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Iran : Le retour de la punition américaine par le Jundallah
16.07.2010

Le groupe islamo-sépératiste, le Jundallah, financé par Washington, a encore frappé les Pasdaran en visant une mosquée de la ville de Zahedan où ils se réunissaient pour prier. Selon le Jundallah, 2 bombes humaines se sont fait exploser à quelques minutes d’intervalles devant la porte d’entrée de l’établissement en faisant plus de 100 morts. Téhéran a parlé de 20 morts et 55 blessés pour minimiser la frappe. Il est cependant impossible de vérifier car le régime n’a diffusé aucune image d’ensemble du site frappé. En revanche, il a accusé Washington.



C’est en 2006 que les Pasdaran ont pour la première fois entendu le nom du Jundallah. C’était à l’occasion d’une attaque contre un convoi des dignitaires du régime sur une route déserte à proximité de la caserne Tassouki. Après le coup, les assaillants se sont repliés au Pakistan. Par la suite, le groupe a souvent frappé les Pasdaran notamment par des attentats à l’explosif avant de se réfugier au Pakistan. A la même époque, le groupe kurde Péjak attaquait les Pasdaran avant de se réfugier dans le Kurdistan irakien dont la sécurité est assurée par les Etats-Unis. Ces assaillants ont dans le même temps été souvent invités sur la chaîne publique américaine Voice of America ou la chaîne iranienne KRSI de tendance pro américaine. Il est rapidement devenu clair que les Etats-Unis étaient derrière ces frappes simultanées. L’hypothèse a été confirmée par la capture de combattants équipés d’armes, d’explosifs et de moyens de communication américains.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Chronologiquement ces frappes ont exclusivement toujours eu lieu après un refus de dernière minute des mollahs de participer à une rencontre acceptée en vue de négocier une entente. Il s’agissait de punir un faux-bond neutralisant plusieurs mois d’efforts et non d’une action pour renverser le régime. Le but était de pousser les mollahs à accepter le dialogue pour parvenir à une entente qui d’un point de vue géopolitique est vitale pour les Etats-Unis.

A aucun moment, Téhéran n’a pas flanché car un dialogue avec les Etats-Unis, ami et protecteur d’Israël, lui ferait perdre son leadership du monde musulman. En automne dernier, après un impressionnant attentat contre le QG des Pasdaran, Washington a arrêté le Jundallah avant de livrer plusieurs lieutenants du chef du groupe aux mollahs. Washington a alors remplacé ces frappes par une politique de médiation via ses alliés régionaux comme le Pakistan ou encore la Turquie dont un exemple a été l’accord turco-brésilien sur le nucléaire. En l’absence d’un assouplissement de la part des mollahs, Washington a commencé à livrer aux mollahs plusieurs adjoints du chef du Jundallah avant de le livrer aussi. Téhéran a pendu ces hommes au gré de ses besoins à chaque fois qu’il cherchait un prétexte pour fuir le dialogue. Le groupe Jundallah étant formé de mercenaires, il n’y eut aucune critique vis-à-vis de Washington ni aucune action de vengeance contre les mollahs.

Hier, le groupe a frappé après 8 mois d’inactivité en parlant d’une action de vengeance alors que son chef fondateur a été pendu il y a un mois. C’est un faux prétexte. Cette action a lieu au lendemain de la restitution aux mollahs de Shahram Amiri, le savant atomique qui vivait aux Etats-Unis après un enlèvement ou une défection. Le Jundallah étant programmé pour punir toute remise en cause d’une rencontre acceptée, on est tenté de croire que Washington avait laissé partir Amiri en échange d’un geste positif de Téhéran, une réponse qui aurait ouvert la porte à un dialogue apaisé. Mais au lieu d’aller dans ce sens, hier matin, Téhéran a accusé Washington d’enlèvement et de torture pour éviter le dialogue susceptible de le décrédibiliser aux yeux des musulmans. Washington a puni la remise en cause du deal présumé par un nouvel attentat nocturne du Jundallah après 8 mois d’accalmi.

Washington montre une grande capacité de frappe immédiate, mais il aurait pu punir Téhéran d’une autre manière. Cependant il aurait alors remis en cause sa politique d’apaisement dont le but est de parvenir à une entente vitale pour l’avenir de son hégémonie mondiale. En punissant indirectement Téhéran, Washington a évité la remise en cause de cette politique. L’efficacité de ce genre de punition étant cependant nulle, on peut parler d’une punition symbolique ou par défaut malgré l’aspect spectaculaire du coup.

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Pour en savoir + sur ce même sujet :
- Iran : Procès, pendaisons et pipeline…
- (22 juin 2010)

| Mots Clefs | Terrorismes : Jundallah |
| Mots Clefs | Terrorismes : Attentats en Iran |
| Mots Clefs | Resistance : Elimination de Pasdaran ou de Mollahs |
| Mots Clefs | Violence : Baloutchestan (Sistan & Baloutchistan) |

| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement (US) |