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Iran-Obama : Opérations de charme et sanctions très sévères
05.03.2009

A son arrivée à la Maison-Blanche, Obama avait promis des changements, mais en ce qui concerne l’Iran, la nouvelle administration comme la précédente enchaîne des offres de compromis et des sanctions. Ainsi, après une série impressionnante de signaux de compromis, face à l’intransigeance de Téhéran, le Trésor américain a annoncé des sanctions à l’encontre de 11 entreprises iraniennes liées à la Banque Melli, l’une des premières banques iraniennes sanctionnées depuis octobre 2007.



Ce qui différencie l’administration d’Obama et son prédécesseur n’est pas la méthode (alternance des mains tendues et des sanctions), mais l’habillage de cette méthode. Sous Bush, il s’agissait de diaboliser les mollahs afin de justifier la mise en place des sanctions qui devaient affaiblir les mollahs pour briser leur résistance et les forcer à accepter l’entente proposée par Washington. A présent que les sanctions sont légitimées par le Conseil de Sécurité et admises par l’opinion, la nouvelle administration œuvre pour justifier et légitimer l’entente avec Téhéran, d’où un beau discours d’ouverture, un discours tactique qui enquiquine bien les mollahs car il fait oublier la politique de sanctions bien en place et très active.

Pour légitimer auprès de l’opinion l’opportunité d’une entente avec Téhéran, Washington ne lésine pas sur les moyens : différentes opérations de charme ont été lancées pour gommer discrètement les aspects du régime qui empêchent l’Iran des mollahs d’avoir sa place dans le concert des nations.

La première initiative (pour charmer l’opinion américaine) a été la publication d’un article entièrement faux, écrit par un journaliste juif américain, sur la vie relativement heureuse des juifs en Iran. L’article affirme par exemple que les juifs sont libres de se rendre en Israël. Or, ce voyage est strictement interdit pour tout iranien quelle que soit sa religion et le contrevenant est sévèrement puni par la loi, voire condamné à mort pour espionnage. L’article parle également de la liberté de prier en synagogue, mais en oubliant de préciser que les juifs iraniens n’ont pas le droit faire chabat… L’article ne parle également pas d’un commerçant juif iranien tué après une interview non autorisée avec Der Spiegel. On ne peut s’attendre à mieux de la part d’un journaliste auteur de plusieurs articles sur l’opportunité d’un dialogue avec l’Iran.

Parallèlement à cet article à fort impact médiatique en faveur du dialogue (avec les mollahs), l’Etat américain a expédié en Iran le responsable des Oscars, des directeurs de grandes compagnies cinématographiques ainsi que des scénaristes démocrates et en vedette Annette Bening, l’épouse démocrate du très politiquement correct Warren Beatty. Sur place, affublée d’un foulard islamique, Annette Bening a joué le rôle de porte-parole du groupe en affirmant qu’elle était en Iran pour « être une passerelle pour le dialogue irano-américain », c’est-à-dire celui entre les deux Etats !

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Bening a une certaine ressemblance avec Hillary Clinton, il s’agissait peut-être d’habituer les Américains à voire une des leurs, une démocrate, porter le voile sans complexe, et rire à gorge déployée avec des interlocuteurs étrangement muets sur les violations des droits de l’homme, la condition féminine, la censure ou encore la pendaison d’un homme cette semaine pour ses convictions religieuses. Si l’on n’a pas parlé de ces sujets déplaisants, ces braves artistes américains ont parlé utile : ils ont proposé d’aider le régime « à distribuer ses films en Amérique ou à financer des gros projets cinématographiques ». Ils nous ont servi un dialogue sain et sans anicroche, parfait exemple d’opération pour dédiaboliser le régime des mollahs et préparer le terrain pour l’après l’entente.

Ces deux opérations de charme ont précédé une invitation en Irak de Rafsandjani , le patron du régime des mollahs, un homme qui voyage peu car il est sous mandat d’arrêt pour crime contre l’humanité. Pour l’occasion, on a prié la presse d’oublier ce mandat d’arrêt et avant son arrivée à Bagdad, Washington a réduit au minimum les critiques contre Téhéran. Il n’y eut presque aucune déclaration hostile aux mollahs pendant la réunion du Caire pour le financement de la reconstruction de Gaza alors qu’au même moment Téhéran vociférait pour diviser le camp palestinien. Parallèlement, on a évoqué la nécessité d’inviter les mollahs à la réunion du G8 et insisté sur leur rôle positif et stabilisateur en Afghanistan, alors qu’en réalité c’est le contraire. Les Américains se montraient très coopératifs pour encourager Rafsandjani afin de faire avancer les négociations secrètes préalables au dialogue officiel devant les journalistes.

Ce voyage n’a pas été couronné de succès. L’offre américaine ne s’est pas adaptée aux demandes de Téhéran. Sans tarder, les sanctions ont démarré : l’Arabie Saoudite a appelé à l’unité arabe contre l’Iran, Mahmoud Abbas a appelé les mollahs à cesser leurs « ingérences » dans les affaires internes palestiniennes et ne plus « intervenir uniquement pour approfondir la division entre les Palestiniens ». Et finalement, le Trésor américain a annoncé la mise en place des sanctions contre 11 firmes iraniennes dont la First Persian Equity Fund, le dernier organisme iranien basé à Dubaï qui est chargé de trouver des financements des opérations import-export. Non seulement, toutes les transactions impliquant cette firme (et les 10 autres [1]) et des personnes ou sociétés américaines sont interdites, mais en plus tous ses actifs américains sont également gelés.

La punition (proportionnelle à la déception américaine) est très sévère car actuellement le gros problème du régime est de trouver des lettres de crédit pour ses opérations commerciales. Washington prend ainsi le régime à la gorge, tout en continuant à le caresser par ses émissaires de charme. Le régime des mollahs a le choix entre « des plus grandes carottes ou des plus grands bâtons », comme le lui avait promis Obama. Téhéran qui se plaignait d’un manque de nouveautés dans la diplomatie américaine est à présent servi.

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En réponse, à Téhéran, Khamenei a appelé les musulmans au « Jihad pour sauver la Palestine » et les Pasdaran ont évoqué de plus gros missiles capables de toucher les centrales nucléaires israéliennes. Le combat est inégal : quand l’Amérique sort son gros bâton, les mollahs sortent de plus gros slogans, slogans dont ils ont mesuré l’inefficacité pendant la récente guerre de Gaza.

Cela est peut-être lié. A Bagdad, très énervé par la tournure des évènements, peut-être pressé de regagner au plus vite l’aéroport, Rafsandjani avait demandé à son convoi d’accélérer l’allure : l’automobile contenant son épouse et la belle-fille de Khomeiny a quitté la route pour percuter des blocs de bétons anti-terroristes. L’accident n’a fait aucun mort.


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| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (américaines) en cours d’application |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |
| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

[1Les autres entreprises sanctionnées par Stuart Levey, le sous-secrétaire pour le Terrorisme et l’Intelligence, sont :

Bank Melli Iran Investment Company (BMIIC), Bank Melli Printing et Publishing, BMIIC International General Trading, Melli Investment Holding International, Cement Investment and Development Company, Mazandaran Textile Company, Mazandaran Cement Company, Melli Agrochemical Company, MEHR Cayman et Shomal Cement Company.

Toutes les transactions impliquant n’importe laquelle de ces sociétés et n’importe quelle personne américaine sont interdites conformément à la loi et tous les actifs qui peuvent appartenir à ces sociétés aux Etats-Unis sont maintenant gelé.