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Iran : En Irak, les mollahs adoptent la prudence face à Obama
20.01.2009

Alors qu’il y a à peine 5 jours, le Pentagone évoquait « une influence néfaste » du régime des mollahs en Irak, Movafagh Al-Rabiï, le conseiller en sécurité nationale du gouvernement Irakien est arrivé hier à Téhéran pour « saluer leur rôle positif et faire une nouvelle offre de coopération » entre la république islamique d’Iran et le très pro-américain gouvernement d’Irak. Pour appâter les mollahs, il a également informé Téhéran de la décision irakienne de chasser très rapidement les Moudjahiddines du Peuple de ce pays.




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C’est d’ailleurs, la première chose qu’a dit Al-Rabiï (ci-dessus) à son arrivée à Téhéran : « mon gouvernement a informé les membres de ce groupe qu’ils n’ont guère que deux choix : retourner en Iran ou aller vers un pays tiers, car désormais nous ne tolérons plus leur présence en Irak ».

Il y a 17 jours, c’est Nouri Al Maliki qui faisait le voyage à Téhéran pour tenir le même discours. Désormais chaque offre irakienne de coopération bilatérale qui suppose aussi une normalisation des relations entre les mollahs et les Américains s’accompagne d’une évocation de l’expulsion des Moudjahiddines du peuple du territoire irakien.

La seule évolution est que cette évocation devient de plus en plus explicite. Au début, en juin 2008, le gouvernement irakien avait évoqué sa décision de les chasser d’Irak. Ceci n’avait pas poussé Téhéran à accepter l’offre irakienne, étape intermédiaire vers un rapprochement avec Washington. Par la suite, c’est Washington qui a donné son accord en transférant la décision et sécurité du camp Achraf, lieu de résidence des Moudjahiddines aux Irakiens. Téhéran a esquissé un pas vers Washington, avant de reculer.

Puis ce fut le tour de Maliki d’évoquer cette expulsion à la veille de son voyage en Iran, le jour de l’offensive terrestre d’Israël à Gaza. Washington espérait combiner la carotte de l’expulsion des moudjahiddines avec le bâton sur le Hamas. Téhéran ne s’est pas montré réceptif et il a même critiqué durement la docilité de Maliki et de son gouvernement aux Américains. Ce dernier a quitté l’Iran sans faire de scandale.

Quelques jours après, c’est Petraeus le commandant en chef des forces en Irak et en Afghanistan qui a évoqué la nécessité d’une coopération avec l’Iran à un moment où Téhéran semblait vaincu dans ses efforts pour embraser la région. Téhéran n’a pas saisi la perche tendue.

Washington revient à la charge au lendemain de l’acceptation inattendue d’un cessez-le-feu par le Hamas, accord qui a surpris Téhéran et marque une nouvelle étape dans l’évanouissement de sa capacité de nuisance régionale. On peut sans l’ombre d’un doute affirmer que Movafagh Al-Rabiï vient en émissaire pour Washington car il a non seulement évoqué l’expulsion des Moudjahiddines, mais aussi une possible libération des chefs de Pasdaran capturés et détenus en Irak par l’armée américaine depuis fin décembre 2006.

C’est la première fois que l’on évoque cette libération à moult reprises demandée par les mollahs. Cette fois, Washington veut accélérer le processus de rapprochement avec les mollahs en vue de préparer le terrain à des négociations bilatérales pour une entente stratégique explosive qui est au centre de la doctrine Obama.

Téhéran n’a pas commenté ces offres de l’émissaire irakien de Washington, il a seulement évoqué des entretiens autour d’un accord signé début janvier avec Al Maliki à propos du nettoyage du lit de la rivière Arvand qui sépare l’Iran et l’Irak. Cette offre non commentée par Téhéran semble avoir touché les mollahs puisque cette fois Téhéran s’est montré plus modéré en renonçant à ses critiques sur la servilité du gouvernement irakien face aux Américains.

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Décodages | Cette modération n’est pas un signe d’acceptation mais un signe de prudence. Téhéran a compris qu’il avait affaire à une nouvelle administration très rusée. A la mi-décembre, Jimmy Carter, proche ami de Brzezinski le conseiller diplomatique d’Obama, s’est rendu à Damas pour encourager Khaled Mechaal le patron du Hamas à rompre la trêve à Gaza, sous prétexte que l’administration Bush ne donnerait pas son accord à une riposte israélienne. Parallèlement, la future administration Obama a commencé à provoquer Téhéran en évoquant sa décision d’affaiblir la capacité de nuisance des mollahs. Téhéran a alors envisagé une rupture de la trêve à Gaza pour affaiblir Obama dès son arrivée à la Maison-Blanche. Téhéran a été poussé à la faute en provoquant la guerre car cette guerre a surtout prouvé l’absence de sa capacité de nuisance régionale. C’est alors que Washington l’a pris à contre-pied pour lui proposer une entente.

Téhéran a compris tardivement que la passation des pouvoirs avait déjà eu lieu. Il ne veut pas s’engager face à cet adversaire inconnu et si habile, ni le provoquer en duel dans sa période d’Etat de grâce.

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Pour en savoir + :
- Iran : Washington joue au yoyo avec les Moudjahiddines
- (12 JANVIER 2009)

| Mots Clefs | Décideurs : Politiciens Irakiens |

| Mots Clefs | Terrorismes : Moudjahidines / OMPI / CNRI |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |

| Mots Clefs | Histoire : Brzezinski et Carter |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |