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Iran : 100% mobilisé pour casser la contestation
08.07.2009

Le régime des mollahs ne veut pas et ne peut pas devenir modéré car dans ce cas il perdrait sa capacité de nuisance régionale qui fait sa force. Il doit dans le même temps manœuvrer pour éviter de nouvelles sanctions pour ses nuisances. Dernièrement, il a cru avoir trouvé la solution miracle avec sa propre révolution de couleur, verte islamique, pour avoir l’air démocrate tout en régénérant les valeurs révolutionnaires et islamistes. Dans le cadre de cette opération, il lui fallait des manifestations de masse, mais l’opération lui a échappé : la révolution verte s’est transformée en révolte anti-régime. Après avoir maté la révolte, le régime a programmé de reprendre la révolution verte le 9 juillet et prépare le terrain pour éviter un nouveau débordement.



Une révolution verte | Il y a un mois, Téhéran avait décidé mettre en scène une vaste contestation des résultats électoraux pour transformer Moussavi, authentique produit de la révolution islamique et membre influent du premier cercle du pouvoir en un héros démocrate par une révolution verte conçue à Téhéran et non à Washington. On a alors assisté les 13 et 14 juin à des manifestations de quelques milliers de personnes hostiles à Ahmadinejad scandant des slogans favorables à Moussavi. Vu la publicité qui en a été faite sur la chaîne américaine VOA-Farsi, on peut supposer que les Américains avaient été mis dans la confidence sur la forme, mais pas sur le fond. En réalité, Téhéran espérait engager les Occidentaux et en particulier les Américains à prendre le parti de ce candidat soi-disant modéré, ce qui aurait été synonyme d’une légitimation globale de son programme nucléaire en tout point identique à celui d’Ahmadinejad.

Dérapages | Obama trompé dans un premier temps a très vite compris son erreur et a décidé de ne plus parler de Moussavi. Mais entre temps la situation a échappé au régime car le 15 juin, deux jours seulement après le début de ce show, des millions d’Iraniens sont descendus dans la rue pour contester le régime.

2nde révolution verte | Après 10 jours de laisser-aller, le régime a retrouvé ses repères et réussi à reprendre le contrôle des villes notamment en cessant les courses-poursuites et en se contentant de verrouiller les connexions qui permettaient de former les vagues humaines de plusieurs centaines de milliers de marcheurs. Le 25 juin, il a réussi à immobiliser les Iraniens.

Il a alors décidé de reprendre sa révolution verte selon le scénario initial axé sur Moussavi tout en ayant à l’esprit qu’il risquait à nouveau de se laisser déborder. Le régime a décidé de prévoir des mécanismes pour contrôler la situation : avoir la foule massive, mais pas de débordement.

mécanismes anti-débordement | Pour y parvenir, il a annoncé l’autorisation de plusieurs manifestations et le droit de crier Allah Akbar la nuit, ce qu’il avait précédemment interdit. Il a aussi proposé une manifestation géante pour le 9 juillet, une date très populaire parmi les opposants en exil, et 3 dates intermédiaires : le lundi 29 juin, le jeudi 2 juillet et le lundi 6 juillet sans signification. Il espérait décourager la majorité des participants à la 1ière vague de contestation de ne pas se déplacer afin d’éviter d’être récupérés.

la hantise du 9 juillet | Cette approche n’a pas fonctionné car les meneurs de la révolte ont saisi la balle au bond pour affirmer leur volonté de descendre massivement dans les rues le 9 juillet. Cependant, il n’y eut aucune participation aux dates intermédiaires : le régime s’est retrouvé seul avec ses manifestants professionnels, bien peu nombreux et incapables de grossir leurs rangs en appelant les passants à se joindre à eux ! Après une première manif ratée qui a réuni moins de 800 personnes, les autres dates ont été annulées et le régime a décidé de trouver le moyen pour gérer le 9 juillet. Prévoyant une très forte participation au niveau national, synonyme d’une journée chômée, autrement dit une grève générale, Téhéran a lancé l’idée de 3 jours de grève nationale les 6, 7 et 8 juillet, sous couvert d’une retraire religieuse autorisée par la loi. En fait, le 6 étant une journée religieuse fériée, le projet concernait les 7 et 8 juillet.

La sécurité du régime et sa survie étant en jeu, Téhéran a demandé à Sazgara, l’un de ses plus célèbres faux opposants en exil, de griller sa couverture pour inciter les gens à participer à ces journées chômées en allant par exemple massivement dans les mosquées ou sur le tombeau de Khomeiny. Le régime a aussi diffusé ce mot d’ordre via ses agents en Europe et des sites ou blogs pro-Moussavi !

Comme les dates de manifestations intermédiaires, ce projet a été un échec au point que sous prétexte d’une pollution trop forte, le régime a fermé toutes les écoles et les commerces le mardi avant d’annoncer une extension pour mercredi voir le jeudi noir du 9 juillet !

Il n’y a pas que le nombre des manifestants qui fait peur aux mollahs : ils ont aussi peur de leurs slogans. Dès le 25 juin, parallèlement aux efforts pour canaliser le flux, nous avons eu également droit à toutes sortes d’appels pour éviter les slogans hostiles.

Le premier à parler a été Moussavi lui-même : il a invité les manifestants à ne pas scander des slogans hostiles à la révolution islamique. Il a été suivi par Khatami qui a aussi exhorté les jeunes à éviter tout ce qui pourrait nuire à la révolution islamique.

Dans le même domaine, le faux opposant Sazgara a exhorté les jeunes à couvrir leurs villes de tags V de couleur verte (victoire de Moussavi) et l’association islamique des lycéens (affiliée comme les autres associations estudiantines au Bassidj) a invité les Iraniens à opter pour une marche silencieuse (pour devenir les figurants muets de la ville peinte en vert pour la révolution verte du régime). Cette association a expliqué son choix comme un moyen pour éviter une attaque des miliciens.

mécanismes d’intimidation | Dans le même temps, sous couvert de dénonciation des brutalités du bassidj, des inconnus ont diffusé sur le net des vidéos d’attaque des miliciens. Les images sont très différentes de celles filmées pendant les émeutes : l’image est bonne, le son limpide, on n’entend pas de cris de soutien des habitants du voisinage. En gros, le message est : vous serez seuls face aux miliciens. Cette violence mise en scène a ses limites : on n’y voit pas d’armes à feu qui ont pourtant bien été présentes et fait des ravages du 15 au 25 juin, mais uniquement des matraques comme l’affirment le régime ou ses représentants. L’absence de réalisme, de tension et de chaos est masquée par des commentaires off sur la dureté de la milice, voix off qui est la signature des films d’intimidation. Il y a aussi une erreur de tournage : un passant ignorant ce tournage sauvage traverse la scène, l’air surpris !
© WWW.IRAN-RESIST.ORG


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Parallèlement à ces images qui ciblent les médias en exil pour revenir à l’état de rumeurs grossies vers l’Iran, le régime a commencé la diffusion d’aveux de manifestants repentants sur les différentes chaînes iraniennes. Les uns se disent des ennemis de l’Etat influencés par la BBC et les autres affirment avoir agi sous l’emprise de la drogue pour tuer ou pour piller les honnêtes citoyens. Ce sont des images anxiogènes car les rumeurs parlent de pendaisons massives d’opposants sous l’appellation de trafiquants de drogue et d’agents de subversion au service de l’ennemi extérieur.
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Par des annonces faites en couches successives, le régime a installé une ambiance de terreur latente pour faire oublier son échec du 15 au 25 juin. Selon une récente déclaration du chef de la milice, cet échec était dû au fait que pendant ces 10 jours, le bassidj avait mobilisé uniquement 30% de ses forces, ce qui n’est plus le cas. Cette ambiance délibérément oppressante est renforcée par les appels à la délation et les annonces de réussite de cette initiative sur un site dédié, Gerdab.ir, dont le nom signifie tourbillon marin. Gerdab diffuse également des photos de soi-disant meneurs qui pourraient être des agents du régime, une manière de renforcer la suspicion entre les gens.

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Concrètement, le régime travaille les Iraniens au corps de manière continue, par couches successives de mauvaises nouvelles ou rumeurs anxiogènes, pour qu’ils restent loin de la rue et de la contestation. S’ils sont au rendez-vous du Jeudi 9 juillet, ce jeudi noir ce sera le constat de l’échec d’un régime 100% mobilisé.


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| Mots Clefs | Résistance : Manifestations hostiles au régime |
| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |

| Mots Clefs | Institutions : Démocratie (médiatico)-islamique |