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Iran : La semaine en images n°87
18.10.2009

L’Iran vit en léthargie. Le peuple attend les sanctions pour descendre dans la rue face à un régime plus affaibli que jamais. Il attend les échéances internationales pour savoir si son refus d’apaisement lui vaudra des sanctions ou pas. Les Occidentaux roulent aussi au ralenti en ce qui concerne l’Iran car ils ne savent pas s’ils vont ou pas sanctionner car ils tiennent encore à ce partenaire utile. Chacun attend et chacun meuble le vide médiatique selon ses objectifs : le régime avec de fausses nouvelles sur sa fausse opposition locale et les Occidentaux avec un peu n’importe quoi de sensationnel pour dissimuler le refus d’apaisement de Téhéran et leur propre absence de réponse à l’échec attendu des négociations Genève 2. Ainsi deux grosses nouvelles complètement fausses ont eu droit aux honneurs des médias cette semaine.



La première fausse nouvelle était iranienne | Le 13 octobre, l’annonce d’un procès contre Karroubi, qualifié d’opposant démocrate alors qu’il siège depuis 20 ans au Conseil de Discernement, organe plénipotentiaire du régime, là où se décident toutes les politiques du régime dans tous les domaines y compris le pouvoir judiciaire. Les arrestations et les procès bidons sont d’ailleurs un moyen, pour cet organe qui détient le pouvoir politique au sein du régime, de fabriquer à peu de frais de faux opposants et ainsi détourner les regards des vrais opposants que sont les Iraniens hostiles au régime.

Karroubi | Ces faux opposants fiables proviennent généralement de la filière service secret ou milice. Cette année où l’objectif était de simuler une crise interne pour bloquer tout dialogue ou apaisement avec l’Occident, le choix du Conseil est allé à deux de ses membres : Moussavi et Karroubi. Ils devaient produire un discours alternatif pour attirer la foule dans la rue afin de simuler un désordre intérieur. Moussavi avait obtenu le premier rôle dans ce scénario, mais il n’a pas pu mobiliser les foules. Il a donc été mis en retrait − on ne l’entend plus − au profit de Karroubi. Mais ce dernier n’y arrive pas non plus. En l’absence de mobilisation, Téhéran a décidé de le mettre en « arrêt » pour expliquer aux Occidentaux l’absence d’action à son appel !

Pour mener à bien ce projet, Téhéran a passé commande à des journalistes peu scrupuleux comme Marie-Claude Descamps du Monde pour peindre un portrait flatteur de Karroubi dans lequel elle a oublié de dire que ce formidable démocrate fut, pendant des années, chargé d’exécuter la fatwa de mise à mort de Salman Rushdie. Mais en vérité, à l’heure où le Monde écrivait le martyr de Karroubi et l’AFP-Iran pleurait l’injustice faite par Ahmadinejad contre un compagnon du doux Khomeiny, l’intéressé prenait le thé chez lui avec son alter ego Moussavi sous le portrait de l’ancien ayatollah, leur idole. Exclusivités dénichées sur la rubrique photo du site du Parlement Islamique. (Vous pouvez cliquer puis zoomer sur certaines images pour les agrandir une ou deux fois)
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La rumeur | Cette nouvelle blockbuster de Téhéran a été éclipsée par une nouvelle diffusée le lendemain évoquant la mort de Khamenei. Tout le monde a oublié les malheurs de Karroubi pour avoir des nouvelles de Khamenei, présenté comme le n°1 du régime alors que le pouvoir est entre les mains des membres à vie du Conseil de discernement comme Moussavi et Karroubi.

Selon la rumeur diffusée par les grandes chaînes iraniennes de Télévision proches ou financées par les Américains, Khamenei aurait perdu connaissance le mardi 13, serait tombé dans le coma le mercredi 14 et aurait trépassé le jeudi 15.

La même rumeur avait été diffusée par les mêmes médias en janvier 2007. Comme à l’époque, son auteur, un certain Micheal Ledeen, Américain, était chargé de coordonner tous les efforts susceptibles d’arriver à une entente avec les mollahs. Dans le deux cas, son objectif était de suggérer aux mollahs de se débarrasser de Khamenei, l’élément le plus honni à l’étranger, afin de permettre l’apaisement. Ce qui est stupide car le refus de l’apaisement n’est pas l’affaire du goût personnel d’un personnage du régime, mais une nécessité politique. Ce refus assure aux mollahs le contrôle de la rue arabe. Ils disposent ainsi d’un pouvoir de nuisance contre les Etats Arabes, alliés fragiles des Etats-Unis. Le régime ne renoncera jamais à ce formidable moyen de pression sur les Etats-Unis. Par ailleurs, les mollahs eux-mêmes cherchent un moyen pour éliminer Khamenei afin de donner une nouvelle jeunesse à leur régime et à ses institutions.

La résurgence de cette rumeur a juste montré que Washington était à court d’imagination pour les mollahs. C’est même pire car à ce déni de la réalité politique s’est ajouté un effort de vraisemblance factuel par rapport à la version 2007 de la rumeur.

Le détail qui tue | En 2007, on avait prétendu que l’info venait des contacts de ce cher Micheal Ledeen dans les milieux de l’opposition interne ! Cette fois, on a situé la source au Bazar et Ledeen a même affirmé, comme preuve de ses allégations, que le bazar avait fermé ce jour-là à l’annonce de la mort éventuelle du Guide. Il était en fait parti d’une actualité réelle : certains Bazaris avaient fermé boutique ce mercredi dans le cadre de la journée de deuil pour la mort du 5ième imam chiite, décédé il y a plusieurs siècles.
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Encore lui | Téhéran a trouvé si ridicule cette rumeur sans imagination qu’il n’a diffusé aucun démenti officiel à haut niveau, mais seulement un démenti par son ambassadeur en Arménie avant de diffuser des images où l’on voit le Guide en train de recevoir le samedi 16 octobre Abdullah Vade, le président Sénégalais.
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Rien ne va plus | D’un côté l’annonce du procès bidon de Karroubi et de l’autre la rumeur de la mort de Khamenei ont occupé les médias occidentaux, occultant une actualité réelle et plus excitante d’un point de vue géopolitique.

Le fait majeur de cette actualité a été le voyage du représentant iranien à la réunion des chefs de gouvernement de l’Organisation de coopération de Shanghai. Téhéran espérait que la Chine et la Russie accepteraient son adhésion à cette organisation afin d’avoir droit à leur protection militaire, mais aussi à des investissements pour contrer les effets des sanctions américaines. La réponse des deux intéressés a été négative.

On le voit sur le visage du représentant iranien : à la conférence de presse avant son départ, il est souriant, à la même occasion, à son retour, il est fermé. Plus significatif encore : il n’existe aucune image où on le voit en compagnie de ses homologues chinois ou russe, ce qui veut dire qu’il n’a même pas eu droit à une rencontre en tête-à-tête.
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Tout va bien | Si le représentant des mollahs fait la gueule, c’est bien parce que les choses vont très mal : il enchaîne les annonces de licenciements, le dernier en date concernait 6000 techniciens du gaz. Il y a une semaine, il a annoncé une possible faillite de son système bancaire. Plus proche de nous, il a laissé entendre que son industrie pharmaceutique était sur le point de s’effondrer. Cela va tellement mal, qu’il ne peut même plus s’en sortir en imprimant des billets car cela doublerait l’inflation déjà de l’ordre de 60%, sans résoudre son problème de trésorerie. Son plus gros problème est de simuler que tout va bien pour retarder une explosion sociale. Il en résulte deux faits : certains quittent l’Iran pour affaires, d’autres sous prétextes de s’exiler (pour préparer la fuite de papa) alors que d’autres sont chargés de simuler une effervescence économique avec des ventes en bourses, des projets de productions d’automobiles, etc… pour dire que tout va bien ! Ce sont là les risques du métier.

C’est bien d’avoir des slogans et des projets, mais il faut aussi du concret. C’est pourquoi le régime a décidé de se lancer dans des inaugurations en chaîne. Tout y passe : du nouveau, mais aussi de l’ancien. Un ministre a ainsi annoncé l’achèvement du chantier de ce stade à Bandar Abbas, à l’abandon depuis 13 ans.
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Dans ce domaine, la palme revient au projet de l’inauguration du tunnel Tohid dont les travaux de piètre qualité, commencés en 2007, n’en finissent pas. C’est tout un symbole car ces travaux ont commencé au même moment que les sanctions. Des équipes travaillent 24h sur 24 pour que l’on roule d’ici un mois sur ses 2200 mètres. Et après ?

C’est un autre symbole : celui d’un régime qui a toujours choisi la fuite en avant.
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