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Iran : Docteur Rafsandjani a guéri le régime !
23.09.2009

Il y a 40 jours, l’Iran vivait à l’heure d’une crise politique interne. Les médias iraniens avaient alors évoqué une possible arrestation de Khatami ou Moussavi accusés d’avoir fomenté les agitations. Dans le même temps, les religieux modérés avaient appelé à la destitution du Guide suprême. Nous avions affirmé qu’il ne s’agissait que des mises en scène pour rendre crédible l’agitation politique en Iran. Le régime nous donne raison car à présent, nous assistons à des discours qui enterrent toutes ces rumeurs sans fondement.



Il y a 40 jours, Téhéran était à 40 jours de la date limite pour répondre aux Six : il était pleinement engagé à provoquer une situation pour faire capoter tout dialogue. Téhéran refuse le dialogue car il est une forme d’apaisement et tout apaisement est contraire à son engagement envers la rue arabe pour détruire Israël. Cet engagement est vital pour Téhéran car il lui assure la fidélité du Hezbollah. Cette milice n’a pas la capacité de détruire Israël, mais elle peut déclencher des conflits polémiques qui mettent mal à l’aise les alliés Arabes des Etats-Unis et nuisent aux relations entre les Américains et la rue arabe. Le Hezbollah est donc indispensable aux mollahs pour tenir en respect les Etats-Unis. C’est la garantie de sécurité des mollahs, et pour la préserver ils doivent refuser tout dialogue dont l’ordre du jour serait fixé par Washington. Ce refus de dialogue est assimilé à une volonté d’avoir un programme nucléaire militaire, ce qui expose Téhéran à de nouvelles sanctions.

Pour éviter tout dialogue apaisé ou sous contrainte, sans pour autant écoper de nouvelles sanctions, la direction politique du régime, l’Assemblée de Discernement dirigée par Rafsandjani, a eu l’idée de bloquer tout dialogue avec un scénario de contestation de la légitimité de son représentant légal à la table des négociations : le président. Ce scénario lancé fin juin (il y a 90 jours) aurait réussi si les Occidentaux avaient soutenu cette contestation de la représentativité de leur interlocuteur Ahmadinejad. Le fait est que les Occidentaux se sont méfiés et qu’ils n’ont pas bougé et dans le délai, l’opération Mouvement Vert a dérapé car le peuple a profité de l’occasion pour se révolter et contester non pas Ahmadinejad mais le régime dans sa totalité.

Téhéran s’est retrouvé obligé de fournir des preuves que le Mouvement Vert n’était pas factice mais sans permettre un nouveau soulèvement. Le régime a interdit toute manifestation et situé l’action sur le plan médiatique où il a le contrôle. On a alors eu droit à des procès de militants du Mouvement Vert où les accusés issus du régime affirmaient avoir été trompés et entraînés dans une révolution anti-régime par Moussavi ou Khatami. Les médias iraniens ont alors évoqué la nécessité de leur arrestation et le régime est parti dans une spirale de rumeurs les plus extravagantes pour donner de la crédibilité à la crise interne : on a par exemple évoqué une réunion d’urgence de l’Assemblée des Experts (qui est également dirigée par le tentaculaire Rafsandjani) pour destituer le Guide suprême pour avoir triché ou volé dans les caisses de l’Etat !

Cela est allé trop loin, le clergé s’est plaint que Rafsandjani encourage le peuple à manquer de respect au n°1 spirituel du régime, cela pouvait aussi perturber les relations avec le Hezbollah qui est placé sous la direction du Guide suprême.

La critique était d’autant plus fondée que toutes ces manœuvres n’ont jamais réussi à obtenir le soutien des chefs d’Etats occidentaux au scénario de la remise en cause de la représentativité d’Ahmadinejad. Les Occidentaux ont même fini mi-août par reconnaître la légitimité d’Ahmadinejad pour mettre fin à cette mise en scène stérile.

Dès lors, la direction politique du régime (Rafsandjani) a commencé à déployer des moyens pour sortir de cette spirale sans faire perdre la face au régime ni nuire à son scénario de contestation d’Ahmadinejad qui est le seul outil pour ne pas dialoguer.

La première mesure a été de calmer les esprits. Rétrospectivement, on peut dire qu’il a été décidé d’annoncer de manière espacée des mesures d’apaisement interne. Ainsi après la reconnaissance internationale d’Ahmadinejad, Téhéran a d’abord mis au vert les acteurs du premier plan, Moussavi et Khatami que l’on n’a plus entendu et il a aussi déplacé la réunion d’urgence de l’Assemblée des Experts à propos de la destitution annoncée du guide. Selon une méthode que l’on peut qualifier de Docteur Knock, le régime a laissé reposer quelques jours avant de passer à l’étape suivante.

Une dizaine de jours plus tard, la direction politique du régime a mis en avant le Guide suprême qui dans un sermon remarqué a insisté sur la nécessité de l’unité nationale. Deux jours plus tard, Rafsandjani que l’on disait très hostile au Guide a fait un discours appelant la classe politique à suivre cette bonne directive d’unité nationale.

On a à nouveau laissé reposer quelques jours, le Guide suprême, chef nécessaire du Hezbollah, est revenu pour déclarer en tant que premier magistrat du régime qu’il fallait clore les procès pour « manque évident de preuves ». Il a aussi annoncé qu’il avait « ordonné l’ouverture d’enquêtes pour les victimes des abus policiers encourager le respect nécessaire de la loi par tous (les contestataires comme les dirigeants) ».

On a alors laissé encore reposer quelques jours et le Guide est revenu cette fois à l’occasion de la fête qui marque la fin du ramadan pour innocenter Moussavi et Khatami au prétexte bizarre que les déclarations d’un suspect devant le tribunal contre une tierce partie n’ont aucune validité légitime ! Comme dirait PPDA dans les Guignols, dans ce discours qui était télévisé, le Guide a dit « à présent, vous pouvez reprendre une activité normale », ce qui dans le cas de nos deux guignols correspond à leur come-back politique dans la guéguerre sans saveur entre les modérés et les conservateurs sur tous les sujets sauf le nucléaire.

Signe d’un retour à la normale, hier l’Assemblée des Experts s’est réunie sans évoquer les rumeurs de la destitution du Guide. Le grand chef Rafsandjani a même rendu hommage à la sagacité du Guide suprême. Il a salué son action si juste en faveur de l’unité, l’équité, le respect des lois et la liberté d’expression, annonçant même la « création d’un forum politique pour émettre des critiques en toute légalité, un organe pour aider le régime à se rétablir » (au sens médical).

Quel formidable pays où tout va bien.

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| Mots Clefs | Mollahs & co : Rafsandjani |
| Mots Clefs | Mollahs & co. Militaire : Khamenei |

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| Mots Clefs | Réformateurs & faux dissidents : Le Mouvement Vert |