Iran : Les vœux ratés d’Obama 21.03.2009 Toujours à la recherche d’un moyen pour ouvrir le dialogue et pousser les mollahs au compromis, après les médiations, les pressions et les sanctions, les Américains ont depuis peu renoué avec la méthode amicale (flatteries et petits cadeaux). Après les flatteries de l’émir du Qatar et une nouvelle menace d’expulsion des Moudjahiddines basés en Irak de leur cité d’Ashraf [1], Obama est passé à la vitesse supérieure avec un message du nouvel an iranien adressé « au peuple et aux dirigeants de la République islamique d’Iran », un message qui n’a pas convaincu ou même affaibli les mollahs. Dès son élection, Obama a tendu la main aux mollahs, en évoquant un changement dans la ligne diplomatique des Etats-Unis, un changement qui prenait la forme d’un dialogue direct et sans conditions préalables. Téhéran a vite jugé le changement superficiel, en effet, le nouveau président américain avait renoncé aux conditions préalables imposées par son prédécesseur George Bush, mais d’aucune façon aux sanctions adoptées par Bush. Si Téhéran acceptait cette offre de dialogue, cela voudrait dire qu’il a été vaincu par les sanctions et doit capituler face aux Etats-Unis pour faire un grand nombre de compromis sur l’ensemble des sujets qui les opposent et ont motivé l’adoption de ces sanctions (nucléaire, Hezbollah…). Téhéran a donc refusé tout en précisant que sa condition pour dialoguer serait la levée de toutes les sanctions et l’annulation des charges qui les justifiaient. Téhéran a même commencé à jouer avec ce refus pour excéder les Etats-Unis car il sait que la main tendue par Obama n’est pas motivée par l’admiration que le nouveau président porterait aux mollahs, mais par la nécessité pour son pays de faire d’eux des alliés dociles et soumis qui aideraient les Etats-Unis à désenclaver l’Asie Centrale et à la soustraire de l’emprise de la Chine et de la Russie. L’objectif est de contrôler le plus grand nombre de producteurs de pétrole pour dominer le marché pétrolier et fixer les prix. Parallèlement à cette guerre économique qu’il entend gagner, Washington installerait des bases militaires dans ces territoires voisins de la Chine et de la Russie pour surveiller ces deux adversaires et soutenir leurs séparatistes locaux qui achèveront son œuvre en démantelant la Chine et la Russie au nom de la liberté des peuples. En raison de l’importance de l’enjeu et de l’utilité de sa mise en application dans les plus bref délais, Washington fait tout pour attirer Téhéran dans son dialogue direct, l’anti-chambre de la capitulation des mollahs. Et de son côté, Téhéran répète que la condition pour dialoguer serait la levée de toutes les sanctions et l’annulation de charges qui les justifiaient, ce qui reviendrait à faire accepter le régime tel qu’il est et à s’accommoder du Hamas et du Hezbollah. Puisque Washington doit dominer les mollahs et non s’en accommoder, afin de les coincer, il a récemment eu l’idée de les inviter à une table des négociations au prétexte très politiquement correct de discussions sur la stabilité de l’Afghanistan qui a une longue frontière avec l’Iran. Là encore Téhéran a refusé. Pour neutraliser ce refus, Washington a d’abord essayé des médiations, puis une sanction très lourde, avant de revenir à des flatteries dont il avait fait usage au moment de la première main tendue en direction des mollahs. Le premier signe de ce retour aux sources a été de flatter via un allié régional, le Qatar, l’action diplomatique des mollahs, dans l’espoir d’obtenir une participation iranienne à la conférence sur l’Afghanistan. Sans se laisser démoraliser par le refus persistant des mollahs, Obama revient à la charge avec un message des vœux du nouvel an iranien écrit avec des mots spécifiques pour flatter l’ego des mollahs.
Obama Iran Nowrouz
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Dans la version iranienne de cette déclaration, le conseiller a parlé d’« erreurs à corriger », mais dans la version occidentale, il a précisé que par « erreurs », il entendait les « sanctions qui ont été récemment renouvelées ». Téhéran a jugé cette précision utile car les agences de presse étrangères évoquent inlassablement à tort des excuses attendues par les mollahs à propos de Mossadegh. Téhéran a corrigé de tir pour ne pas parler dans le vide, il a ainsi donné raison à nos analyses qui ont toujours indiqué que le mot erreurs désignait les sanctions et les accusations en vigueur contre ce régime. Quelles que soient les versions, la réponse est celle qui avait été faite après la première intervention télévisée d’Obama et l’évocation de sa main tendue. Cependant, la dernière fois, les dirigeants avaient également pris part aux réponses faites à cette ouverture au point que l’on avait assisté à un ping-pong verbal entre Obama et Ahmadinejad. De peur que ces vœux n’aient eu pour objectif de les engager dans ce genre de dialogue indirect, prologue à un vrai dialogue, Téhéran a différé sa réponse officielle à haut niveau. Il a opté pour une réponse immédiate par un personnage moins qu’insignifiant, ce qui a aussi comme vertu de minimiser la portée de ce message que Washington qualifiait d’historique. Cette approche sèche et distante donne de facto un poids énorme à sa réponse et sa demande d’actes concrets pour un nouveau départ entre les deux pays. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
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Cette situation nous rappelle les mots d’un des fondateurs de l’Iran, Darius Achéménide. Il avait fait graver dans les tablettes : « Que dieu préserve cet Etat de l’ennemi, de la sécheresse et du mensonge ».
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| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : ONU |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Afghanistan | [1] Ali Dabbagh, le porte-parole du gouvernement irakien, a encore une fois fait part du souhait de son pays d’expulser le plus rapidement possible cette « organisation terroriste » (les Moudjahidine du peuple). C’est une allusion qui revient à chaque fois que Washington souhaite relancer son projet de dialogue avec les mollahs. |