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Iran : La semaine en images n°148
20.12.2010

Depuis plus d’un an, les Bassidjis, les jeunes miliciens des Pasdaran chargés de la sécurité intérieure, sont absents lors des manifestations officielles. Cette absence est devenue plus visible cet été au moment de la Journée de Qods qui marque le début de la saison des manifestations officielles. Chacun a alors compris que le régime n’avait plus les moyens de répression qu’il prétendait avoir. Cela a donné à tout le monde le courage de boycotter le régime, mais aussi les manifestations religieuses.

Ce boycott général, que nous vous exposons dans la rubrique de la semaine en images, a limité les chances de survie du régime. La semaine dernière, la milice étudiante qui animait la fausse opposition interne a également lâché le régime. Pour cacher l’absence de ses miliciens à ses côtés, depuis un certain temps, le régime parle d’une forte pollution pendant les journées de manifestations impliquant ses miliciens en invitant le peuple à rester à domicile afin qu’il n’assiste pas à son isolement.

Cette semaine, le régime était face à l’un de ces rendez-vous avec la milice à l’occasion d’Achoura, le 10e jour du mois de Moharram pendant lequel les chiites doivent pleurer le martyr de Hossein, le petit-fils de Mahomet, et de ses 72 compagnons tués par l’armée du Calife du moment. Mais manque de chance, il a beaucoup plu et il ne pouvait pas évoquer la pollution. La mobilisation a été presque nulle, de fait le régime a surtout produit des images artistiques ! Cette nouvelle rupture a donné lieu à un bouleversement politique : la destitution de facto de Rafsandjani, le patron politique du régime depuis 1989 et son remplacement par son rival et ennemi Larijani.

Ce changement a été accompagné par des mesures fortes qui annoncent une nouvelle politique très culottée. Pour tout comprendre voici un peu de lectures et beaucoup de photos.



Depuis plusieurs mois, le principal sujet de nos « semaine en images » est la rupture des bassidjis. Ce fait a été confirmé par leur absence à la Journée du Bassidj puis à la Semaine du Bassidj, deux évènements qui doivent être la vitrine de leur force de frappe pour la mission de défense du régime contre la menace d’un soulèvement. Chacun a constaté que le régime était amoindri, mais le régime lui-même l’avait constaté avant tout le monde car le problème n’est pas apparu du jour au lendemain. Cela a commencé en 2008 avec les premiers effets des sanctions bancaires américaines adoptées en 2007.

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Si vous suivez notre site, nous vous invitons à sauter les explications pour aller directement voir « Les photos de la semaine ».

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Les origines iraniennes et étrangères de la crise interne du régime (raisons de la chute de Rafsandjani) | En 2006, Washington a sans cesse proposé le compromis appelé l’Offre des Six tout en menaçant les mollahs de sanctions bancaires. Il avait auparavant à leur encontre la loi d’Amato qui interdit à ses partenaires d’investir dans le domaine pétrolier iranien, avec ses nouvelles sanctions en attente, il insinuait une plus grande limitation de leurs revenus en devises. Etant donné que les mollahs dépendent de nombreux pays étrangers pour leur approvisionnement dans presque tous les domaines (les carburants, le blé, le riz, le sucre, le lait en poudre, les viandes rouges et blanches), ces sanctions les mettaient face à une menace de pénuries. Washington aurait pu couper ces approvisionnements à la base car les pays fournisseurs de l’Iran sont très souvent ses alliés, mais il ne cherchait pas à renverser les mollahs : il voulait leur faire peur en espérant que la perspective d’un manque de devises synonyme de pénurie et d’émeutes forcerait les mollahs à coopérer. Washington agit ainsi depuis des années en alternant des offres de compromis et des intimidations sans suite car il a besoin d’une entente avec les mollahs pour revenir en Iran avec ses pions afin de prendre le pouvoir de l’intérieur et ainsi disposer d’un allié islamiste pour agiter les musulmans d’Asie Centrale contre la Chine et la Russie.

Comme par le passé, la direction du régime, assurée par le Conseil de Discernement de l’Intérêt du Régime (CDIR), a refusé ce non choix qui laisse entrevoir une révolution de couleur synonyme de pertes de pouvoir, d’expropriations et de poursuites pénales pour tous les hauts responsables du régime surtout ses propres membres, en particulier ceux (comme son président Rafsandjani) qui sont placés sous mandats d’arrêts internationaux. Ce dernier, qui dans les années 80 avait été le maître d’œuvre des attentats pour forcer les Français à restituer le prêt Eurodif, puis le grand metteur en scène de la comédie des modérés quand le régime a été frappé par la loi d’Amato, a appliqué les leçons de ses deux gestions de crise en alternant des offres de dialogue par des soi-disant modérés et des provocations par les soi-disant conservateurs. Il cherchait ainsi à pousser l’adversaire américain à bout pour l’entraîner dans une escalade afin qu’il recule par peur d’une guerre touchant l’artère pétrolière du détroit d’Ormuz. L’alternance des interventions modérée lui laissait une marge pour reculer et calmer la menace de nouvelles sanctions. Mais en 2006, cette gestion a surtout aggravé la situation, Washington se servait des provocations du régime pour réclamer le transfert du dossier nucléaire iranien vers le Conseil de Sécurité afin de légitimer ses accusations et ainsi obtenir le droit d’adopter les sanctions bancaires pour amplifier sa menace.

Larijani, un ennemi juré de Rafsandjani (intégré par ce dernier au Conseil pour qu’il se tienne tranquille), avait alors envoyé l’un de ses proches à la rencontre des Américains pour chercher un autre accord. Il ne s’agissait pas de sacrifier ceux qui avaient accepté la gestion de Rafsandjani, mais de réussir par la douceur là où ce dernier échouait par la violence, pour devenir le sauveur du régime afin de briguer la direction du Conseil de Discernement et devenir le grand patron qui a droit à une commission sur toutes les affaires.

Rafsandjani avait alors envoyé son propre frère à Washington pour sonder le terrain et déjouer les plans de Larijani conscient de l’importance de la résolution de la crise dans le sens des intérêts commun des dirigeants qui sont tout en danger dans le cas d’une transition de pouvoir vers les Américains. Ainsi dès le début, le sauvetage du régime est devenu un enjeu entre Rafsandjani, le patron du régime et Larijani, l’homme qui avait osé le défier.Cette rivalité est devenue un autre facteur de crise pour le régime.

Après avoir déjoué la tentative de Larijani, Rafsandjani s’est vu contraint de continuer sa gestion sans quoi il aurait donné raison à son adversaire et à tous ceux qu’il a écartés du pouvoir depuis des décennies et sont implicitement partisans de sa chute. Il s’est alors lancé dans une fuite en avant avec des stratégies les plus risquées pour réussir dans les plus brefs délais. Cette fuite en avant est devenue également un nouveau facteur de crise pour le régime.

Ainsi après le début de sa lutte avec Larijani, il a déclenché une guerre entre le Hezbollah et Israël, guerre qui a détruit le Hezbollah sans mener à l’escalade salvatrice souhaitée. Cela a même permis à Washington de parler d’une frappe préventive incitant les alliés de Téhéran à accepter le transfert du dossier au Conseil de Sécurité en décembre 2006. Dès le 1er janvier 2007, il a adopté ses premières sanctions. La gestion de la crise est aussi devenue le principal facteur de crise.

Les conséquences de cette multiplication des facteurs de crise | Le régime ne pouvait blâmer que son gestionnaire, Rafsandjani. Téhéran a alors mis en avant un possible retour des modérés lors des présidentielles de 2009 pour calmer les Américains. Mais il ne s’agissait pas de Khatami, l’homme de la situation était Larijani.

Les médias du régime ont alors décrit cet adversaire du patron comme le futur président du régime. En fait, le président n’a aucun pouvoir, mais Larijani aurait ainsi cumulé un poste de vrai dirigeant au Conseil de discernement avec un poste permettant de voyager et parler directement à tous les interlocuteurs du régime (ce que Rafsandjani ne peut pas faire en raison des mandats à son encontre). Ce choix qui allait renforcer Larijani était la résultante de la volonté de Rafsandjani de calmer les mollahs mécontents en récompensant un adversaire potentiel. La gestion de Rafsandjani était alors dans l’impasse. Ce dernier a sans cesse cherché à acheter ses adversaires avec des concessions pour pouvoir continuer sa politique afin de ne pas admettre son erreur qui aurait provoqué sa destitution par ses pairs.

Alors que le régime était en crise, Washington a poursuivi son plan : avant d’appliquer pleinement ses sanctions, il a lancé de nombreuses invitations au dialogue (par ex. via le rapport Baker) en direction de ses dirigeants. Ces derniers menés par Rafsandjani ont refusé tout dialogue constructif en se disant que les Américains bluffaient comme d’habitude et qu’ils ne pourraient jamais appliquer pleinement des sanctions capables de provoquer des émeutes susceptibles de renverser un régime dont ils avaient besoin. Sur la base de cette certitude, Rafsandjani a continué sa fuite en avant tout en évoquant la force économique du régime pour rassurer le reste du régime. Ces certitudes se sont envolées quand en novembre 2007 Washington a publié un rapport sur le nucléaire iranien pour renvoyer la bombe à 2015 et s’offrant ainsi un délai de 8 ans pour esquiver les provocations nucléaires du régime et mener une guerre d’usure économique à base de sanctions bancaires faiblement dosées.

Rafsandjani s’est alors lancé dans des annonces de contrats pétroliers ou des chiffres rassurants faisant état d’une économie saine et une réserve suffisante en devises pour restaurer la confiance de ses subalternes ou associés, mais en vérité il a trouvé des devises en supprimant la distribution gratuite des produits de qualités aux familles de ses miliciens. Il a alors perdu le soutien de cette base tenue par les cadeaux pour ne pas perdre la confiance de ses associés. Mais en août 2008, ces annonces se sont avérées fausses quand la Coface a signalé une recrudescence des risques pour les investisseurs étrangers. Rafsandjani était perdu. On a alors vu arriver un dénommé Kordan, le bras droit de Larijani, au ministère d’intérieur, un poste qui ouvre accès à des informations secrètes sur tout le monde. Ce choix était impossible sans l’accord de Rafsandjani. Il était évident qu’il avait fait une nouvelle concession pour calmer son principal adversaire.

Cette concession a été à son tour hasardeuse car peu après l’arrivée de Kordan, un mystérieux informateur a écrit à la presse pour révéler des malversations de tous les hauts dirigeants proches de Rafsandjani, des faits uniquement connus par le ministre de l’intérieur. Rafsandjani avait alors perdu le sourire car il était face à un coup d’Etat rampant contre son réseau de pouvoir. Il a réussi à écarter le danger en éliminant Kordan. Larijani privé d’une grande partie de son réseau a dû abandonner son ambition présidentielle qui pouvait étendre son influence. Débarrassé de son adversaire, Rafsandjani a alors repris la même gestion hasardeuse en parlant à nouveau d’un retour de Khatami. Deux mois après cette 3e crise due aux erreurs de Rafsandjani, l’Amérique a élu Obama qui a proposé le dialogue sans condition une politique qui esquivait par avance toutes les provocations du régime, le privant de l’escalade souhaitée pour échapper à la guerre d’usure économique. Washington a pris une option pour écraser la résistance des mollahs afin de revenir en Iran et prendre le pouvoir par une révolution de couleur.

Le régime mené par Rafsandjani a alors déclenché la guerre de Gaza pour entraîner Washington dans une escalade guerrière certaine, mais cette guerre a affaibli sa seconde milice régionale donc sa puissance régionale sans entraîner Washington dans l’escalade guerrière souhaitée. Le grand patron a alors pris des mesures exceptionnelles encore plus folles. Il a décidé de baisser le pouvoir d’achat des Iraniens en supprimant les prix subventionnés pour les habituer à vivre dans une économie de pénurie et il a décidé d’organiser sa propre révolution de couleur avec des gens qui proclamaient le retour aux principes de base de Khomeiny, c’est-à-dire le refus de tout dialogue. Il avait prévu une mise en scène sanglante pour pousser Obama à soutenir ces gens hostiles à tout dialogue et ainsi neutraliser à la base les sanctions et sauver le régime.

On connaît la suite : pour mener à bien ce projet de révolution de couleur il a fait appel à deux membres du Conseil de Discernement, Moussavi et Karroubi, ses « modérés » des années 90 et à la milice universitaire, fournisseurs de faux opposants. Mais il avait aussi besoin du peuple pour être tué dans les rues et des Bassidjis pour accomplir cette tâche. Cette partie lui a échappé : les Bassidjis sacrifiés par le plan de suppression des subventions ont refusé de tirer et le peuple a pu libérer sa colère pour scander des slogans hostiles au régime et tenir la rue pendant près de 10 jours.

Washington n’avait alors pas soutenu ce soulèvement favorable à la fin du régime islamique dont il a besoin, mais les partisans de la révolution de couleur. Aussitôt que le régime a restauré l’ordre en faisant appel à des agents secrets des pasdaran qui n’ont aucune chance de survie en dehors de ce régime, il a commencé à parler des martyrs de la révolution de couleur made in Téhéran pour introduire ses pions dans le jeu, dérobant à Rafsandjani la direction de sa solution finale !

Washington a aussi intensifié légèrement ses pressions économiques. Rafsandjani devait appliquer son projet de suppression des subventions, mais il a hésité car ce projet avait été planifié quand le régime avait des miliciens pour mater des émeutes. Rafsandjani a changé de cap en remplaçant la suppression des subventions par une augmentation régulière de tous les prix sauf les prix de carburants alors qu’il a le plus grand mal à être autosuffisant sans ce secteur clef.

Parallèlement, il a tenté d’attirer le peuple dans la rue sous sa bannière verte avec des slogans apparemment hostiles au pouvoir comme des cris de mort à Khamenei qui ne remet pas en cause la structure du régime, mais la position d’un homme qui appartient par ailleurs à son propre clan. Il était clair qu’il était dépassé.

Rafsandjani a alors tenté le tout pour le tout en augmentant encore les prix notamment des divers carburants tout en cherchant à attirer le peuple dans la rue sous la bannière verte avec des slogans apparemment hostiles au pouvoir comme des cris de mort à Khamenei qui ne remet pas en cause la structure du régime, mais la position d’un homme qui appartient par ailleurs à son propre clan.

Cette ruse n’a pas marché : le peuple boycottait les manifestations du Mouvement Vert. nous avons constaté l’absence des Bassidjis dans les manifestations officielles. On se doutait d’une fracture, mais quand en décembre 2009, le régime a démantelé et désarmé l’ensemble des bataillons anti-émeutes du Bassidj, il est devenu clair qu’il n’avait pas seulement des problèmes avec quelques jeunes miliciens, mais avec tous ces jeunes miliciens. Il était alors entré dans la crise qui le secoue aujourd’hui.

Conscient qu’il avait désormais contre lui des gens formés à la guerre urbaine, peu avant la fin de l’ultimatum d’Obama sur l’adoption de nouvelles sanctions, le régime de Rafsandjani a tenté le tout pour le tout en organisant à l’occasion d’Achoura une mini-révolution sanglante entre deux carrefours de la ville de Téhéran pour inonder Youtube d’images sanguinolentes afin de forcer Obama à soutenir ses faux révolutionnaires de couleur partisans d’un refus de tout dialogue ! Cela n’a pas marché.

Rafsandjani a laissé les grandes manœuvres pour des mesurettes. Il a accentué les mini hausses anti-consommation. Il a aussi multiplié les infos faisant état de la brutalité des Bassidjis pour les diaboliser afin d’empêcher leur adhésion au peuple et enfin, il s’est tourné vers les miliciens trentenaires affectés à la sécurité de territoire (au sein des Pasdaran ou dans l’armée) pour tenir le rôle des Bassidjis dans de nombreuses manifestations que ces jeunes terreurs devaient animer et éventuellement le défendre contre eux. Il était clair que ces Iraniens n’allaient pas tirer sur leurs ex-collègues accusés à tort pour sauver des dirigeants incapables d’un compromis et prêts à les sacrifier si cyniquement sur l’autel de leurs intérêts.

La fin de la gestion de Rafsandjani et les débuts de Larijani | Deux mois après ce rafistolage, en février 2010, on n’a pas retrouvé ces troupes supposées fidèles lors de la célébration du retour de Khomeiny en Iran. La gestion de Rafsandjani avait accentué l’effondrement interne du régime. Ce fait a été confirmé par la chute du nombre de participants pendant la journée anniversaire de la révolution islamique.

Rafsandjani a alors privilégié à fond la promotion du Mouvement Vert en espérant une mobilisation populaire. Mais en juin 2010, Washington a inventé un clone de cette opposition avec ses pions et un des représentants de Moussavi. Ce jour, Washington a achevé presque la gestion de Rafsandjani. Ce dernier échec a emporté Rafsandjani. Il a disparu des medias. On a alors assisté à l’arrivée en force de Larijani sur le plan national avec une attaque en règle des privilèges de Rafsandjani. Larijani a également brillé dans le domaine diplomatique avec une tournée du côté du Damas.
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Mais la politique générale du régime n’a pas changé et elle est restée fondée sur le modèle défendu par Rafsandjani avec des mesurettes économiques, de la propagande, des provocations et aussi la promotion de la fausse opposition.

Par exemple en juillet 2010, le régime a provoqué une grève au Bazar peu avant une importante manifestation du Mouvement Vert pour donner l’illusion d’une rupture des Bazaris donc d’un effondrement du régime afin d’inciter le peuple à sortir. Le peuple n’a pas été au rendez-vous du Mouvement Vert, mais le Bazar est entré dans une longue grève qui a montré l’absence de capacité de répression du régime.

Aujourd’hui à la lumière de cette analyse, on peut vous dire si cette gestion extrémiste a été l’œuvre de Rafsandjani ou Larijani (voir à la fin du texte).

L’incapacité du régime à restaurer l’ordre au Bazar annonçait un boycott massif des manifestations officielles requérrant la présence des miliciens. On a alors assisté à la disparition médiatique de tous les dirigeants afin d’éviter tout propos susceptible d’aggraver ce boycott. De fait, on a été déconnecté de la crise interne du régime et de la lutte entre Rafsandjani et Larijani.

Ce profil bas (qui est aussi dans le style de Rafsandjani) n’a pas réussi à calmer les boycotteurs. A partir du mois de septembre, malgré ces mesures d’apaisement, le régime a connu un boycott généralisé de toutes ses manifestations officielles.

Il a touché le fond quand il n’a pu mobiliser que 4000 retraités pour la Journée du Bassidj, vitrine de sa force de frappe. Il est devenu clair qu’il n’avait plus aucune réserve pour prendre la relève de sa défense. Il s’est alors lancé dans des rumeurs d’adhésion des miliciens, des annonces de pendaisons massives pour calmer les opposants et des rumeurs de pollution cancérigène pour inciter les gens à ne pas sortir afin d’éviter tout rassemblement qu’il ne peut pas gérer.

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Les photos de la semaine

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La semaine dernière, dans cette ambiance crépusculaire, le régime a perdu le soutien de la milice universitaire, un club de fidèles qui animait sa révolution de couleur, le Mouvement Vert. On avait alors assisté à la disparition médiatique des chefs de cette opposition factice et on avait vu le retour de Larijani sur le devant de la scène avec un discours propagandiste, ferme et sobre devant tous les journalistes présents en Iran.
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La preuve par 3 | Cette semaine a commencé avec l’annonce du départ d’un modéré et l’arrivée d’un très dur à la tête du ministère des affaires étrangères pour donner le ton d’une nouvelle politique. Dans le papier consacré à cette nomination, nous avions évoqué une prise de contrôle de facto de Larijani, les images de la semaine le confirment car on n’a plus vu Rafsandjani sur aucune photo officielle regroupant l’ensemble des dirigeants à l’occasion des 3 cérémonies religieuses d’Achoura. C’est énorme !

Ce n’est pas la seule énormité de la semaine. Le régime a aussi repris en main la gestion de son image avec le peu de partisans âgés qui lui reste.

Dimanche | La semaine a commencé avec une restauration de l’image islamique du régime détériorée par le boycott de la Journée de Qods. Le régime a annoncé l’arrivée en grande pompe de la délégation internationale de soutien au Hamas pour inaugurer la grande exposition pour l’anniversaire de ce mouvement de résistance. On peut en fait parler d’une publicité mensongère car la délégation était en fait formée de pauvres gens, elle a été accueillie par une quarantaine de musulmans étrangers, selon la presse, elle a été insultée par des employés municipaux et l’exposition n’a attiré aucun visiteur.
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Lundi | Le nouveau régime des mollahs a annoncé la création d’un nouveau corps de Bassidjis prêt à relever le défi de défendre le régime. En fait, les derniers partisans du régime ont inscrit leurs gamins sur la liste du Bassidj. Salaire : un bonbon.
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A partir de ce même lundi, le régime a également commencé le deuil d’Achoura qui devait avoir lieu le mercredi et le jeudi. Il a continué ces cérémonies jusqu’à ce samedi. C’est aussi de la gestion des troupes.

Normalement, pendant Achoura, les chiites se mortifient en se frappant la tête avec une lame pour partager la souffrance de Hossein, le petit fils de Mahomet, et de ses 72 compagnons, tués par l’armée du Calife du moment. En Iran, la tradition a toujours consisté à organiser des mortifications pendant deux jours : le 9e jour de Moharram appelé Tassoua et le 10e jour appelé Achoura, on doit se frapper avec la main, des chaînes ou avec des lames ou encore s’induire de boue... Puis le midi du second jour, on prie dans les mosquées et dans les rues. On finit enfin la commémoration par une reconstitution de l’événement dans une sorte de théâtre de rue appelé Taazieh et une nuit de prières et sanglots nocturnes dans les mosquées, les rues ou les cimetières. La tradition voulait également que tout au long de la commémoration, les mosquées organisent des banquets géants pour nourrir les fidèles.

Mais depuis des années, Achoura n’est plus commémoré avec faste par les gens simples ou par les Bazaris connus pour leur soutien à Khomeiny car l’Islam n’est plus synonyme de martyrs oeuvrant dans la voie du juste, mais de voleurs au pouvoir qui dépouillent le pays et appliquent un code pénal barbare pour terroriser la population.

La gestion générale du régime a fait déprécier l’Islam et ses figures comme Hossein. La prise de distance avec cette religion en Iran s’est dans un premier temps exprimée par la redécouverte du livre « 23 ans » d’Ali Dashti une biographie non embellie de Mahomet. Puis les Iraniens ont été très attirés par une lecture critique des textes sacrés islamiques par des gens qui ont été par la suite assassinés par le régime, le chanteur et intellectuel Farrokhzad et l’ancien ministre, écrivain et intellectuel Kourosh Ariamanesh qui a aussi écrit des textes sur l’identité antéislamique iranienne. A présent, tout animateur de télévisions iraniennes en exil qui veut de l’audimat consacre des heures entières à critiquer l’Islam, ses textes et ses martyrs et parle de l’identité antéislamique iranienne et ceux qui incarnent cette identité. Parallèlement en Iran même, de plus en plus d’Iraniens changent de religion ou se disent athées et font des demandes pour changer leurs prénoms musulmans en prénoms persans et non islamiques.

Pour l’ensemble de ces raisons, depuis des années, le régime des mollahs avait abandonné le rêve d’organiser de grandes processions urbaines de gens se mortifiant. Pendant les journées d’Achoura, il faisait état d’une certaine mobilisation alors que le peuple profitait de ces journées fériées pour prendre des vacances notamment sur la bordure de la mer Caspienne.

Le régime avait alors perdu de facto sa légitimité religieuse, mais il faisait état de cette légitimité en mettant en avant la mobilisation de ses troupes pendant les manifestations officielles comme la Journée de Qods, l’anniversaire de la révolution islamique, la Journée du Bassidj, etc… Mais avec le boycott des manifestations officielles par pratiquement tous ses miliciens de base, le régime devait faire état d’une forte mobilisation populaire car sinon il devait admettre la fin de toute légitimité.

C’est pourquoi à défaut de manifestants, le régime a changé la formule de la commémoration en l’étalant sur 9 jours et ses agences de presse ont publié des kilomètres de photos sur la commémoration dans toutes les villes et même à la campagne. Voici ces images avec celles des cérémonies religieuses officielles sans la présence du martyr de la semaine, Rafsandjani, désormais affecté à l’accueil des associations familiales…
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Lundi


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Khamenei + 5 membres du CDIR : Hachtroudi, Rezaï, Sadegh Larijani, ?, Rohani


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Larjani, ?, ?, Jannati, Khamenei


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Mosque du Bazar de Téhéran


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Mercredi (Tassoua)


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Bazar de Téhéran


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Bazar de Téhéran


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Gorgan (nord du pays)


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Karaj, banlieu de Téhéran


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Mach’had, ville sainte


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Téhéran à proximité du Bazar


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Téhéran à proximité du Bazar


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Tabriz


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Jeudi (Achoura)


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Téhéran à proximité du Bazar


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Téhéran à proximité du Bazar


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Khorram Abad, région très pieuse à l’ouest du pays


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Prière d’Achoura à Machad


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Il y a beaucoup de photos, mais globalement très peu de monde (même à Khorram Abad). Selon un correspondant à Téhéran, les Bazaris ont rompu avec la tradition pour organiser des cérémonies religieuses et des banquets à leur domicile pour des séances de prières mais sans aucune présence du clergé pour marquer leur distance avec cette mise en scène du régime.

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Etat de siège | Parallèlement à ce tapage, le régime devait organiser une manifestation pour sa fausse opposition qui est un outil politique indispensable. La semaine dernière, le régime avait mis en avant la pollution pour expliquer une possible absence de mobilisation. Mais il a plus trois jours de suite et le régime ne pouvait pas décemment parler de pollution. Il a alors parlé d’une ambiance d’Etat de siège à Téhéran ! Mais étant donné qu’il a été abandonné par ses miliciens, il a diffusé très peu d’images pour montrer cet obstacle à l’épanouissement de sa fausse opposition. Seulement 3 vidéos ont été postées sur Youtube !

Sur la première, on voit une cinquantaine de motards en tenues noires des bassidjis.
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Sur la seconde, on voit des gens en tenue vert foncé : ce sont des bidasses. La scène a lieu à proximité d’un pont aérien sous lequel se réunissent des chômeurs pour attendre les entrepreneurs. Le régime a posté des bidasses un peu avant ce lieu de rendez-vous pour donner l’illusion que ces gens sous le pont sont des bassidjis en embuscade !
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Sur la troisième a été intitulée : les partisans du Mouvement Vert en train de se frapper entourés par les méchants Bassidjis. Il y a en tout une trentaine de personnes avec des spectateurs de cette étrange mise en scène !
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Jeudi détonnant | Alors que le peuple entier a boycotté les mosquées et lâché ce régime et les plus croyants ont organisé des séances de lecture de coran chez eux, le régime a été frappé par une bombe contre une mosquée de la ville de Chahbahar par le groupe armé le Jundallah qui est financé par Washington. L’Etat américain qui veut le maintien de ce régime pour prendre son contrôle a ainsi tenté de rebooster la ferveur islamique des Iraniens. Le régime et CNN ont fait état de 50 morts et 80 blessés en montrant des images du peuple en larme en train de se mortifier. Il n’existe à notre connaissance aucune image de la mosquée visée et rien qu’une seule photo d’une victime. Par ailleurs, moins d’une centaine de personnes se sont déplacées pour pleurer ses 130 victimes. Nous doutons donc de la réalité du récit de cette frappe reconnue par le Jundallah.
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En dehors de la publicité du CNN, la semaine a été un véritable fiasco en termes de mobilisation. Le régime qui avait perdu le peuple, ses miliciens, les Bazaris, le clergé et donc sa légitimité politique, il a également perdu sa légitimité religieuse !

Que faire ? Le régime a rallongé Achoura en organisant un défilé trois jours la fin de la commémoration avec ses commandants des Pasdaran qui lui restent fidèles car en raison de leur poste à responsabilité à la police, dans les prisons… Nous avons publié la photo car nous avons la certitude que leur nombre diminuera.
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Samedi | Le régime est pleinement entré sous l’administration Larijani avec l’intronisation du nouveau ministre des affaires étrangères, le « pro-nucléaire Salehi », en l’absence de son prédécesseur qui a boycotté la cérémonie. Ce terroriste notoire peut ainsi être reconnu comme un modéré.
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La Junte | Le même jour, le régime a organisé une conférence en honneur de l’Unité entre l’université et les écoles coraniques pour remplacer la Journée de l’Etudiant qui devait célébrer la même chose, mais qui n’a pas pu avoir lieu faute de manifestants après la rupture de la milice universitaire. Cette farce dédiée à un mollah jadis éliminé par Rafsandjani a été présidée par le frère du nouveau patron, Sadegh Larijani qui dirige le ministère de la justice et des lapidations. Il siège aussi au Conseil de Discernement !
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La nouvelle politique du régime se précise au fil des jours. Après avoir mis en avant sa fermeté sur le plan nucléaire par le discours de son chef Ali Larijani devant les journalistes, puis son islamisme dans la conférence animée par Sadegh Larijani, ce dimanche le régime a appliqué le plan de suppression des subventions en multipliant le prix de l’essence par 7, le prix d’électricité par 12, le gazole par 10, la farine par 40.

C’est un geste d’autorité alors qu’il n’a pas la moindre troupe pour résister à des émeutiers. C’est un geste de culot. La politique générale du régime sera basée sur le culot.

Cela montre que l’idée de provoquer une grève au Bazar pour insinuer un effondrement du régime pour déplacer le peuple avait sans doute été proposée par Larijani. L’idée d’une médiatisation autour Sakineh pour devenir infréquentable a sans doute été proposée par Larijani qui l’a mené à bien avec son frère Sadegh qui siège aussi au Conseil de Discernement.

Le régime va tout oser car il n’a plus rien à perdre. Il va mettre Washington à l’épreuve pour voir s’il va au bout de ses bluffs.

Cette nouvelle direction ne négligera aucune piste, puisque les médias du régime ont mis à l’honneur Mohammad-Javad Larijani (ci-dessous), le frère des deux autres. Il est chargé de la section « droit de l’homme » du ministère de de la Justice et des lapidations. Sa particularité est dans son goût pour des formules très limite puisqu’il défend les pendaisons collectives en citant le taux élevé de natalité et a l’habitude de traiter Obama de « ce négro » ! Cette nouvelle direction du régime des voyous désespérés va vous en faire voir de toutes les couleurs.