Accueil > Photos > Iran : Poutine l’agitateur !



Iran : Poutine l’agitateur !

29.07.2022

Poutine [1] s’est rendu en Iran et les rumeurs se sont multipliées. Les « experts français » ont annoncé une alliance stratégique concernant la guerre en Ukraine. Les Américains ont dit qu’il y allait pour acheter des missiles. Ce qui est bien ridicule : Poutine s’était même moqué des capacités militaires ou balistiques des mollahs précédemment lors d’un interview. Il a lui-même démenti tout lien avec l’Ukraine en affirmant que sa visite concernait la Syrie. Pas tout à fait, en vérité. Il y est allé surtout pour perturber les conversations secrètes entre les mollahs et Biden. Explications.



Les mollahs sont sanctionnés par les États-Unis qui proposent également souvent un dialogue direct pour arriver à une entente avec eux. En fait, les démocrates américains [2] ont financé, fabriqué et organisé la révolution islamique en 1979 en Iran. Il s’agissait du premier maillon d’un programme d’islamisation des gouvernements des pays situés au sud de la Russie alors soviétique pour provoquer des soulèvements sans les républiques soviétiques de l’Asie Centrale de la pourtour de la Caspienne riche en pétrole et en gaz. Le programme (appelé Ceinture Verte) devait donner la suprématie pétrolière mondiale aux États-Unis et les libérer de leur dépendance au pétrole britannique (notamment BP) et arabe. Il permettait aussi d’éliminer le Shah [3] qui parachevait la modernisation et la laïcisation de l’Iran, en se rapprochant des Russes et des Européens, et pouvait servir de modèle à d’autres dirigeants de la région et du Maghreb.

Mais les pions islamistes de Washington n’arrivaient pas à mobiliser la population en Iran. Washington a dû faire appel aux mollahs pourtant connus comme étant des pions historiques essentiels des Britanniques. Les mollahs ont participé à l’aventure et ont volé la direction du régime islamique aux pions de Washington avant de les écarter en les accusant de terrorisme. Washington s’est mis à les sanctionner tout en multipliant les initiatives de dialogues pour parvenir à les convaincre de restituer le pouvoir à ses pions via des élections.

Grâce aux conseils avisés des Britanniques, les mollahs ont riposté par du terrorisme islamique, le Hezbollah, exclusivement dirigé contre les Américains et leurs alliés, la France, l’Allemagne et Israël pour neutraliser les sanctions. Cette approche n’a pas fonctionné. Affaiblis par les sanctions, les mollahs ont simulé une ouverture avec un président soi-disant modéré, Khatami, pour contenir les sanctions avec un semblant de dialogue et des pseudo changements démocratiques pour faire croire à une possible entente permettant le retour des pions de Washington. Mais ne désirant aucune entente, ils ont tendu la main aux Russes avec la visite de Khatami qui leur a demandé des armes et des centrales nucléaires pour agacer les Américains et contraindre ces derniers à renoncer à leurs sanctions. Les Russes n’ont pas cru à ce réchauffement, car ils ont vendu des armes et des centrales nucléaires civiles, mais sans les livrer dans les temps ou avec les capacités prévues. Ils ont juste surévalué leurs exportations et se sont contentés d’encaisser les dollars des mollahs. Ils ont aussi accepté de jouer les bons amis du régime en apparence pour agacer Washington dans le sens de leurs propres intérêts.

Dans les années 2000, les mollahs ont remplacé le soi-disant modéré Khatami par Ahmadinejad pour renforcer la pression sur Washington. Ils ont aussi tenté de renforcer les liens avec les Russes [4] et aussi les Chinois [5] en demandant l’adhésion à l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghai) pour paniquer les Américains et les forcer à renoncer à leurs exigences et d’accepter une entente sans exiger leur contrepartie historique. Les Russes et les Chinois ont maintenu des relations économiques en sens unique (comme fournisseurs) avec les mollahs sans leur accorder leur soutien stratégique en acceptant leur adhésion à l’OCS. Ils ont toujours utilisé les mollahs pour agacer Washington, mais les ont aussi parfois punis en apportant leur soutien aux sanctions quand ces derniers étaient en dialogue avec Washington ou prêts à écouter ses offres.

En France [6] et en Europe [7], aujourd’hui dirigées par des politiciens membres des cercles proaméricains comme les Young Leaders, il est d’usage de se moquer de Poutine et de la diplomatie russe se résumant à une froide agressivité. Il est aussi d’usage de louer la finesse de la diplomatie des mollahs alors qu’elle est empreinte d’un terrorisme sans scrupule et très agressif. Il s’agit d’écarter les Russes de tout dialogue et au contraire s’entendre avec les mollahs. Mais si on écarte les Russes des négociations, c’est en raison de la finesse diplomatique de ces maitres d’échecs qui combinent force et calculs et peuvent facilement perturber la diplomatie française (ou européene) désormais juste molle et grandiloquente, puisque suiviste et soumis à Washington.

Poutine, exclu de la diplomatie mondiale, a imposé ses objectifs aux mollahs en allant chez eux. Il savait que ces derniers allaient interpréter sa visite comme un soutien pour agacer Washington et se braquer. Il voulait les entrainer à se braquer et neutraliser les efforts d’apaisement de Washington, qui alarmé par la déstabilisation du régime sous la la contestation populaire, multiplie les initiatives de dialogue.

Poutine a agi avec une grande finesse, car il n’a rien promis aux mollahs et aussitôt qu’il a quitté l’Iran, ces derniers, à ses yeux transparents et prévisibles d’un point de vue diplomatique, ont réagi selon ses prévisions : ils ont bombé le torse et affirmé qu’ils refusaient de reprendre le dialogue.

Poutine, exclu de la diplomatie mondiale, a imposé ses objectifs aux mollahs en allant chez eux. Il savait que ces derniers allaient interpréter sa visite comme un soutien pour agacer Washington et se braquer. Il voulait les entrainer à se braquer et neutraliser les efforts d’apaisement de Washington, qui alLes Européens qui ont renoncé à toute vraie analyse depuis des décennies et produisent des conclusions attentistes par des journalistes sans envergure [8] [9] ont déploré ce blocage et ont flatté les mollahs, les encourageant à maintenir leur position.

Les Américains dépités par l’attitude des mollahs les ont accusés de vente d’armes à Poutine, laissant esquisser de nouvelles sanctions, mais ils n’ont pas été fins, car ils ont prêté foi à la propagande militaire des mollahs.

Poutine a dynamisé puis dynamité pour un temps les efforts américains d’entente avec les mollahs.

Washington conscient de la fragilité et l’impopularité extrême du régime islamique doit reprendre ses initiatives de dialogue. Il a tenté de neutraliser le soutien (perturbant) de Poutine aux mollahs et en affirmant qu’il leur avait envoyé un sosie. Les Français répètent l’insinuation sans rien y comprendre.

Les Britanniques [10] (fâchés avec les mollahs fin 2016 pour avoir enfin conclu un deal avec Obama & Hillary [11]) ont en revanche tenté d’imposer leur ligne et empêcher la reprise des négociations secrètes américaines en évoquant la répression des mollahs [12] [13] sans pour autant évoquer la contestation populaire [14] [15], car elle est patriote et ne peut déboucher sur un gouvernement qui satisferait leurs intérêts pétroliers. Les Français ont dû suivre aussi.

Conclusion. Les mollahs qui doivent aussi dialoguer [16], mais aussi rester fermes, n’ont pas commenté l’hypothèse improbable du sosie, car la Russie leur est utile. Ils songent visiblement à renouer le dialogue ou accepter une nouvelle initiative des Américains. Si les deux parties (mollah & Américains) montrent des signes de dialogue, Poutine devra reprendre son effort d’artificier en accordant de l’intérêt aux mollahs sans leur donner des atouts définitifs.

[11Fin 2016, les mollahs ont accepté de céder le pouvoir aux pions islamistes de Washington via une révolution de couleur en échage de 2800 visas américains sous de fausses identités iraniennes, syriennes et soudanaises avec en plus des Green Cards (la citoyenneté américaine) pour eux-mêmes et leur famille. Trump a contré ce deal par son décret contre les visas d’entrée pour les musulmans des pays concernés.