Accueil > Articles > Obama - Iran : Apaisement et embarras



Obama - Iran : Apaisement et embarras
18.01.2010

Selon les différentes agences de presse, « les représentants du groupe des Six (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France, Allemagne) ne sont pas parvenus à s’entendre samedi sur de nouvelles sanctions contre l’Iran. Ils ont toutefois convenu de se réunir à nouveau avec des représentants iraniens pour débattre de la proposition de l’AIEA prévoyant l’enrichissement à l’étranger d’une partie de l’uranium iranien ». Il aurait été plus simple de dire qu’à l’issue de leur rencontre pour évoquer le refus iranien de tout dialogue, les Six ont décidé de poursuivre ce dialogue de sourds.



Tout au long de ses mandats, Bush a sans cesse renforcé les sanctions contre Téhéran, tout en proposant de les lever et couvrir les mollahs de cadeaux si ces derniers cessaient leurs activités nucléaires et acceptaient de s’asseoir à la table des négociations pour résoudre tous les problèmes entre les deux pays, c’est-à-dire pour arriver à une entente.

Les mollahs ont toujours dit non, comme à Bush, car une entente passe par une normalisation des relations, une évolution qui lui imposerait de renoncer au Hamas et au Hezbollah, leurs leviers de pression régionale sur les Etats-Unis. Au nom de la même évolution, ils devraient aussi ouvrir leurs élections à tout candidat qui se dirait islamiste, ce qui serait une occasion en or pour des politiciens iraniens islamistes mais pro-américains de prendre le pouvoir de l’intérieur.

Une entente avec les mollahs étant vitale pour les intérêts des Etats-Unis en Asie Centrale, en réponse à ce refus définitif, Washington aurait dû renforcer les sanctions, mais en juillet 2008, il a assoupli sa position. Condoleezza Rice a annoncé que les Etats-Unis n’avaient « pas d’ennemis permanents, mais des intérêts permanents ». Par la suite lors de la campagne présidentielle, les deux candidats ont affirmé que le dialogue avec Téhéran était nécessaire. En fait, à la même époque, Washington s’était aperçu que ses sanctions avaient trop affaibli les mollahs et que plus de sanctions risquaient de renverser ses futurs alliés stratégiques. Il fallait jouer l’apaisement (à titre d’exemple : Bush avait alors annoncé des nouvelles sanctions qui étaient d’anciennes sanctions peu connues).

apaisement et embarras | Etant donné qu’à cette époque Téhéran acceptait les négociations, mais pas l’arrêt de ses activités, au moment du changement d’administration, Washington a mis de côté la clause de la suspension des activités nucléaires pour proposer via Obama un dialogue direct et sans condition préalable sur n’importe quel sujet qui oppose les deux pays..

Cette offre a mis le régime des mollahs dans l’embarras, mais il a néanmoins refusé car il ne veut pas des conséquences d’une entente avec les Etats-Unis. Ce refus a mis Obama dans l’embarras face à sa propre opinion publique car il l’obligeait d’évoquer l’adoption de nouvelles sanctions, c’est-à-dire ce qu’il devait éviter pour ne pas renverser les futurs alliés stratégiques des Etats-Unis.

De cet embarras est né l’ultimatum expirant le 31 décembre 2009 accompagné de la menace d’un embargo sur l’essence. Cette mesure est susceptible de provoquer un soulèvement populaire capable de renverser les mollahs. Elle a calmé l’opinion américaine et permis à Washington de continuer jusqu’au 31 décembre 2009 sa pause dans l’adoption de nouvelles sanctions pour éviter la chute de ces mollahs dont il a besoin. Sur la base d’infos sur l’état économique de l’Iran, Washington jugeait le régime fragile et espérait qu’il cède avant cette date limite de 31 décembre 2009.

Au cours de cette période, Washington a tout tenté pour faire asseoir les mollahs à une table de négociations. Il a expédié en Iran de nombreux émissaires avec les bras chargés de cadeaux. Il a impliqué les mollahs dans des négociations internationales. Il leur a fait la proposition intéressante d’un échange de leur stock d’uranium contre du combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran. Il a également obtenu l’adhésion de la France à l’embargo, elle qui est un des fournisseurs d’essence de l’Iran. Et enfin, il a aussi obtenu l’adhésion de la Russie aux sanctions, une adhésion d’autant plus importante que ce pays aurait pu devenir un fournisseur alternatif d’essence à l’Iran.

Rien n’a fonctionné. Dans le même temps, les mollahs ont puisé dans les comptes bancaires des Bazaris pour tenir le coup. Le délai a expiré et Obama se retrouve avec le problème rencontré en février 2009 : trouver un moyen pour éviter de nouvelles sanctions (surtout l’embargo).

Washington n’a pas mis trop de temps pour trouver la solution. Dès le mois de décembre 2009, il a oublié qu’il avait désormais toutes les cartes en main pour appliquer un embargo et a demandé de nouvelles sanctions onusiennes, impossibles en raison du refus de la Chine, mais aussi d’autres membres du Conseil de Sécurité.

Dès lors, il était écrit qu’il n’y aurait pas de nouvelles sanctions ce week-end à New York. On peut aussi prédire qu’il n’y aura pas de sanctions onusiennes dans les mois à venir, mais il ne faut pas en blâmer la Chine : le seul fautif est Washington qui a le moyen de toutes les sanctions, mais s’y refuse.


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Pour en savoir + :
- Iran : Petit aperçu de l’année 2010
- (2 DÉCEMBRE 2009)

Pour en savoir + :
- Iran : Obama va atteindre le seuil de l’absurdité
- (22 SEPTEMBRE 2009)

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Chine |