Iran Resist - Iran : La semaine en images n° 52

Iran : La semaine en images n° 52
15.02.2009

Le 52e numéro de la semaine en images (1 an déjà) est consacré presque entièrement à une version off du principal événement de la semaine : la grande manifestation du 30e anniversaire de la révolution islamique.

Le 10 février 2009 restera comme le mardi noir dans les anales du régime des mollahs, bien que les attachés de presse du régime des mollahs aient évoqué une marée humaine de centaines de milliers de manifestants ! Même, les photos officielles au niveau du sol prouvent le contraire. (cliquez sur l’image pour agrandir)

Dès le lendemain, sur la base de la carte du lieu (ci-dessus) et des photos trafiquées des agences de presse iraniennes, nous avons évoqué une très faible mobilisation de l’ordre de 15,000 personnes, ce qui est une goutte d’eau pour Téhéran qui compte 7 millions d’habitants intra-muros et 12 millions avec ses banlieues. Cela voulait dire que même les miliciens attachés au régime et leurs familles nombreuses avaient boudé cette manifestation et par leur absence répondu négativement à l’appel des dirigeants qui avaient demandé une présence massive comme un nouveau référendum en faveur du régime. Il est clair que les habitants à plus de 99,6% ont dit non aux mollahs. Restait à élucider le mystère de ces 15 milles personnes !

Bénédiction | Par une chance inouïe, nous savons désormais pourquoi ces 15,000 personnes se sont déplacées. Un jeune Iranien muni d’un téléphone portable a arpenté le parcours de la manif et fait discrètement et à l’insu des forces de l’ordre un détonnant reportage photographique qui explique le mystère. Les mollahs avaient installé sur le parcours deux Stations de Bénédiction ou guichets de distribution de produits alimentaires (pour attirer les parents) et des coffrets de CD vierges (pour attirer les jeunes).

La première Station de Bénédiction était à quelque 2 Km de la Place Azadi, lieu du rassemblement pour le discours d’Ahmadinejad, pour engager le peuple dans l’avenue Azadi. Quant à la station suivante, elle avait été installée à l’entrée de la Place pour les attirer dans ce lieu et faire les photos qui attesteraient de la présence massive des Iraniens pour écouter leur président.

Le journaliste d’un jour qui se prénomme H. a fait réellement du beau travail, preuve que le journalisme ne s’apprend pas dans une école, et aussi que l’on peut être un opposant efficace sans s’attirer des ennuis. Nous le saluons vivement. Sur son blog que par mesure de sécurité nous gardons secret, on peut trouver la totalité des photos réalisées ce jour avec des commentaires sans complaisance : pour lui, les manifs des mollahs sont indissociables des Stations de bénédiction !

H. s’attend même à ce que le régime annonce leur officialisation pour s’assurer d’une participation populaire dans une société ravagée par la misère, une société où désormais on fait la distinction le seuil de pauvreté (85% de la population) et le seuil de la faim. H évoque aussi la présence attristante des mendiants, des vendeurs à la sauvette, autorisés ce jour pour compléter l’offre de produits proposés par les 2 stations de Bénédiction. H montre aussi la distribution de plats chauds, de gâteaux et des sodas et finalement les affiches à la gloire du régime piétinées par un peuple affamé et sans illusion. Regardez c’est l’Iran, un pays qui dit non aux mollahs aussi bien en boycottant leur anniversaire qu’en piétinant leurs symboles.

Les CD

un usage pragmatique du drapeau Palestinien, accessoire des manif pro-Hamas

Les vendeurs à la sauvette

La soupe populaire

un fourgon de la milice des moeurs

Unes | Ces images d’H, vous ne les trouverez pas sur les sites du régime. Les mollahs sont conscients que Téhéran est le reflet du pays tout entier. C’est pourquoi ils ont ordonné aux principaux quotidiens nationaux de mettre à leur UNE la même image de la grandiose manifestation de Téhéran, image travaillée pendant des heures sur Photoshop pour évoquer une marée humaine !

comme si de rien n’était | Et comme on pouvait s’y attendre, aucun des soi-disant dissidents du régime n’a dénoncé ce procédé pour aider le peuple à se faire entendre. Vous n’entendrez pas Shirin Ebadi parler de cette misère. Comme tous les autres soi-disant dissidents, elle travaille dans l’intérêt du régime, en dénonçant uniquement les pressions sur d’autres faux dissidents ou encore sur les soi-disant « modérés », de vieux mollahs que l’on reconnaît à leurs mains potelées qui n’ont jamais travaillé.

Il y a un autre Iran que celui de Delphine Minoui, de Bernard Hourcade, d’Arte, un Iran peuplé de jeunes iraniens aussi inventifs que notre ami H. Cet Iran attend un petit coup de main pour chasser les mollahs.

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