Iran : La semaine en images n°153 23.01.2011 Cette semaine, sous la pression des sanctions américaines, les mollahs devaient envoyer leur représentant à Istanbul pour la reprise du dialogue afin de trouver un compromis sur le nucléaire. Mais tout compromis passe par un apaisement bilatéral qui ne convient pas aux mollahs car ils seraient obligés d’autoriser les pions des Etats-Unis à intégrer la vie politique iranienne : ils seraient alors exposés à une révolution de couleur les conduisant de leur palais vers les prisons ! C’est pourquoi les mollahs étaient encore une fois en quête de provocations pour saboter le dialogue et aussi en quête de moyens pour neutraliser les sanctions qui leur imposent ce dialogue suicidaire. Cependant, cette quête a toujours valu plus de sanctions au régime des mollahs. Pour continuer cette même politique de provocations sous les sanctions sans s’effondrer économiquement, il a gelé les salaires et augmenté les prix pour baisser la consommation donc le volume d’importation des produits vitaux. Le régime a ainsi gagné du temps, mais en réduisant le pouvoir d’achat du peuple, il a annulé l’avantage salarial de leurs miliciens et perdu le soutien de ces derniers. Il repose à présent sur une base très réduite et doit faire attention à ne pas dire des choses susceptibles d’augmenter les sanctions sinon il risquerait de perdre le soutien de ses derniers fidèles. Il ne saurait organiser un quelconque rassemblement le 11 février prochain pour l’anniversaire de la révolution islamique : chacun verrait sa vulnérabilité… C’est pourquoi il a été amené à laisser de côté les provocations lourdes (tirs de missiles, slogans anti-israéliens ou menaces de guerre pétrolière) destinées à provoquer une confrontation avec le calcul que Washington finirait par capituler devant le risque d’une nouvelle guerre qui a en plus le désavantage de pouvoir nuire à l’approvisionnement pétrolier mondial. A présent, pour obtenir les mêmes effets, les mollahs se montrent plus discrets en tenant des propos en apparence modérés qui contiennent en fait des termes très précis insinuant des progrès alarmants en matière de fabrication d’une bombe nucléaire ! Ces progrès sont en fait fictifs car le régime est incapable de démarrer sans l’aide des Russes la centrale civile de Bouchehr, mais Washington n’en parle pas car il a besoin de la « menace nucléaire iranienne » pour sanctionner les mollahs afin de les forcer à accepter l’apaisement permettant le retour de ses pions en Iran. En revanche, Washington ne veut pas que cette menace utile pour sanctionner les mollahs puisse faire paniquer l’opinion américaine, c’est pourquoi il a laissé dire que le virus Stuxnet avait durablement amoindri la capacité nucléaire des mollahs ! Pour neutraliser cette annonce qui annule durablement la « stratégie de l’amplification de la crise », Téhéran a lancé une invitation à tous les pays surtout ceux du groupe des Six qui négocient aux côtés des Etats-Unis de se rendre en Iran pour visiter ses installations nucléaires afin de voir eux-mêmes ses progrès ! La semaine a commencé avec cette visite destinée à provoquer les Américains. Pour éviter que cette visite ne provoque un effet négatif sur les derniers fidèles du régime, ce dernier s’est montré discret à son propos et a mis l’accent sur le plan intérieur sur des programmes destinés à satisfaire l’opinion : des promesses de dialogue avec les Six, des promesses de lutte anti-corruption et anti-pollution et la diffusion de beaucoup de foot comme bouche-trou. Voici le résultat en images avec une chute inattendue mais cinglante. (vous pouvez cliquer puis zoomer sur les images pour les agrandir une ou deux fois) Quand le régime a lancé son invitation pour la visite de ses usines nucléaires, les Britanniques, qui sont les alliés historiques des mollahs et les adversaires historiques des Américains au Moyen-Orient, ne l’ont pas immédiatement rejeté via Mme Ashton qui est aussi le porte-parole des Six. Les Britanniques, mais aussi les Russes et les Chinois espéraient obliger Washington à reconnaître les « progrès nucléaires » pour l’engager dans l’escalade susceptible de le faire capituler. Ces trois puissances auraient ainsi sauver leurs alliés en commun : les mollahs. Mais devant le refus des Américains, les Britanniques se sont alignés. Les Russes et les Chinois ont aussi refusé. Puis, pratiquement tout le monde a refusé. Seulement le Venezuela, Cuba et la Syrie ont accepté d’envoyer un ou plusieurs émissaires. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Au vu des images, on peut dire que tout le monde pouvait accepter car les mollahs n’ont rien montré : la visite s’est réduite à des conférences au siège de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique !
On n’a vu aucune centrifugeuse ou installation, ni même de palette de combustible, uniquement des fioles étiquetées « Eau Lourde » et des boîtes de conserve étiquetées « Matières Radioactives » et exposées sans aucune précaution de sécurité pour les visiteurs ce qui montre que les spécialistes atomiques du régime n’ont même pas conscience de la vraisemblance !
Le bluff absolu ! Ce que le régime fait sans cesse depuis des années ! Le régime a cependant commis une erreur fatale en oubliant la vitrine de sécurité. Qu’importe la vérité car le détail n’a pas été relevé par les Américains qui ne veulent pas ridiculiser la « menace nucléaire iranienne » afin de ne pas saborder leurs sanctions. Dans le même temps, en l’absence d’émissaires des six Etats ciblés qui devaient s’agiter pour que le bluff prenne, le régime s’est retrouvé avec de pauvres images montrant surtout une incapacité nucléaire. Cela a interpellé les Iraniens qui payent le prix fort pour les bluffs du régime, mais aussi ceux qui le défendent encore… C’est pourquoi ces photos ont une diffusion plus que restreinte et les mollahs se sont mis en quête de diversions et d’intimidations ! © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Le dimanche 16 janvier a été une journée calme d’un point de vue de l’actualité politique car la visite nucléaire continuait. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
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Cette année pour rassurer les derniers fidèles du régime, il a parlé « des droits du peuple », mais sans parler explicitement du nucléaire. Il a aussi oublié de donner des ordres aux grandes puissances et il a surtout précisé qu’il restait « ouvert au dialogue ! » Autres différences avec la visite de 2009 : à l’époque, le régime avait parlé d’un rassemblement d’un million de personnes (sur une place qui a une capacité de 6600 personnes). Cette fois, il n’a donné aucune précision sur le nombre des Yazdis réunis car la mobilisation a été très basse. Il a de fait était obligé de trafiquer les photos pour gonfler la foule. Mais il a dû perdre ses meilleurs spécialistes de Photoshop car le résultat n’est pas terrible. Pour les photos de rue, le collage donne l’impression d’une chaussée défoncée : on voit clairement une ligne de démarcation entre les gens présents et les gens ajoutés.
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Ce même mercredi, les footballeurs du régime ont écrasé la modeste équipe des Emirats…
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Cela signifie que le régime sera sanctionné davantage et en conséquence pour continuer la même politique sans s’effondrer, il devra faire intensifier son plan de rigueur. Mais le vendredi est l’équivalent du dimanche, le régime a donc passé cette journée de provocations sans aucun risque. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Le régime a parlé de « sa disposition active à reprendre le dialogue à sa condition » rebaptisée « approche commune basée sur le respect des droits des peuples » pour ne pas utiliser des propos qui pourraient fâcher ses derniers partisans, surtout au moment où il ne peut pas organiser un rassemblement pour le 11 février afin de contredire les rumeurs de son affaiblissement. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Téhéran a participé au Buzz en évoquant une possible levée des charges à l’encontre de Panahi. Aussitôt à Paris, le très pro-américain BHL a pris la parole en faveur de Panahi (ci-dessous) comme il avait défendu Moussavi pour nier de facto l’existence d’une opposition laïque dans le sens des intérêts de Washington.
Mais comme pour ces fioles, personne n’en parlera. Qu’importe : nous l’avons vu, les Iraniens l’ont vu. Les fioles comme Panahi sont bidons. Ce régime repose sur du vent.
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