On ne peut guère accorder de crédit à cette histoire de confusion entre « hit » avec « eat » ! « Si l’Iran continuait ses activités nucléaires suspectes, Israël mangerait l’Iran », auraient compris les fines plumes de Haaretz. Ce défaut d’audition délibéré permet de broder plusieurs articles qui redonnent de l’actualité à l’hypothèse creuse d’une frappe préventive israélienne, une hypothèse qui n’est plus à l’ordre du jour depuis les déclarations d’Olmert affirmant que Bush lui avait catégoriquement refusé son feu vert.

Au cours des mois derniers, Washington a d’abord usé et abusé de cette menace pour faire peur aux mollahs et les encourager à accepter ses diverses propositions d’entente, mais comment peut-on avoir peur de quelqu’un qui marchande en cachette avec vous ?

Ces menaces ont sans doute été « le moyen » pour légitimer le processus « pacifique » des sanctions unilatérales américaines, sanctions que Washington applique à l’encontre des partenaires commerciaux non américains de l’Iran.

De son côté, Téhéran a aussi utilisé des rumeurs de frappes imminentes pour obtenir le soutien des mouvements anti-guerre qui plaidaient la cause d’une entente avec les mollahs sur la base des demandes de Téhéran. Pour diffuser ces rumeurs, Téhéran a toujours utilisé les sites arabes, les alter-mondialistes, ou encore les nombreux sites pro-palestiniens. Leurs responsables ont aussi des problèmes d’audition et n’entendent que ce qui les arrange.

Ainsi récemment, l’un d’eux titrait : « Livraison des F-35 à Israël, un pas de plus vers une frappe ! »
C’est tout simplement un abus d’information car les F-35 ne sont pas encore en production et la première tranche des F-35 achetée par Israël lui sera livrée au plus tôt en 2012 ! Ce n’est pas vraiment un pas vers une frappe préventive, mais un pas dans le délire. Il faut aussi préciser qu’il y a également un grand nombre d’agités pro-israéliens qui diffusent ce genre d’âneries sans se douter qu’ils facilitent l’entente entre Washington et les mollahs.

Quoi qu’il en soit, du moment où les Etats-Unis sont entrés dans l’ère de la campagne électorale, Bush a cessé le recours aux menaces de frappes en passant le relais à Israël, où il existe un terreau favorable à l’entretien de cette rumeur. Cependant, ce que voulait l’administration Bush, c’était relancer sans cesse la rumeur, mais en aucun cas une frappe : c’est pourquoi elle a placé des obstacles techniques plausibles sur la voie de la réalisation de cet exploit.

Alors que les Etats-Unis ont la maîtrise du ciel irakien, le gouvernement irakien a refusé son approbation. On a évoqué un problème de ravitaillement, avant de signaler à un moment où l’entente avec Téhéran semblait très proche, un refus américain de l’option militaire.

L’échec des manœuvres d’approche pour l’entente s’est soldé par l’annonce de la vente américaine de certains missiles qui résolvaient aussi le problème de ravitaillement ! Après avoir alimenté le brasier des rumeurs d’Internet, Washington a baissé le feu par l’annonce du refus de son feu vert à Olmert. La rumeur a été débranchée, on la réanime en faisant dire à Kouchner ce qu’il n’a pas dit, avant de repasser derrière et dire ce qu’il a dit, ce que l’on pourrait comprendre, ce qu’il ne faut pas comprendre, etc.… Cette construction a même servi de tremplin pour enchaîner sur d’autres rumeurs périphériques comme des livraisons d’un système de défense par les Russes à l’Iran.

Au-delà de toutes les rumeurs, il y a la vérité : Israël a la capacité technique de réaliser cette mission avec ses F-15 (bombardiers dotés d’un rayon d’action de 4400 km) qui peuvent traverser le ciel irakien à très haute altitude (19800 m), larguer leurs bombes et revenir, ou se poser sur un porte-avions américain : le seul obstacle est un feu vert américain. Jamais Israël ne frappera un pays sans l’approbation des Etats-Unis, cela a été vrai pour l’Irak (feu-vert), puis pour la Syrie (feu-vert), cela reste vrai pour l’Iran.

Cela pose aussi la vraie question, celle de l’identité d’Israël : comment s’intégrer dans une région si l’on est avant tout l’instrument d’un Etat puissant dont l’intérêt réside dans l’exploitation des richesses de cette région et des alliances avec les Talibans, puis les mollahs ? Vivement le jour où nos cousins d’Israël se sentiront du Moyen-Orient et très fiers de l’être.

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