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Iran : Un nouveau format de sanctions
03.03.2010

En visite à Paris, le président russe Medvedev s’est dit disposé à sanctionner l’Iran, mais tout en évitant des sanctions susceptibles de provoquer de drames humanitaires. Or, les « sanctions qui ne provoquent pas de drames humanitaires » sont tout simplement des sanctions non-économiques. Moscou vient de donner son accord pour des sanctions qui sont des réprimandes.



Tout au long de l’année 2009, Washington a sans cesse agité la menace de sanctions unilatérales très lourdes voire fatales à l’encontre des mollahs s’ils refusaient son offre d’entente entre les deux pays. Il a agi ainsi car il a besoin des mollahs pour soulever les musulmans chinois de la très riche région chinoise du Xinjiang afin de mettre KO la Chine. En face, les mollahs ont toujours refusé car une entente les obligerait à autoriser le retour en Iran des opposants proches de Washington, intrus qui pourraient prendre le pouvoir au sein de leur régime.

Tout au long de ces mois, la Russie s’est globalement opposée aux sanctions non pas par amour pour la Chine, mais parce que les mollahs sont ses alliés régionaux pour bloquer le passage de gazoducs au travers de la Mer Caspienne afin de garder l’Asie Centrale enclavée et dépendante de la Russie. Par ailleurs, elle ne peut tolérer une agitation islamique dans la région car elle gagnerait vite la Tchétchénie puis la Sibérie, sa principale région pétrolière qui est aussi partiellement musulmane de par sa population tatare.

Cependant, ce ne sont pas l’opposition de la Russie et celle encore plus connue et évidente de la Chine qui ont retenu les Etats-Unis à mettre à exécution leurs menaces de nouvelles sanctions plus fortes, mais la peur américaine de voir leurs futurs alliés trop affaiblis s’effondrer sous le poids de nouvelles sanctions face à une population en révolte.

En quelque sorte, c’est le refus des mollahs qui a sauvé la Chine et la Russie ! Par la nécessité d’une entente avec Téhéran, de plus en plus affaibli, Washington a dû renoncer à ses sanctions unilatérales pour exiger des sanctions adoptées à l’unanimité au Conseil de Sécurité, ce qui est de l’ordre de l’impossible. Dans cette situation, on peut au mieux espérer des résolutions sans sanction.

Washington a ainsi évité un renforcement des sanctions qu’il avait promises aux Américains chauffés à blanc par des propos anxiogènes sur les capacités nucléaires imaginaires des mollahs pour justifier le langage de l’intimidation.

Cependant, il est certain que Téhéran refusera toujours l’offre américaine d’une entente quel que soit l’état de son affaiblissement dans la guerre d’usure menée par les sanctions américaines existantes, ce qui sous-entend qu’il n’acceptera aucune des résolutions onusiennes à venir et finira par mettre ce Conseil en demeure d’appliquer de nouvelles sanctions. C’est pourquoi Washington est aussi entré dans une stratégie de blocage délibéré de nouvelles résolutions via ses petits alliés siégeant au Conseil de Sécurité comme la Turquie ou le Brésil qui s’opposent à la moindre résolution. Hier en visite au Brésil, Clinton a déploré les réticences de ce pays qui « repoussent l’adoption d’une nouvelle résolution de plusieurs mois ». C’est bien pratique. Cependant en prévision à cette résolution que l’on retarde, mais que l’on ne peut éviter et qui l’obligera un jour à adopter des sanctions contre les mollahs, Washington a dernièrement inventé le concept de « sanctions formatées pour ne pas maltraiter les Iraniens », ce qui est une manière pour désactiver toutes nouvelles sanctions économiques (susceptibles de provoquer un soulèvement populaire). Téhéran échappe ainsi à un effondrement à risque pour Washington, mais aussi pour Moscou et Pékin.

Dans ce contexte où tout est bloqué en amont, tout le monde peut se dire partisan des sanctions contre Téhéran comme vient de le faire la Russie. Il ne manquerait plus que la Chine !


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Pour en savoir + :
- Iran : Efforts à bâbord et à tribord
- ( 17 février 2010)

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