le mouvement vert | Il y a plusieurs mois, en prévision à son refus de tout compromis sur le nucléaire, le centre des décisions politiques du régime, le Conseil (plénipotentiaire) du Discernement de l’Intérêt du Régime, a eu l’idée d’un scénario pour bloquer les négociations. Son choix a été fixé sur la contestation de la validité du président élu, interlocuteur officiel des Six. Pour réussir son coup, il était nécessaire que les Américains, les Européens ou encore l’ONU soutiennent cette contestation des résultats électoraux. Pour s’assurer d’un succès infaillible, il a mis en scène ce scénario sous la forme d’une révolution de couleur : le Mouvement Vert des jeunes Iraniens. Il n’a pas trop insisté sur l’attachement de ces jeunes au régime, car le but était avant tout de susciter un espoir pour attirer les Iraniens dans les rues pour donner corps à cette révolution de couleur.

dérapages | Téhéran a alors connu deux imprévus. Les Occidentaux ne sont pas tombés dans le piège et ont ainsi privé le régime d’une crise de gouvernance internationalement admise pour bloquer la situation et dans le même temps, les Iraniens ont profité des journées pour simuler une révolution de couleur pour prendre la rue et contester le régime dans sa totalité.

relance du mouvement vert – été 2009 | Après avoir maté ce soulèvement qui a failli l’emporter, le régime s’est retrouvé face à un défi complexe : mobiliser la foule pour relancer sa fausse révolution de couleur pour obtenir le soutien des Occidentaux, tout en évitant que la foule ne lui échappe. Il a vite revu ses ambitions à la baisse car les gens n’ont répondu à aucun appel lancé par les chefs du Mouvement Vert : Moussavi et Khatami. Car pendant le soulèvement, ces derniers avaient appelé à la répression des contre-révolutionnaires.

Pour faire revenir la foule, le régime a alors commencé à lancer des appels avec d’autres signatures et aussi avec d’autres slogans flirtant avec le thème de changement de régime. Mais sans aller trop loin, car le but reste de simuler une crise interne et non d’encourager un changement de régime. Ce positionnement flou a été assumé par une direction bicéphale : Moussavi reste fidèle à la révolution et une multitude de porte-parole ou sites diffusent les slogans attractifs pour les Iraniens, mais aussi les observateurs étrangers.

Ces efforts ont échoué, car le Mouvement Vert (le régime) n’a pas réussi à mobiliser la foule, mais celle-ci s’est réunie à une date pour commémorer la mort de Neda, la jeune femme tuée pendant le soulèvement. Cet évènement a rappelé au régime l’étroitesse de ses marges de manœuvre. Il a admis qu’il devait obtenir un soutien des Occidentaux pour les partisans de la contestation, pour cela il devait pouvoir mobiliser, c’est pourquoi, il a commencé à prévoir des mécanismes pour neutraliser les risques d’un dérapage en temps réel.

Dans un premier temps, le régime a décidé de contourner le temps réel : pour attirer la foule, il a promis des slogans patriotiques très attirants, mais avec l’idée d’ajouter sur les vidéos d’autres slogans préenregistrés et plus adaptés à la nature islamique du Mouvement. Ceci n’a pas fonctionné. La dernière mouture du plan pour attirer les Iraniens en grand nombre dans les rues est de leur donner un gage plus clair que la bannière Verte n’est pas synonyme du régime, d’où les excuses.

les objectifs de ces excuses | Cependant, le texte des dites excuses n’a pas été divulgué ce qui laisse de la marge au régime pour le modifier afin de ne pas s’écarter de l’identité islamique du Mouvement, identité rappelée par la direction bicéphale quelques jours plus tôt.

Si les Iraniens descendent en grand nombre dans la rue, le régime aura gagné car les manifestants donneront la légitimité nécessaire à ce Mouvement qui a parlé en leur nom à l’administration Obama. Le régime espère même gagner sur deux plans car toute lettre mérite une réponse : un signe de sympathie de l’administration Obama sera une reconnaissance de facto des contestataires (de la validité électorale d’Ahmadinejad), le démarrage du scénario du blocage des négociations.

Si les Iraniens ne se laissent pas duper, le régime devra essayer des slogans plus attirants et plus risqués. Nous avons la certitude qu’il le fera car il est dans une situation économique très difficile : il ne peut plus continuer sa vie sous le régime des sanctions. Il lui faut des crises, une escalade, un risque de guerre pour pousser les Occidentaux, las des guerres dans cette région, à capituler. Il doit prendre des risques. C’est pourquoi nous apprécions ses vertes excuses, un début pour ces risques à prendre.

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Pour en savoir + :
 Iran – 4 novembre : La dernière surprise des mollahs
 (03 Novembre 2009)