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Iran : Les nouvelles offrandes américaines aux mollahs
23.07.2008

Samedi dernier à Genève, le représentant iranien a déçu le représentant américain en rejetant une fois encore l’offre des Six paraphée par Washington ou même toute idée d’un compromis. Ce refus n’a pas suscité de réaction virulente de la part de Washington qui doit nécessairement conclure une entente avec Téhéran dans moins de 3 mois. Cette attitude complaisante de Washington a aussi une incidence sur son soutien aux groupes armés qu’il utilise pour déstabiliser les frontières iraniennes.



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Seyed Mehdi Hachemi , le ministre iranien de l’intérieur en compagnie de son homologue pakistanais

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Au Kurdistan, les combats qui avaient repris avant le rendez-vous de Genève ont cessé, mais le cas le plus intéressant reste celui du Baloutchistan où le Jundallah, groupe armé baloutche, risque à nouveau de faire les frais des fluctuations des relations irano-américaines comme en juin 2008.

Le 1er juin, les américains ont d’abord discuté avec Rafsandjani le patron du régime à Riyad et par la suite les 6,7 et 8 juin, ils ont envoyé une forte délégation ministérielle irakienne en Iran pour préparer une rencontre bilatérale irano-américaine à Bagdad.

Harcelé par Moscou qui s’oppose à un deal irano-américain, Téhéran tardait pour exprimer son souhait pour une reprise des négociations bilatérales. Le 12 juin, les américains ont relancé les mollahs en formulant une invitation et pour les convaincre, ils les ont informés que le Pakistan allait leur remettre le frère cadet du chef du Jundallah, détenu dans ce pays depuis plus d’un an. Abdol Malik Riggi, le chef du Jundallah d’ordinaire très réactif n’a pas bougé.

Le vendredi 13 juin, Téhéran a pris livraison du jeune Riggi, mais il a fait comprendre à Washington qu’il n’allait pas accepter son invitation. C’est à ce moment-là que le Jundallah a reçu le feu vert pour bouger : Abdol Malik Riggi a attaqué un poste-frontière pour prendre 16 otages, avant d’affirmer qu’il abattrait deux des otages si dans un délai d’une semaine, le régime des mollahs ne libérait pas tous les membres du Jundallah détenus en Iran.

Téhéran n’a pas répondu à la demande et le régime a même nié cette prise d’otage qui remettait en cause l’efficacité de ses troupes. Excédé par cette attitude des mollahs, le 20 juin, le Jundallah a exécuté deux otages, le commandant Ali-Mohammad Raoufi et son second Mohammad Piri. Puis le 27 juin, ce fut le tour de deux autres otages : les miliciens Issa Poudineh et Reza Rahdari.

Très bizarrement, il n’y a pas eu de troisième ultimatum et le groupe a marqué une pause inattendue dans ce processus des éliminations. Le surlendemain des secondes exécutions, Mohseni-Ejeï, le ministre iranien des Renseignements, a fini par évoquer officiellement l’affaire.

Nous avons alors affirmé dans notre analyse que Téhéran était en train de négocier avec les ravisseurs. Cette hypothèse a été confirmée par le chef du Jundallah et le début des négociations coïncide avec les dates entre lesquelles Washington et Téhéran évoquaient ensemble l’ouverture en Iran d’un bureau diplomatique américain. On peut émettre l’hypothèse que c’est bien Washington qui a demandé au Jundallah de négocier avec Téhéran pour calmer le jeu.

Profitant des négociations, Téhéran a alors bombardé les villages liés au Jundallah et lancé des opérations de ratissage pour attraper son chef, le dialogue a été rompu et le 10 juillet, le Jundallah a attaqué une planque des Pasdaran où logeaient 4 agents du régime, les a pris en otage et a confisqué entre autres 8 Kalashnikovs, 4 RPG mono usage à visée laser, 8 caisses d’explosifs, 4 caisses d’armes chimiques, 8 cameras pour vision lointaine et des ordinateurs portables.

Dans la foulée, le Jundallah a exécuté deux autres otages : Javad Hassan-zadeh et Ali Email-zadeh avant d’affirmer que tous les autres otages y passeraient dans un délai 15 jours, en l’absence d’une libération de tous les prisonniers du groupe. Le 12 juillet, le groupe a aussi attaqué une patrouille à la ville de Zahedan tuant un milicien des Pasdaran avant de se replier au Pakistan, pour se placer sous la protection des américains.

Le calme a succédé à ces représailles ponctuelles, mais incompréhensibles quant au motif qui les a déclenchées. Téhéran s’est alors désintéressé du Jundallah pour s’adresser à l’échelon supérieur : le 14 juillet, le régime des mollahs s’est plaint du manque de coopération du Pakistan, lui reprochant d’offrir sa protection à des terroristes. Le Pakistan a ignoré cette plainte, mais suite à l’échec évident de la rencontre de Genève, ce pays a changé d’avis et différents responsables pakistanais y compris Parviz Musharraf ont reçu hier le ministre iranien de l’intérieur pour évoquer une coopération plus active concernant le Jundallah.

Comme en juin dernier, ce groupe armé peut assister dans une certaine impuissance à un nouveau deal entre Téhéran et Washington au nom des intérêts supérieurs des Etats-Unis. Cette fois les américains ne vont pas extrader des combattants du Jundallah réfugiés au Pakistan, mais ils laissent croire les mollahs qu’ils pourraient priver leurs petits protégés de leurs bases arrières au Pakistan. En l’absence de cette protection, le Jundallah sera une proie facile pour les forces aériennes et terrestres des Pasdaran. Téhéran restaurera aussi l’autorité de ses troupes et découragera toute velléité de révolte populaire.

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L’échec prévisible du Jundallah prouve également qu’une révolte populaire, même en disposant de 1000 combattants aguerris comme dans le cas du Jundallah, ne peut réussir sans l’appui d’un Etat étranger voisin de l’Iran.

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Le Jundallah, un instrument des Etats-Unis :
- Iran : Pour un deal, Washington sacrifie parfois ses pions
- (16 JUIN 2008)

| Mots Clefs | Violence : Baloutchestan (Sistan & Baloutchistan) |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Pays : Pakistan |