Il y a deux mois, pendant le soulèvement du 15 au 25 juin, les opposants laïques, partisans d’un changement de régime en Iran, alignaient quotidiennement plus de 100,000 personnes parfois 1 million dans les rues de Téhéran et des centaines de milliers en province. Il existe donc des images de référence correspondant à des foules de dizaines de milliers de personnes dont voici un exemple : la foule est filmée du haut d’un immeuble pour que l’on puisse voir la longueur du cortège.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Ce n’est pas ce que nous avons vu hier dans les vidéos diffusées pour illustrer les dépêches rédigées par le bureau iranien de l’AFP. Hier, il n’y avait pas des dizaines de milliers d’Iraniens dans les rues : c’est pourquoi, le régime a fait l’impasse sur des images prises du haut d’un immeuble ou d’un pont.

Les vidéos reçues ont toutes (sauf une) un second point commun : il s’agit de manifestations statiques où les gens tournent en rond mais ils n’avancent pas (on le voit sur le monsieur en beige qui a une casquette). Les organisateurs ont ainsi masqué le nombre réduit des manifestants. D’abord, une vidéo du soulèvement réalisée au sol où l’on voit les gens avancer puis les vidéo d’hier.
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L’exception à cette mise en scène statique vient d’une marche sur l’avenue Hafez. L’avenue est surplombée par une bretelle aérienne. Pendant le soulèvement du 15 au 25 juin, l’une des plus importantes manifs a eu lieu sur une bretelle autoroutière. On voit (ci-dessous vidéo 1) des gens marcher sur cette voie à 4 bandes pendant plusieurs minutes. L’image est devenue une référence.

Hier, en manque d’effectif, le régime a simulé cette référence, sur une autre bretelle plus fine : pour s’en sortir il a mis les gens en bas et par des cadrages artistiques, il insinue qu’il y a aussi une foule en étage sur la bretelle, mais quand on regarde bien, ces soi-disant manifestants sont immobiles (ci-dessous vidéo 2) et alignés sur un seul rang.
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On ne peut dire avec exactitude le nombre de manifestants présents hier dans les rues de la mégalopole iranienne de Téhéran, car pour ne rien arranger l’agence de presse Mehr a intercalé sur son site des images des manifestations plus peuplées des années précédentes. Ce qui est certain c’est que hier, les figurants verts étaient moins nombreux qu’à la précédente grande manifestation du Mouvement Vert, le 17 juillet car cette fois, le régime avait pu filmer des cortèges d’en haut, même si elles étaient peu imposantes.

Dans les régions, la situation a été encore plus catastrophique : la mobilisation a été presque nulle. De fait, il n’y a aucune image pour illustrer les annonces de mobilisation grandiose. On ne pouvait pas censurer aussi les images pour Ispahan et Chiraz, seconde et troisième villes du pays : ce qui nous vaut des vidéos acrobatiques et perturbantes qui donnent mal à la tête (2 vidéos d’Ispahan et 1 de Chiraz).
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Quel qu’était le niveau de mobilisation de toutes les manifs d’hier, un troisième point commun est présent cette fois partout : un décalage entre le son des slogans et le nombre des manifestants. C’est une chose que nous avons remarquée il y a plus de 45 jours : le régime ajoute les slogans préenregistrés sur les vidéos amateures avant de les diffuser sur Youtube. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles nous avons demandé à nos compatriotes de boycotter ces manifs : que leur participation à des actions contre le régime ne soit pas détournée de son propos pour être utilisée en faveur d’un mouvement qui veut rallonger la vie du régime.

Nous avions l’embarras du choix : toutes les vidéos ont un son inapproprié. Parfois les gens ont les bouches fermées, mais on entend des slogans avec un son correspondant à une trentaine de personnes, d’autres fois, il y a 700 à 800 personnes, toujours avec le même nombre de voix ! Il y aussi un effet sonore de centaines de gens en train de frapper dans leurs mains, mais à l’image ils sont deux à le faire ! Enfin sur la dernière vidéo : on a mis un son de slogans pro-Mousavi alors que les images sont pro-Ahmadinejad (avec des pancartes Mort à Israël).
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Ce détail sonore est confirmé par un témoignage. Un jeune basé à Téhéran nous a expliqué que par peur d’une présence d’opposants laïques hostiles au régime, on avait installé des sonos géantes diffusant de la musique très fort sur tous les sites désignés pour des rassemblements (1ière des 4 vidéos ci-dessus). Si les sons des vidéos que nous recevons n’étaient pas trafiqués, on aurait eu des bribes de ces décibels. Mais les vidéos reçues contiennent uniquement des slogans pas même des bruits de la ville (exemple à Shiraz).
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On peut regarder toutes les images une par une, on découvrirait des détails dérangeants comme un soleil trop lumineux sur telle vidéo trop peuplée alors que le ciel de Téhéran était nuageux hier, on peut revoir tel manifestant dans deux endroits différents. C’est un exercice stérile, on s’éloignerait du principal : il n’y avait pas des dizaines de milliers de pro-Moussavi à Téhéran, pas même de quoi remplir une petite placette pour que Moussavi, Khatami ou Karroubi y montent sur un tabouret pour haranguer leurs partisans.

Ces messieurs qui ne sont plus à une tricherie près ont alors prétendu avec l’aide de leur site et l’AFP qu’ils avaient été empêchés d’arriver sur les lieux des rassemblements par des bassidjis hostiles qui les avaient agressés et refoulés ! D’où tiendrions-nous alors ces images où on les voit parader dans le carré VIP de la journée réservée à la gloire du Hezbollah ?
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Il est facile de démasquer les mensonges du régime et de ses faux opposants, mais encore faut-il avoir une pincée de déontologie pour ne pas écrire qu’il y avait des dizaines de milliers quand il n’y avait pas de quoi remplir une seule placette de Téhéran pour offrir un mini bain de foule à Moussavi.

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En attendant de visionner demain d’autres vidéos assez hilarantes de cette journée dans notre « semaine en images », en voici une qui montre à quel point le fiasco vert a fait perdre la boule aux mollahs !
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Pour en savoir + :
 Iran : La journée de Qods, deux victoires pour les opposants !
 (17 SEPTEMBRE 2009)