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Iran : Un otage américain dont on ne parle jamais !
31.05.2007

Ils sont désormais cinq Américains retenus ou disparus en Iran, dont 4 d’origine iranienne. Ces 4 irano-américains sont des faux opposants en mèche avec le régime des mollahs. Ces derniers font un battage infernal sur leur cas, mais ils ne parlent jamais de l’autre otage qui est 100% américain et officiellement un ex-agent du FBI. Pourtant, cet otage, Robert Levinson, prétend s’être rendu en Iran pour y rencontrer un ami d’enfance et cet ami s’avère être très très particulier !



Cet ami est Davoud Salahodine, un afro-américain né David Theodore Belfield et converti à l’islam en 1969. Dans les années 70, ce disciple de Saïd Ramadan [1], le fondateur mythique de la branche palestinienne des Frères musulmans, a commencé à fréquenter les futurs révolutionnaires islamistes iraniens.

En 1979, il se rapprocha de Bahram Nahidian, l’émissaire principal de Khomeiny aux Etats-Unis qui dirigeait le Centre Estudiantin Iranien à Washington. Les deux hommes ont sympathisé et Salahodine, alors âgé de 30 ans, commença à travailler avec Nahidian. D’ailleurs, ils ont été arrêtés ensemble à New York le 4 novembre 1979, le jour de l’attaque de l’ambassade américaine à Téhéran.

Au printemps 80, les deux hommes ont tenté, sans succès, d’organiser une attaque violente contre la mosquée de Washington pour provoquer une réaction policière contre des musulmans et fournir des images télévisées de musulmans attaqués par des policiers américains casqués et armés de matraque. L’objectif était de compromettre la situation des otages américains à Téhéran. En juin 1980, Salahodine a accepté 5000 dollars en espèces pour former une équipe afin d’éliminer un opposant iranien : Ali Akbar Tabatabai, ancien ministre de la culture du Shah d’Iran et fondateur de l’Iran Freedom Foundation, un lieu de rencontre pour les exilés hostiles à Khomeiny.

Le 22 juillet 1980, Salahodine s’est réveillé avant l’aube, a prié, a enfilé un uniforme de facteur, mis des gants et s’est rendu avec l’aide de ses complices chez l’opposant iranien dans une jeep volée au service postal américain. Sur le chemin, Il s’est arrêté à un téléphone public pour appeler chez sa future victime, et lorsque Tabatabai a répondu, Salahodine a raccroché.

Quelques minutes plus tard, vers 11h30, il était devant la maison de Tabatabai, dans une impasse tranquille. Il a sonné chez Tabatabai et demandé à le voir pour signer un reçu : quand l’ancien ministre est apparu, Salahodine a tiré trois fois dans le ventre et s’est enfui.

45 minutes plus tard, à midi et demi, Tabatabai était déclaré mort. Par la suite, le FBI a arrêté 10 complices, tous musulmans afro-américains qui, comme lui, avaient rencontré les révolutionnaires iraniens dans des mosquées ou d’autres lieux de réunion des musulmans de Washington et participé au meurtre.

Après l’assassinat de Tabatabai, Salahodine s’est rendu vers Montréal où il s’est envolé pour Genève, après avoir passé sept jours au consulat iranien, il obtient un visa pour se rendre en Iran le 31 juillet 1980.

À son arrivée, Salahodine, l’ami très particulier de l’otage américain, a intégré les services de renseignements des pasdaran et il a été un agent de terrain agissant sous la couverture de journaliste et envoyé spécial. Salahodine qui se définit comme un homme d’action a ainsi été dépêché sur divers théâtres d’opérations pour entrer en contact avec les terroristes que le régime voulait recruter : pendant la guerre du Golfe en 1991, il s’est ainsi rendu à Bagdad pour rencontrer Abou Abbas, le terroriste palestinien qui avait mené en 1985 le détournement du bateau de croisière italien Achille Lauro. Par la suite avec l’aval des mollahs, Salahodine a également voyagé dans le monde musulman comme diplomate militant pour le compte de Ramadan dont une mission en 1986 en Libye chez Tonton Kadhafi.

À partir de décembre 86 et jusqu’en mai 88, Salahodine a servi en Afghanistan comme soldat avec des moudjahiddins (toujours avec le consentement des mollahs). En Afghanistan, il a établi des liens très forts avec Ismail Khan, le seigneur de guerre régissant la région autour de Herat. Il a également fait du tourisme en Corée du Nord ! L’ami très particulier de l’otage américain, aujourd’hui âgé de 57 ans, vit actuellement dans un confortable appartement des quartiers chics de Téhéran avec son épouse iranienne.

Selon le New Yorker, la CIA considère Salahodine comme un élément très intéressant qu’il ne faut en aucun cas arrêter pour le déférer devant la justice. Il faut au contraire l’approcher pour se servir de lui comme indic concernant l’Afghanistan ou comme un informateur ou intermédiaire dans le cadre d’un rétablissement des relations entre l’Iran et les Etats-Unis. Selon la CIA, Salahodine a un accès aux cercles intérieurs des Pasdaran à un niveau élevé et il peut leur indiquer les noms des éléments susceptibles de rouler pour les Américains.

L’arrivée de son ami américain a précédé la fuite d’un haut gradé des Pasdaran. Existe-t-il un lien entre les deux affaires ? Pourquoi Levinson n’a-t-il pas quitté l’Iran ? Existe-t-il un lien entre ce Levinson et le premier contact de Salahodine au sein du FBI, un certain Karl Shoffler, ancien de la CIA, mais également ancien du FBI ? Karl Shoffler, qui serait aujourd’hui mort, est un curieux personnage car il aurait également été l’un des policiers qui ont arrêté les plombiers de l’affaire Watergate. Les réponses à toutes ces questions se trouvent peut-être à Téhéran chez Salahodine qui se porte bien mais pourrait décéder comme Shoffler d’une maladie subite.

Si aujourd’hui son nom est cité dans l’affaire de l’otage mystérieux, Salahodine a surtout acquis de la notoriété en jouant en mai 2001 dans le film « Kandahar » qui a été montré au festival de Cannes. « Kandahar » a suscité une vive polémique parmi les opposants exilés pour l’utilisation d’un assassin dans un rôle principal. Makhmalbaf, le metteur en scène, a dit qu’il aimait employer des personnages qui ne sont pas des acteurs professionnels, et qu’il ne se sentait aucune responsabilité à propos du passé de Salahodine.

« Je ne fouine pas dans leurs vies », a-t-il déclaré. « Je suis un artiste, pas un juge, un policier ou un justicier ». Pourtant, Makhmalbaf a été juge et bourreau car il avait lui aussi abattu un homme sur ordre de Khomeiny mais avant la révolution islamique. Cannes aime décidément bien les révolutionnaires de chez les mollahs.

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[1Salahodine et Saïd Ramadan | En mai 75, Salahodine a rencontré Saïd Ramadan (le père de Tariq de Ramadan), un avocat égyptien islamiste, qui était le prêcheur invité du service de prière au centre islamique d’une grande mosquée de l’avenue Massachusetts à Washington. Ramadan vivait en exil en Suisse depuis les années 50 et avait fondé le centre islamique de Genève. Salahodine décrit Ramadan, qui fut son conseiller et guide spirituel jusqu’à sa mort, en 1995, comme « l’homme clef international de la confrérie des Frères Musulmans. »

Durant l’été 75, Ramadan est resté avec Salahodine dans une maison à Washington proche du campus de l’université de Howard. Un sujet de discussion entre les deux hommes fut la personnalité de Salahodine, en particulier son penchant pour l’action violente. Ramadan l’avait assuré que s’il devait commettre de actes violents, il ne serait pas affecté : qu’il agirait puis il oublierait. En décembre 79, Salahodine a appelé Ramadan à Genève pour le consulter. Les mollahs venaient de lui proposer un poste. C’était dix mois après le renversement du Shah, et Khomeiny, maintenant au pouvoir en Iran, menait la chasse aux contre-révolutionnaires. Salahodine a indiqué se souvenir que Ramadan lui avait dit de tout faire pour la gloire de Khomeiny ». Selon Salahodine, « son intonation était enthousiaste et pour moi c’était comme un ordre. »
- Les Frères musulmans (جمعية الأخوان المسلمون, jamiat al-Ikhwan al-muslimun |