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Iran : La rumeur israélienne explose la main tendue par Obama
07.07.2009

Il y a deux jours, le futur directeur de l’AIEA, le pro-américian Amano évoquait l’absence d’activités nucléaires militaires de la part des mollahs sans être critiqué par Washington. Téhéran n’a pas répondu à cet appel du pied et en réponse, comme à chaque fois que Téhéran ne donne pas suite aux offres de dialogue et d’apaisement d’Obama, on voit poindre à l’horizon des insinuations d’autorisation américaine d’une frappe militaire israélienne.



Tous les médias du monde sont en état d’alerte : Les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite auraient donné leur accord pour une frappe israélienne contre l’Iran. Les Saoudiens auraient même autorisé le survol de leur territoire pour cette opération ! L’origine de cette information riche en insinuations est un article publié ce dimanche par le Sunday Time, qui a été à l’origine de nombreuses rumeurs infondées de frappes israéliennes imminentes sur l’Iran. L’article cite une source diplomatique proche de Meir Dogan, le patron du Mossad !

Selon un schéma désormais éculé, la presse lance une rumeur, et peu importe les démentis qui la suivent : la rumeur est reprise par des responsables politiques et ainsi on peut évoquer la possibilité d’une punition si Téhéran continue à refuser le dialogue.

Cette fois-ci, cette rumeur (pourtant démentie par Israël) a donné lieu à une double intervention politique américaine de très haut niveau : le vice-président Joe Biden [1] et le chef d’état-major interarmées américain, l’amiral Michael Mullen. Sur Fox News, Mullen a reconnu la possibilité d’une telle frappe et sur ABC, Biden a dit que malgré leur volonté, les Etats-Unis ne pourraient pas empêcher « Israël, un Etat souverain », d’agir !

Il faut remonter à juin 2008 pour retrouver chez des officiels américains cet argument d’un Israël qui agirait de manière autonome et contre l’avis des Etats-Unis. Fin juillet 2008, Bush avait délaissé cet argument longtemps utilisé par Washington pour intimider les mollahs dans l’espoir de donner toutes les chances à une entente préélectorale. Du côté israélien, on avait alors évoqué un manque d’équipements appropriés pour rompre avec de très nombreuses promesses sans fondement d’attaques imminentes. En prévision à une possible entente préélétorale très espérée par les républicains ou une élection d’Obama, en octobre 2008, Olmert avait même affirmé que cette option militaire n’avait jamais été sérieuse de son point de vue et finalement l’option a été officiellement enterrée par Bush en janvier 2009 peu avant l’investiture d’Obama. Avant son investiture, Obama a commencé à proposer le dialogue aux mollahs, mais en très peu de temps, ces derniers ont refusé plusieurs offres qui leur avaient été soumises via des médiateurs irakiens et l’on a vu réapparaître le spectre de la menace d’une frappe israélienne. Mais cette fois, le choix a été porté sur une communication marginale : des rumeurs non officielles jamais commentées par les Américains.

En fait, hier on a partiellement rompu avec cette approche distante pour s’approcher du modèle initial en vigueur sous l’administration Bush : des annonces officielles israéliennes suivies de commentaires d’officiels américains, y compris Bush, évoquant le droit d’Israël à se défendre. On est encore loin de ce modèle initial car Israël a démenti la rumeur et parallèlement aux interventions remarquées de Biden et Mullen, Obama a ignoré la rumeur, n’a rien dit des droits d’Israël et a insisté sur la nécessité de continuer les négociations…

Concrètement on n’est donc pas à la veille d’une frappe israélienne qui est par ailleurs géopolitiquement nuisible pour les intérêts américains dans la région, mais au début d’un lent retour vers la politique de Bush qui n’a jamais été synonyme de frappes pour anéantir les mollahs, mais de sanctions pour les contraindre à se soumettre à la volonté américaine.

La seule conclusion à tirer de cette rumeur suivie par des 2 interventions américaines de haut niveau est l’aveu non reconnu d’un échec partiel de la politique de la main tendue par Obama, moins de 6 mois après sa mise en application. Il faut oublier ces histoires de frappes sur l’Iran, cette affaire est elle-même une déflagration. La grande question n’est donc pas cette hypothétique frappe israélienne, mais l’étendue des dégâts provoqués par le refus des mollahs dans la diplomatie américaine, l’étendue de préjudice contre l’image des Etats-Unis ou encore leur autorité dans la région, et enfin l’étendue des changements symboliques et pragmatiques nécessaires pour sauver le navire.

Cela ne peut pas être un retour à la politique défectueuse de Bush ou encore le recours à une frappe aux conséquences dévastatrices pour la politique générale d’Obama en Iran, en Afghanistan, en Asie Centrale, ou encore vis-à-vis des musulmans. Les choses se combinent merveilleusement dans les intérêts du peuple iranien. Il peut devenir le gilet de sauvetage d’Obama.


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D’un point de vue géopolitique :
- Iran : La frappe israélienne n’aura jamais lieu
- (19 Mai 2009)

L’actuelle position officielle d’Israël :
- Iran-Israël : Avigdor Lieberman sera une colombe éphémère
- (8 JUIN 2009)

D’un point de vue polémique :
- Soudan : Selon Israël, il s’agissait d’un avertissement à l’Iran !
- (28 MARS 2009)

D’un point de vue militaire :
- Iran-Israël : Au-delà des rumeurs, il y a la vérité
- (6 OCTOBRE 2008)

| Mots Clefs | Enjeux : Option militaire |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Israël |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |