-responsable de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice a parlé de la possibilité d’une entente au lieu de la confrontation. La proposition est devenue plus explicite avec Obama qui a supprimé toute condition préalable pour le dialogue, proposant la fin de toutes les sanctions ou des accusations contre des négociations avec les mollahs pour résoudre tous leurs problèmes afin de parvenir à une entente « sur la base de leurs intérêts mutuels » (Obama le 4 nov. 2009).

Le marché n’a pas séduit les mollahs car ils devaient alors autoriser le retour en Iran des politiciens iraniens exilés proches de Washington, les laissant libres de participer à leurs élections au risque de perdre le pouvoir de manière démocratique dans peu de temps et devenir des subalternes des Américains. Ils ont donc refusé verbalement avant d’aligner les provocations pour faire capoter cette tentative de prise de pouvoir par les urnes.

Parallèlement, les mollahs ont renforcé leur stratégie d’amplification de la crise pour provoquer une escalade susceptible de déboucher sur une confrontation menaçant la sécurité du détroit d’Ormuz, artère pétrolière des alliés de Washington, pour forcer ces derniers à demander la levée des sanctions américaines. Et enfin, ils ont inventé le Mouvement Vert axé sur le thème des élections libres avec des acteurs issus du régime pour neutraliser la tentative américaine de prise de pouvoir par les urnes via des Iraniens externes au régime.

La contre-offensive américaine | Ces 3 réponses de Téhéran n’ont pas été couronnées de succès car Washington a trouvé les ripostes adéquates pour rester dans un statu quo pénalisant pour les mollahs.
- Il a mis en place une stratégie d’esquive destinée à éviter les provocations nucléaires conçues pour faire capoter sa double approche combinant l’offre d’une entente et des pressions conçues pour affaiblir les mollahs,
- Il a demandé à ses alliés comme l’Europe ou le Japon de rester zen face aux provocations destinées à les effrayer,
- Il a fourni des systèmes de missiles anti-missiles à tous ses alliés pour neutraliser les provocations balistiques des mollahs,
- Il autorisera sans doute la Russie à équiper Téhéran du système anti-missiles S-300 afin de justifier sa propre absence de frappe, ce qui ne laissera également plus de place à une escalade sur le thème d’une riposte iranienne à une frappe préventive américaine,
- Et enfin, il a demandé à ses pions de l’opposition iranienne de faire la promotion du Mouvement Vert pour s’incruster dans ce faux scénario d’élections libres à venir.

Ainsi Washington a évité toute surchauffe et a pu continuer à sanctionner à petite dose les mollahs au point qu’ils se sont retrouvés complètement à sec sur le plan des réserves en devises nécessaires pour assurer les importations dont dépendent les industries iraniennes.

Ripostes anti-statu quo | Le résultat de cette pressurisation n’a pas été comme l’entendait Washington une capitulation, mais un renforcement de la stratégie de l’amplification de la crise (pour casser le statu quo pénalisant) car les mollahs ont trop à perdre. Fin octobre au moment où le régime a avoué des problèmes de réserves en devises : il avait annoncé la construction d’une dizaine d’usines d’enrichissement sur une durée de 15 ans, multipliant son parc annuel par 100, insinuant la production à grande échelle de matière fissile nécessaire pour des dizaines de bombes nucléaires dans l’espoir de faire bouger la communauté internationale. En réponse, la communauté internationale, c’est-à-dire les membres permanents du Conseil de Sécurité qui sont les patrons légaux de l’AIEA, avait publié un rapport signé par l’AIEA sur l’état des capacités nucléaires iraniennes faisant état de grands retards, rejetant les prouesses techniques de Téhéran à des dates lointaines.

Ne sachant que faire face à ce coup dur, Téhéran a tenté une provocation de fond avec le refus définitif de l’offre portant sur un échange de son stock potentiellement militaire contre du combustible franco-russe. Washington a ignoré l’annonce, Paris s’en est moqué et leurs médias ont évoqué l’impossibilité de sanctions (que Téhéran souhaite pour provoquer une escalade) en prétextant le refus de la Chine qui avait la présidence tournante du Conseil de Sécurité.

Téhéran a attendu la fin de cette présidence et l’investiture de la France, grande partisane médiatique des sanctions, pour tenter un nouveau coup la semaine dernière qui s’est soldé par un mutisme de ses interlocuteurs.

Hier, Téhéran a riposté avec l’annonce ferme d’un enrichissement au-delà du seuil destiné à un usage civil avec son parc nucléaire existant. Pour éviter toute escalade, Washington n’a pas relevé le franchissement de la limite entre l’enrichissement civil et militaire afin de ne pas dégainer des sanctions unilatérales dont il a les moyens. Via Robert Gates, le faucon de l’administration Obama, les Américains ont rappelé « la sincérité du président américain dans sa volonté d’entente » avant de déplorer le principe de l’enrichissement comme « une violation des résolutions de l’ONU » afin de parler de « possibles sanctions onusiennes sur une base d’unanimité », ce qui est la promesse de l’inaction la plus absolue.

La France qui préside actuellement le Conseil de Sécurité et à ce titre peut proposer une accélération de ce processus (même s’il est stérile), a esquivé le franchissement du seuil civil. Puis Kouchner s’est moqué des mollahs en affirmant que Téhéran n’avait « aucune capacité d’enrichir de l’uranium à la hauteur de 20% ».

Téhéran a immédiatement a répondu à Gates par l’annonce de « la construction dans l’année des 10 usines nucléaires » dont la construction dans sa provocation initiale était étalée sur 15 ans.

Téhéran a également répondu à Kouchner via Salehi, le directeur de l’organisation atomique iranienne, en faisant savoir qu’il avait « convié les inspecteurs de l’AIEA en Iran pour commencer l’enrichissement de l’uranium à la hauteur de 20% devant leurs yeux » pour une violation incontestable.

Le même jour, Téhéran a affiché l’hommage des représentants du peuple à ce choix (« qui neutralise le double jeu des Occidentaux ») et à l’occasion de la Journée de l’Armée de l’Air, le ministre de la Défense Vahidi a annoncé « la construction de deux chaînes de production de drones ultrasophistiqués avec un rayon d’action de 1000 Km » c’est-à-dire potentiellement dangereux pour Israël.

C’est un jeu dangereux pour les mollahs eux-mêmes qui n’ont pas le quart du tiers des capacités militaires qu’ils annoncent. Mais encore une fois, tout dépend de leurs adversaires occidentaux. Ils veulent garder ce régime qui leur est utile. Ils seront les responsables de leurs propres malheurs et des nôtres.


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| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |
| Mots Clefs | Instituions : Puissance militaire des mollahs |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Institutions : Provocations |

| Mots Clefs | Instituions : Situation Economique des mollahs |

| Mots Clefs | Décideurs : Robert Gates |
| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Décideurs : Kouchner |
| Mots Clefs | Pays : France |