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Iran : Le 11 février, une journée de déprime (photos)
12.02.2010

À l’occasion du 31ème anniversaires de la révolution islamique, le régime avait sans cesse annoncé une marée humaine en faveur de ses choix politiques. Le Mouvement Vert qui lui dispute la direction idéologique de la révolution islamique avait pour sa part évoqué une mobilisation encore plus forte, une seconde révolution islamique pour sauver les principes de Khomeiny. Les images issues de leurs propres sites sont explicites : la mobilisation a été nulle dans les deux cas : 5000 manifestants pro régime, 100 manifestants pro verts. Les Iraniens ont en fait boycotté la REVOLUTION ISLAMIQUE dans ses deux versions.



Pendant des années à chaque manifestation officielle ou élection, les Iraniens jeunes ou vieux avaient deux choix : participer ou rester chez eux et alors avoir droit à une interdiction d’accès aux études ou subir un licenciement. Le régime s’assurait ainsi la présence massive des Iraniens à ses rendez-vous de renouvellement médiatique des voeux avec la révolution islamique. La menace du licenciement a perdu de son impact du moment où les fonctionnaires ont commencé à gagner plus avec leur second ou troisième métier. Dans le même temps, la menace de la radiation scolaire a aussi perdu de sa force du moment où les jeunes étaient obligés de quitter rapidement l’école pour travailler afin de venir en aide à leur famille. Le régime a perdu sa capacité de mobilisation par la contrainte à cause de ses choix économiques privilégiant l’import-export à la production des biens ou services. Sa capacité de mobilisation est alors tombée de centaines de milliers à des dizaines de milliers. Il a alors reporté ses efforts sur les familles des bassidjis, les anciens combattants invalides qui vivent de maigres allocations sociales ou encore des chômeurs ou paysans désoeuvrés payés à la journée qu’il déplaçait en bus pour déverser sur les lieux des manifestations. En parallèle, il a mis en place des stands de distribution de biens de consommation ou de soins dentaires (hors de prix en Iran) pour attirer les urbains qui le boycottaient. Malgré cela, la tendance ne s’est pas inversée car la pauvreté avançait et les cadeaux distribués ne pouvaient pas égaler une journée de salaire.

Il y a 2 ans, le régime a connu une nouvelle fonte de ses réserves de manifestants avec le début des sanctions américaines. Ces sanctions privent l’Iran de devises nécessaires pour acheter des biens ou produits, il y eut un début de pénurie qui a provoqué une flambée des prix, les bassidjis et autres piliers des manifestations ont à leur tour été touchés par les problèmes de pauvreté extrême et ont dû rejoindre la cohorte des Iraniens à 3 métiers. Le point culminant de cette fonte a été la manifestation le 11 février 2009 du 30ème anniversaire de la révolution islamique à Téhéran, sur la place Azadi.

Les médias officiels ont montré une vue générale depuis la tribune où Ahmadinejad parlait : la place Azadi qui a une capacité de 500,000 manifestants était bondée. Mais cela n’était pas la réalité. La caméra ne balayait pas toute la place, elle montrait une vue très partielle de la place : uniquement la foule amassée devant la tribune. Sur la base d’un témoignage d’un photographe amateur, nous avons su qu’il y avait environ 15,000 personnes sur les lieux, attirées par la promesse d’une distribution géante de biens ou produits alimentaires. Cela veut dire que le régime n’avait pas pu trouver plus de monde dans tout l’Iran pour sauver les apparences.

Cette année, nous avons vu les mêmes images prises depuis la tribune montrant une place Azadi encore plus bondée. Le régime a même parlé d’une foule de 5 millions de personnes dans une place qui peut en contenir 500,000. Les médias de pays favorables aux mollahs ont répété cette annonce et diffusé les images, mais cette fois nous avons mieux que le témoignage d’un anonyme : des vues d’hélicoptère de la place signées par l’agence Mehr : de 15,000 en 2009 la foule est tombée à 5000 personnes ! C’est un cataclysme pour le régime qui prétend avoir des millions de miliciens fidèles. (cliquez sur l’image pour agrandir)

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Ce cataclysme est dû à un facteur très simple : des difficultés économiques plus grandes. À court de devises, le régime ne peut plus approvisionner le marché des produits alimentaires. Pour éviter des pénuries susceptibles de provoquer des émeutes, il a décidé de réduire le pouvoir d’achat des Iraniens en supprimant les subventions qui maintenaient les prix bas et il a aussi réduit les salaires. Dans ce même contexte, il ne pouvait pas distribuer gratuitement des produits achetés chers à l’étranger, il a aussi baissé la rémunération pour récompenser les manifestants professionnels, elle est désormais de 2 à 5 dollars par jour alors qu’elle était de 20 dollars, il y a deux ans.

Nous avons commencé cet article en affirmant que pendant des années à chaque élection ou manifestation officielle, les Iraniens avaient deux choix (participer ou boycotter), cette fois, ils avaient trois choix avec l’alternative de manifester en faveur du Mouvement Vert. Mais puisque ce mouvement est issu du régime, dirigé par des gens à l’origine des mauvaises gestions qui ont ruiné un pays richissime et qu’en plus il parle d’assumer le bilan de la révolution et recommande une nouvelle révolution islamique, comme les fois précédentes, personne n’a été au rendez-vous du Mouvement Vert !
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Ce n’est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière fois. Cependant puisque Téhéran a besoin de cette fausse révolution de couleur pour donner un cachet démocratique à l’amour pour la révolution islamique, il a continué à diffuser des images faussement floues et au ras des fesses pour cacher le manque de participants.

Ce niveau de participation a aussi contraint le régime à diffuser les rumeurs usées de miliciens en civil qui auraient empêché les chefs de ce Mouvement d’être dans les rues à côté de leurs partisans : les 100 vus ci-dessus en train de courir entre les autos et les bus dans une ville indifférente à leur geste.

Le nombre des participants à ces rassemblements Verts est d’une très grande importance. Depuis le début de son lancement, cette fausse révolution de couleur dispose d’environ 3000 participants généralement jeunes. Le fait qu’on n’en ait pas vu plus d’une cinquantaine hier n’est pas le signe d’un lâchage, mais le fait que le régime les a affectés à sa manifestation officielle qui était plus importante à ses yeux. C’est pourquoi hier celle-ci était peuplée de personnages aux allures plus soignées que d’habitude à côté des derniers « fidèles » au régime qui sont les invalides de guerre ou les femmes, deux catégories qui gagnent moins de 2 dollars par jour.
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Il y a trente ans, le régime mobilisait les foules par la peur de ses punitions. Hier, il n’a mobilisé que 2000 personnes (si l’on retire les 3000 Verts replacés). Le régime n’impressionne plus personne. C’est la fin de la crainte qu’il inspirait. Une sanction de plus, une pénurie, une émeute, et il tombe. Mais c’est bien là le problème, l’Occident apprécie ce régime et s’invente des excuses (comme le soutien aux « sympathiques opposants verts ») pour retarder ce coup fatal.


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| Mots Clefs | Resistance : Boycott |

| Mots Clefs | Institutions : Commémorations & Manifestations de Masse |
| Mots Clefs | Institutions : Fausses Manifs |</font
| Mots Clefs | Institutions : Désinformation et fausses rumeurs |

| Mots Clefs | Réformateurs & faux dissidents : Le Mouvement Vert |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Mir-Hossein Moussavi |