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Iran : Washington veut une relation courtoise - Décodages
11.11.2009

Rien ne fait plus peur aux mollahs qu’une normalisation des relations avec Washington car cela suppose une démocratisation qui peut leur coûter le pouvoir. Pour casser la dynamique de l’apaisement, en réponse à une ultime offre de dialogue sur le nucléaire, Téhéran a annoncé qu’il jugerait pour espionnage –peine passible de la mort-, 3 « touristes américains » qui avaient pénétré par hasard sur un territoire où Washington finance des activités armées contre les mollahs. Washington a esquivé cette provocation et a redoublé d’efforts dans le sens d’un apaisement.



L’équation est en fait très simple : Washington joue la carte de l’apaisement pour priver les mollahs de tout prétexte à fuir le dialogue. S’il dialogue, il s’engage de facto dans un processus de compromis avec les Etats-Unis protecteurs d’Israël et alors il perdra le soutien de la rue arabe, son allié régional. Isolé et parallèlement durement sanctionné, le régime des mollahs devra alors s’ouvrir dans tous les sens du terme aux Américains : offrir l’Iran comme réservoir de pétrole et couloir d’accès vers l’Asie Centrale, offrir son savoir faire islamiste révolutionnaire pour agiter les régions musulmanes de la Chine et enfin ouvrir l’arène politique à des politiciens iraniens, prélude à une sortie du clergé des cercles de décision.

C’est clair que la réponse sera toujours non ! Mais il est difficile de dire non quand l’autre veut à tout prix dialoguer car cela peut lui permettre de contrôler toute la région et plus de 60% des sources énergétiques de l’Europe, la Chine et le Japon.

Pour forcer Washington à cesser ces avances qu’il ne saurait indéfiniment repousser, dernièrement Téhéran a mis la barre très haute en annonçant un procès contre des ressortissants américains avec à la clef des peines de pendaisons.

Contre toute attente, il ne s’est strictement rien passé. Washington a tout simplement esquivé avec une simple demande de libération suivie d’une avalanche de propos réconciliants livrés ce lundi par Hillary Clinton dans une interview à la chaîne publique PBS qui devait être rediffusée mardi par la chaîne privée Bloomberg. Son contenu était édifiant.

La Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton a annoncé que les Etats-Unis souhaitaient avoir « une relation diplomatique courtoise » avec l’Iran ! Pour évoquer le degré d’engagement pacifique de l’administration américaine, elle a précisé que « malgré les inquiétudes suscitées par la discrétion » (en fait l’opacité) du programme nucléaire iranien, Barack Obama avait pris l’initiative audacieuse d’écrire « une lettre privée à Ali Khamenei pour insister sur le droit de l’Iran à l’énergie nucléaire », ce qui selon la définition des mollahs veut dire un droit l’enrichissement de l’uranium.

Elle a aussi précisé que quand les Etats-Unis parlaient de « maintenir toutes les options sur la table », cela ne voulait pas dire « diaboliser les mollahs ni de faire parler les armes », mais de mettre en place tous les moyens diplomatiques « pour les dissuader » d’obtenir l’arme nucléaire.

En fait, il faut mettre de côté les explications besogneuses pour ne retenir que la formule « une relation diplomatique courtoise » qui est la nouvelle arme de la stratégie d’apaisement de Washington.

Il s’agit d’une formule magique car conformément à l’engagement pris d’une « relation diplomatique courtoise », Washington s’abstiendra de toute critique sur les violations des droits de l’homme et même de toute critique des arrestations arbitraires, même de ses propres citoyens. Mais cela veut dire qu’il s’interdit officiellement de donner son avis sur les aventures médiatiques du Mouvement Vert, scénario inventé par les mollahs pour simuler une contestation de légitimité du président élu, interlocuteur officiel des Six, afin de bloquer toutes négociations.

D’ailleurs dans cette interview toute mielleuse, Clinton n’a fait référence à un renforcement des sanctions qu’à un seul moment : « si les mollahs n’arrivent pas à dépasser leur dynamique de politique intérieure » (leurs querelles simulées via les Verts). La messe est dite, ce sera toute l’année l’indifférence à toutes les provocations sauf aux manœuvres dilatoires.

Téhéran qui avait déjà entendu la même chanson dans la lettre d’Obama avait une réponse d’avance. Il a répondu par de l’indifférence via Mottaki, le repoussant homologue iranien d’Hillary Clinton. « Il est normal, en diplomatie, que toute demande soit examinée, mais il reste du chemin avant le rétablissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis ».

Décodages | Téhéran entend exploiter de manière (dis)courtoise l’abstinence diplomatique de toute critique par plus de provocations et ajoutera à ce programme déjà chargé une jolie liste de demandes de preuves précises de cette volonté de courtoisie : d’abord une levée des sanctions contre l’Iran et le Hezbollah, puis le départ des troupes américaines de la région et enfin l’extradition des chefs du Jundallah ou des restrictions imposées aux opposants... Tout ce qui peut rallonger le chemin vers le rétablissement des relations diplomatiques !


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Pour en savoir + sur :
- Iran - EU : L’heure des choix
- (6 NOVEMBRE 2009)

| Mots Clefs | Décideurs : Hillary Clinton |
| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |
| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Réformateurs & faux dissidents : Le Mouvement Vert |