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Iran : La semaine en images n°88
25.10.2009

Deux événements iraniens ont une large répercussion dans les médias occidentaux : l’attentat contre les Pasdaran et surtout les négociations à Vienne qui devait être la première étape de coopération des mollahs avec les Six conformément aux engagements pris par Téhéran pendant la reprise des négociations à Genève le 1er octobre 2009. Aucun des deux n’a eu de couverture photographique. Téhéran a censuré les images de l’attentat et les Six ont censuré les images des négociations notamment parce que les mollahs refusaient de parler aux autres (selon les aveux d’El Baradai). En revanche, la semaine était riche en images dérivées de ces évènements : l’exploitation par Téhéran de l’attentat pour accabler ses ennemis et montrer que le régime était encore debout, et la préparation du climat politique pour mettre en avant la contestation de la légitimité du président afin de contester l’accord que ses collaborateurs ont cédé à Vienne. (Vous pouvez cliquer puis zoomer sur certaines images pour les agrandir une ou deux fois)



Le boom | Le Jundallah a tué tous les chefs des Pasdaran pour le sud-ouest du pays. On a à cette occasion découvert les visages de ces miliciens, grandes figures de l’islamisme révolutionnaire, personnages qui ont fait leurs armes pendant la guerre Iran-Irak dans les missions secrètes de cette milice également présente au Liban. Les médias iraniens ont porté aux nues le plus titré d’entre eux : le commandant Shoushtari. Les opposants en exil ont mis la main sur son parcours : il était aussi un des chefs de la mafia financière du régime : à la tête de la majeure partie des industries iraniennes confisquées après la révolution par les mollahs et les Pasdaran. Il avait d’ailleurs un profil de mafioso : yeux de velours et bidon imposant. Ce bidon nous a rendu service ! Le régime a eu du mal à trouver une photo cachant ce bidon si courant chez les Pasdaran et si peu conforme à la vie militaire. La photo trouvée est incroyable car à gauche du cadrage, on remarque quelque chose d’inhabituel : deux hommes qui n’ont pas l’air d’Iranien, mais de mercenaires, les Ray Ban vissées sur le pif, fusils d’assaut américains en bandoulière. Les chefs des Pasdaran seraient-ils en manque de confiance vis-à-vis de leurs propres troupes ?
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Le Jundallah | Hormis cette photo intéressante, l’affaire Jundallah est sans doute l’événement le plus important de la semaine. L’ensemble des médias occidentaux ont parlé de cet attentat comme d’un acte unique, une première depuis le début de la révolution. Ce qui est une pure sottise car le Jundallah a mené des dizaines d’attaques très meurtrières (plus meurtrières que celle-ci) contre les Pasdaran depuis l’année 2005, toujours après un refus des mollahs de reprendre les négociations avec Washington. On comprend que les Occidentaux se montrent discrets sur ce volet de l’action américaine dans la région, mais ce genre de censure rend impossible la compréhension des évènements en particulier, et celle du conflit qui oppose Washington aux mollahs en général.

Depuis des années, Washington sanctionne les mollahs, mais leur propose régulièrement de s’asseoir à une table pour négocier. Il n’a jamais accordé le même genre de faveur à Saddam : il a été sanctionné, bombardé, arrêté et pendu. En revanche, sous Bush, les plus grands groupes industriels comme Caterpillar et Boeing, ainsi que les plus grandes compagnies pétrolières comme Chevron, Exxon ou encore celle dirigée par Dick Cheney ont même financé le lobby des mollahs pour normaliser les relations entre les deux pays. Le fait est que Washington a besoin de l’Iran, mais aussi des mollahs. L’Iran est un couloir d’accès vers l’Asie centrale, le réservoir de gaz de la Chine et de Gazprom et les mollahs sont les idoles des intégristes musulmans dans plusieurs régions musulmanes qui intéressent les Américains en particulier l’Asie Centrale. Washington ne veut pas renverser les mollahs, mais en faire ses alliés pour contrôler et agiter l’ouma selon ses besoins. Son seul problème est que les mollahs connaissent la valeur de cette alliance et exigent en échange le droit de disposer de milices armées comme le Hamas et le Hezbollah au Moyen-Orient. Pour baisser leur niveau d’exigences, Washington les bombarde de sanctions et leur propose régulièrement de reprendre le dialogue. Etant pressé de conclure cette alliance vitale pour ses projets d’avenir, il sanctionne chaque refus de négociations par des attaques contre les Pasdaran, milice dont la seule mission est de protéger le régime (et non le territoire). Il insinue ainsi qu’il a le moyen d’affaiblir les défenses de ce régime fortement impopulaire.

La frime | C’est ce qui explique les diverses réactions du régime après cet attentat-avertissement. En premier, le régime a organisé une cérémonie pour la nomination du nouveau chef de la milice Bassidj, un sous-ensemble des Pasdaran pour exposer les réserves de miliciens féroces dont il dispose. L’élu du jour était le milicien Naghdi qui s’est distingué par sa cruauté dans les répressions des manifestations hostiles au régime du 15 au 25 juin.
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2 manifs ratées | Cette cérémonie a été la réponse la plus forte du régime à l’attentat-avertissement. Téhéran aurait sans doute voulu montrer que le peuple était aux côtés des Pasdaran, mais cela est plus difficile car cette milice est très détestée en Iran. En témoignent les deux autres évènements organisés par le régime en rapport avec le peuple : une manifestation spontanée d’étudiants contre l’ambassade de l’Arabie Saoudite et le rassemblement pour accompagner le corps des chefs des Pasdaran vers leur dernière demeure.

Pour la manifestation, le régime n’a pas pu ramasser plus d’une dizaine de personnes, ce qui en dit long sur la démobilisation des miliciens de base, et pour la cérémonie de deuil, il a dû actionner Photoshop : en premier, vous avez le rassemblement tel qu’il était, en deuxième, un autre point de vue où l’on a ajouté du monde derrière les cercueils ; et en trois, la version re-trafiquée de la seconde photo. Le trucage est visible car les soldats en haut à droite sont plus grands que ceux qui se trouvent devant eux.
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Les rumeurs réparatrices | La vérité est tellement plus intéressante que la censure ou le trucage : ces images n’ont pas convaincu les Iraniens, pas plus que la cérémonie avec la réserve de combattants. Chacun se moquait de ces fameux Pasdaran, même pas capables d’assurer leur propre sécurité ! C’est pourquoi quelques jours après la diffusion insuffisante de ces images fabriquées, Téhéran a dû changer sa première version de l’attentat en évoquant une attaque non pas devant un bâtiment où le tueur aurait allégrement franchi les cordons de sécurité, mais sur un marché public !

Ceci n’était pas suffisant pour minimiser les moqueries qui continuaient sur l’incompétence de ses miliciens, quelques jours plus tard, le régime a aussi lancé une rumeur affirmant que l’attentat était un coup interne et non l’oeuvre des Américains !

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Le show | Tout est réversible avec ce régime. Au gré de ses besoins, il change de versions. Arrivé à ce stade, il a quand même senti un malaise, il a donc décidé de faire diversion avec un autre événement médiatique.

Il a donc focalisé les intérêts là où ils devraient se situer selon ses besoins : la contestation des résultats de l’élection d’Ahmadinejad.

Cette contestation importe pour le régime car il s’agit de la contestation de la légitimité de la personne chargée des négociations.

Explications | Il y a plusieurs mois, Téhéran était confronté à un renforcement des sanctions américaines pour l’obliger à reprendre le dialogue. Etant très affaibli par les sanctions et ne s’estimant pas en mesure de résister à plus de pression, Téhéran a eu l’idée de bloquer tout échange avec l’Iran en simulant une contestation de la légitimité de la personne chargée des négociations, c’est-à-dire le président du régime. Pour se donner toutes les chances, il a fait élire l’homme que l’Occident déteste, à savoir Ahmadinejad, afin que les Occidentaux soutiennent les jeunes qui le contestaient. Il espérait ainsi valider l’absence de la légitimité de l’interlocuteur des Occidentaux par ces derniers.

Les Occidentaux n’ont évidemment pas donné satisfaction aux mollahs, mais les choses ont aussi vite dérapé car le peuple a profité de la brèche pour investir la rue et contester le régime dans sa totalité. Téhéran avait alors maté le soulèvement avant de reprendre le scénario de la contestation avec des subterfuges médiatiques comme des annonces de persécutions contre ses soi-disant chefs. Il va dans ce sens, chaque fois qu’il se retrouve face à une échéance de signature d’un compromis sur le nucléaire.

Le 1er rôle du show | Cette semaine, il était dans un cas similaire. Il y a près de deux mois, par la peur de nouvelles sanctions américaines, le régime avait enfin décidé de reprendre le dialogue le 1er octobre à Genève. Il avait alors dû jouer le jeu et accepter l’engagement de céder son stock d’uranium enrichi contre du combustible fabriqué en Russie et en France. On a donc eu droit à une mise en scène avec l’un des leaders de la contestation, le mollah Karroubi, qui précisons le n’est pas un opposant mais un membre à vie du Conseil de Discernement, l’organe plénipotentiaire chargé de fixer toutes les orientations et politiques du gouvernement dans tous les domaines.
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Les images du Karroubi show | Ce qui est exemplaire dans la mise en scène autour de Karroubi est l’inconstance des images sur la vidéo et 4 photos. La version officielle est que Karroubi est allé au 16ième Salon de la Presse où étaient présents les représentants des principales agences de presse du monde, (bien pratique pour médiatiser l’affaire). Pendant sa visite, Karroubi a été applaudi par ses partisans, présents par hasards puis invectivé par les partisans d’Ahmadinejad. Il a alors perdu son turban dans la bousculade et été évacué par ses gardes pistolet au poing !
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Sauf que rien ne colle sur cette vidéo avec de méchants ralentis sur les pistolets ! Tout d’abord, la vidéo est soi-disant filmée par un téléphone portable, mais la caméra est partout : d’abord à 3 m du sol, puis sur une mezzanine et à nouveau à 3 m du sol au-dessus de Karroubi. La prise de vue en plongée est la spécialité de faux reportages car elle permet de réduire le champ de vision et l’on peut ainsi faire passer pour plus fournie qu’elle ne l’est une petite foule. Les photos de la même scène avec un appareil photo le confirment d’ailleurs : au moment de ce remue-ménage, le fameux Salon de Presse était vide (personne dans les autres allées).
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Un peu plus loin sur la bande, on retrouve une autre particularité des vidéos du régime : quand le nombre est encore plus petit, la caméra tombe au niveau des fesses et l’on ne voit plus rien avant de repartir en mode +3 m.

Vers la fin de la vidéo, on voit Karroubi, tête dénudée, et ses 50 accompagnateurs houleux descendre des marches pour quitter la salle et là notre caméraman magique est à la fois à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur pour filmer sa sortie ! Et là c’est très drôle car on voit un extérieur assez dépeuplé alors que les photos fixes de la scène montrent un endroit peuplé ! Ces photos sont d’ailleurs très amusantes à cause des facéties de Karroubi qui en pleine scène tragique s’est soudain mis à sourire aux caméras !
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La fin du Karroubi show | La mayonnaise n’a pas tellement pris avec cette bousculade de Karroubi car les Occidentaux se méfient maintenant des mises en scène du régime liées à la contestation de la validité de leur interlocuteur. Dépité, Téhéran a annoncé l’arrestation de 30 puis de 60 figures de cette opposition qui n’a pas la force de mobiliser 1000 personnes à Téhéran. En l’absence d’une médiatisation occidentale de cette autre affaire (sans image) de contestation politique de l’interlocuteur des Six, Téhéran s’est reporté sur une contestation de l’accord avec les Six via le président du Parlement Ali Larijani.

Larijani a affirmé que pendant son séjour à Genève pour l’Assemblée de l’Union interparlementaire, il avait découvert que l’Occident cherchait à « tromper » l’Iran avec le projet d’accord visant à lui fournir du combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran et qu’il fallait en conséquence acheter du combustible sans se séparer du stock iranien d’uranium.

Sauf que Larijani était à Genève en même temps que son collègue qui a accepté l’accord (ci-dessous à l’ambassade des mollahs à Genève avec son sexy staff). Il n’intervient qu’après l’échec des deux autres tentatives des mollahs de neutraliser leur accord. Précisons que le Parlement islamique n’a aucun pouvoir de commander les actes du Gouvernement.
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L’autre boom | Si le régime avait une base populaire, il n’aurait pas eu besoin de ces guignols : il aurait mis sur le pavé le peuple pour soutenir son programme nucléaire ou du moins ses sbires en tenue civile. Le fait est que plus personne ne soutient ce régime. La raison de ce désaveu est dans la rue : les jeunes qui se sont engagés dans la milice pour avoir un salaire fixe et ainsi échapper à un chômage de 85% sont dégoûtés : le crime est organisé dans ce pays par le régime.

L’ONU a reconnu cette semaine que 15% de toute la drogue produite dans le monde était consommée en Iran ! Toujours selon l’UNODC, 42% des drogués du monde sont iraniens.

On trouve les derniers produits en vogue et au meilleur prix en Iran comme le Pan Parag, le chewing-gum parfumé à la méthamphétamine. Il est vendu au quatre coin de la ville par des enfants, les mamans...
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