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Iran-Clinton : Dialogue sous le parapluie !
23.07.2009

A son arrivée à la Maison Blanche, Obama avait écarté toute possibilité d’une frappe israélienne contre l’Iran. Il espérait donner la chance à un dialogue bilatéral. Cette volonté a toujours rencontré le refus de Téhéran. On a alors assisté à des retours par intermittence d’une menace de frappes israéliennes comme tout récemment. Encore une fois, Washington a calmé le jeu, cette fois via le chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton en visite en Thaïlande.



« Washington est prêt à renforcer la défense de ses partenaires menacés par le programme nucléaire iranien… Si les États-Unis déploient un parapluie de défense sur la région, si nous faisons encore plus pour soutenir la capacité militaire de ceux du Golfe, il est peu probable que l’Iran soit plus fort ou plus en sécurité », a dit Mme Clinton.

« Ils ne seront pas plus en mesure d’intimider ou de dominer, contrairement à ce qu’ils ont l’air de croire, une fois qu’ils auront l’arme nucléaire. » Après ce beau discours, elle a rappelé que les Etats-Unis allaient « laisser encore la porte ouverte » à des discussions avec l’Iran…

La volonté de dialogue affichée par l’administration Obama tient à une réalité simple. Les Etats-Unis doivent nécessairement parvenir à transformer les mollahs en alliés régionaux pour prendre pied en Asie Centrale et aussi pacifier l’Afghanistan, l’Irak et le Liban [1]. De ce fait, Washington a toujours proposé des deals aux mollahs. On en parle aujourd’hui sous Obama, mais cela était aussi vrai sous Bush. Ce qui a changé est la méthode américaine pour parvenir au dialogue malgré le refus des mollahs de toute suspension de leurs activités nucléaires, de toute autorisation de visite par des inspecteurs de l’AIEA des sites jugés suspects et aussi malgré leurs provocations anxiogènes.

Sous l’administration Bush, la réponse à chaque provocation anxiogène de Téhéran (tirs de missiles, annonces de centrifugeuses) était d’évoquer de nouvelles sanctions ou la possibilité de frappes via Israël qui se sentirait menacé. Ces avertissements étaient suivis de propositions de dialogue à condition que Téhéran cesse ses activités.

Cette méthode a échoué car les sanctions généralement étaient conçues pour affaiblir et non renverser les mollahs et la menace de frappes israéliennes restait peu réaliste car susceptible de donner aux mollahs l’opportunité de recevoir le soutien de la Russie, la Chine et l’Europe pour exiger des compensations. De plus la méthode Bush a permis aux mollahs de fuir le dialogue pour divers prétextes.

Bush a opéré de petits changements vers la fin de son mandat dont notamment un abandon du recours à la menace d’une frappe géopolitiquement peu réaliste et son remplacement par la mise à disposition d’Israël d’un parapluie défensif. Dès son accession au pouvoir, Obama a adopté cette mesure avant d’aller plus loin en proposant un dialogue sans condition préalable de suspension d’enrichissement, afin de priver les mollahs de tout prétexte pour fuir le dialogue et avec l’arrière-pensée de les engager contre leur volonté d’un processus politiquement correct qui les forcerait à céder d’importantes concessions au nom de l’apaisement. Pour donner toutes les chances à cette opération destinée à piéger Téhéran, Obama a aussi mis en place une stratégie d’esquive de toute provocation pour ne pas donner aux mollahs l’opportunité de le priver d’une entente qui est géopolitiquement vitale pour les Etats-Unis.

Cependant, la volonté iranienne de simuler une nouvelle révolution islamique hostile à tout dialogue a agacé Washington qui a laissé échapper des insinuations d’un recours à une frappe israélienne. Plus tard, le changement du directeur du programme nucléaire iranien dans le but d’entamer de nouvelles négociations a encore énervé Washington qui a demandé à l’AIEA qui lui est désormais favorable d’esquisser un mini revirement pour évoquer des progrès balistiques iraniens

Ainsi Washington sans prendre garde s’est un peu éloigné de la ligne fixée à l’arrivée d’Obama. Avec la référence au parapluie défensif comme une réponse définitive à une éventuelle bombe iranienne, Washington prend de la distance par rapport à ses propres dérives afin de ne pas se laisser entraîner dans la voie de l’escalade : vers de nouvelles sanctions qu’il ne souhaite pas car elles sont incompatibles avec sa stratégie d’esquive pour engager Téhéran malgré lui dans un processus d’apaisement.


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| Mots Clefs | Décideurs : Hillary Clinton |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Nucléaire Militaire : La Bombe nucléaire Islamique |

| Mots Clefs | Enjeux : Option militaire |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Israël |

[1La volonté de dialogue affichée par l’administration Obama tient à une réalité simple. Les Etats-Unis doivent nécessairement parvenir à transformer les mollahs en alliés régionaux pour réutiliser l’islam guerrier à des fins stratégiques comme ils l’ont fait avec les Talibans contre les Soviétiques. L’alliance avec l’Iran leur permettrait aussi de désenclaver l’Asie Centrale afin de soustraire ses pays riches en hydrocarbures à l’emprise de leurs puissantes voisines, la Russie et la Chine et enfin, cela permettrait aussi d’interrompre l’approvisionnement en armes russes des Talibans via le territoire Iranien. Cela serait possible avec un régime différent des mollahs, mais l’objectif des Américains est de déborder vers l’est en direction de la région minière de Xinjiang qu’ils espèrent séparer de la Chine avec l’aide des musulmans Ouïghours qui pourraient en cas d’une entente avec les mollahs être agités par des Pasdaran.

Cependant, l’offre de compromis proposée par Washington ne convient pas à Téhéran car elle suppose une entente sur le désarmement du Hezbollah, cela reviendrait à déposséder les mollahs de leur moyen de riposte contre les Etats-Unis. Téhéran résiste, Washington le sanctionne.