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Iran : Manipulations hasardeuses d’un régime déboussolé !
15.06.2009

Les contestations qui ont suivi la réélection d’Ahmadinejad continuent : nous sommes submergés d’images, de rumeurs et d’annonces de répression. On parle de plus en plus d’une opération pro-américaine ou de troubles initiés par une tendance minoritaire pro-américaine dans le courant réformateur. Ces insinuations ne sont pas innocentes : Téhéran cherche à impliquer les Etats-Unis dans de soi-disant querelles internes du régime pour profiter de l’occasion et dénoncer une atteinte à sa souveraineté. Très prudemment, les Américains se gardent de faire les commentaires souhaités par les mollahs !



Ce à quoi nous assistons depuis hier soir est déjà arrivé dans l’histoire tumultueuse de la république Islamique. C’était en juillet 1999, deux ans après l’accession au pouvoir de Khatami.

Rappel historique | Il faut resituer les faits : en 1997, le régime a connu deux chocs frontaux. Son patron Rafsandjani a écopé d’un nouveau mandat d’arrêt international pour l’assassinat d’opposants Kurdes iraniens sur le sol allemand et plus grave encore, le régime a aussi été à nouveau sanctionné par la loi américaine Amato de 8 août 1996 qui interdisait tout investissement étranger dans le secteur pétrolier, source de 80% des revenus du pays. Pour répondre à ces deux cataclysmes, le régime a imaginé une restauration de son image via l’élection d’un président modéré qui fut Khatami, un ancien mollah chargé des commandos terroristes qui a été présenté aux médias comme un réformateur et modéré ! Pour justifier son élection, il a été confronté à un dur du régime le mollah Nategh Nouri (qui dans le grand jeu des chaises musicales du régime est aujourd’hui devenu un allié de Khatami et Moussavi).

Khatami-Clinton | Cette élection d’un soi-disant modéré a adouci l’application de la loi Amato, mais n’a pas débouché sur une levée de toutes les sanctions contre l’Iran notamment ceux qui pénalisent ses relations avec le Hezbollah. Deux ans après cette élection aux objectifs (presque) ratés, en 1999 Téhéran a mis en scène une révolte estudiantine avec la participation des membres de la milice estudiantine que l’on a présentés comme des jeunes épris de liberté. Des sites sortis de nulle part ont commencé à diffuser des récits terribles de torture de jeunes pour frapper deux cibles : l’opposition en exil et l’administration Clinton.

1999 | L’idée était de légitimer cette dissidence interne par un soutien populaire des opposants en exil et aussi de faire intervenir le président Clinton sous la pression conjuguée des opposants en exil et les récits cruels de torture de ces jeunes. Si Clinton avait fait ce pas dans la direction attendue, Téhéran aurait immédiatement dénoncé une tentative de déstabilisation d’un Etat souverain afin d’obtenir la preuve d’une absence d’hostilité américaine comme par exemple une levée de certaines sanctions.

Or, Clinton avait été prudent et n’avait pas bougé. On avait alors assisté à des appels aux calmes et à la fin prématurée de la révolte, Téhéran craignant un risque de dérapage. Le régime avait alors remplacé le show des manifestations et des affrontements urbains par la diffusion surmédiatisée des annonces d’arrestations massives de meneurs estudiantins et la diffusion via l’opposition en exil de récits de torture de quelques étudiants. L’opposition iranienne a ainsi créé des faux héros qui roulent aujourd’hui pour le régime et sont une vraie nuisance.

Cette fois aussi, nous sommes dans le même cas de figure : l’administration Obama n’a pas souhaité s’engager dans la polémique souhaitée par les mollahs et l’on parle déjà d’un appel au calme de Moussavi qui est, précisons-le, le cousin du Guide suprême ! On évoque aussi les premières annonces des arrestations massives !

Cependant là s’arrêtent les ressemblances car le régime a appris de ses erreurs : presque tous ces détenus célèbres (issus des services secrets du régime) ont été relâchés après le buzz médiatique de leur arrestation [1]. Il n’y aura probablement pas de récits de torture car cela a également été très contreproductif pour le régime.

Tout indique que le régime s’orientera vers un autre scénario plus efficace pour obtenir l’implication polémique des Etats-Unis : Moussavi a demandé une autorisation pour une marche pacifique entre deux grandes places de Téhéran où il officialisera sa demande de l’annulation du scrutin et celle d’un nouveau scrutin organisé en présence d’observateurs étrangers (américains, cela va de soi).

impliquer Washington | En avril dernier, Téhéran avait déjà essayé de provoquer cette présence américaine pour donner une légitimité absolue à son nouveau président qui doit refuser le dialogue avec Obama. Les Occidentaux n’avaient pas prêté d’oreille à cette demande. Téhéran y revient.

M. Shemshiri, historien et opposant en exil, avait récemment prédit ce scénario en précisant que le régime ferait d’abord élire Ahmadinejad avant de contester son résultat d’une manière spectaculaire pour obtenir une présence d’observateurs américains en Iran pour faire élire Moussavi qui a exactement la même politique nucléaire qu’Ahmadinejad, mais qui dans l’opération aurait gagné une légitimité mondiale pour la mener.

nouveau scrutin à risque | Cette hypothèse qui semble en voie de réalisation pose néanmoins quelques problèmes fondamentaux. Il faut d’abord que les Américains cèdent et s’engagent dans le processus, ce qui n’est pas gagné. Il y a ensuite certains risques pour les mollahs : le régime ne pourrait pas organiser un scrutin libre avec des urnes opaques qui arrivent prébourrés pour masquer l’abstention. Si le scrutin était libre et les urnes translucides, on verrait le degré de boycott ou alors le suffrage pourrait désigner un personnage exilé comme Reza Pahlavi qui est très populaire en Iran, transformant ainsi ce scrutin en un pied de nez aux allures de référendum anti-régime.

De plus si le régime acceptait de remettre en cause l’honnêteté de ce scrutin, il admettrait sa capacité à tricher ! Il remettrait de facto en cause ses précédents scrutins, notamment le référendum d’avril 1979 et aussi il devrait accepter une présence étrangère pour superviser toutes les élections à venir !

Les mollahs sont certes attirés par des mises en scène qui prouveraient la souplesse démocratique de leur régime, mais quand ils gardent la maîtrise des opérations et non quand ils devraient mettre leur avenir ou leur légitimité entre les mains d’autrui.

Les mollahs qui sont si malins viennent de faire une belle erreur tactique : les voilà coincés dans leur propre manipulation et en plus ils se retrouvent accusés de violences qu’ils ont mises en scène pour rendre crédible cette opération pour impliquer Washington.

sortie de secours | Ils pourraient opter pour un repli stratégique avec la solution intermédiaire d’un autre scrutin mais sans observateurs étrangers. L’idée vient d’ailleurs d’être émise par Khatami le faux réformateur de 1997 et artisan du programme de l’enrichissement. Ce véritable joker du régime a lancé un communiqué par sa fondation où il affirme que « l’annulation de l’élection et une répétition du vote dans un climat plus serein constituent la bonne manière de retrouver la confiance du public et la réconciliation nationale ».

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
On touche ainsi à la limite de la souplesse démocratique des mollahs ! On verra si ces soi-disant jeunes épris de liberté qui s’agitent actuellement continueront leur fronde en dénonçant cette mascarade pour aider le peuple iranien.

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Espérons également que les Occidentaux cesseront de compter sur une possibilité d’entente avec de pareils tricheurs et leurs jeunes complices, futurs dirigeants du régime, qui sont prêts à mettre en scène leurs propres mutilations pour manipuler l’adversaire.


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| Mots Clefs | Institutions : Démocratie (médiatico)-islamique |

| Mots Clefs | Institutions : Fausses Manifs |

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |

| Mots Clefs | Mollahs & co : Mir-Hossein Moussavi |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Khatami |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Rafsandjani |

[1Idoles des jeunes |Les personnes soi-disant arrêtées que le régime veut élever au rang de héros de la démocratie sont :
le sinistre Behzad Nabavi, ancien négociateur des preneurs d’otages de l’ambassade américaine, l’un des initiateurs des Comités, ces simili commissariats de la milice qui furent chargées de la répression au lendemain de la révolution, co-fondateur avec son ami Hajjarian des services secrets du régime sous le mandat de 1er ministre de Moussavi et enfin grand patron occulte du gaz iranien !
Mohsen Safaï-Farahani, ami de Behzad Nabavi et proche de Sazgara le fondateur des Pasdaran, associé avec Sazgara dans la construction immobilière, ministre de l’énergie sous Rafsandjani et l’un des patrons ripoux du foot iranien depuis 1997 (très mal noté par la Fifa).
Mohsen Mirdamadi, étudiant de la ligne d’IMAM (Khomeiny), ancien preneur d’otages de l’ambassade américaine, actuel 1er secrétaire du principal parti réformateur !
Mostapha Tadjzadeh, ex responsable du bureau politique du ministère de l’Intérieur en charge aux élections et également époux de la nièce du mollah Mohtashami le fondateur du Hezbollah,
Abdollah Ramezanzadeh, également issu du ministère de l’intérieur du régime, il est passé sous Khatami au ministère des affaires étrangères qui dépend des services secrets !
Mohsen Aminzadeh, complice de Khatami au ministère de la culture et conduite islamique (ministère de la censure),
ainsi que Saïd Shariati, Zohreh Aghajari, et les « journalistes » Taghi Rahmani, Hoda Saber, Reza Alijani, le bassidji Ahmad Zeydabadi et Kayvan Samimi.