Selon l’Iran, la réconciliation n’est pas à l’ordre du jour ! 06.05.2009 De nombreux Etats arabes s’inquiètent d’un possible rapprochement entre Téhéran et Washington. Ils ne sont pas les seuls... | Décodages | historique | Avant son élection, Obama a parlé d’un dialogue sans condition préalable avec l’Iran. Téhéran a apprécié cette option, mais il l’a refusée après l’accession d’Obama au pouvoir. En fait, entre temps, Téhéran a compris que ce dialogue (qui allait de pair avec les sanctions) était un mécanisme pour l’engager contre son gré dans un processus politiquement correct d’apaisement contraire à sa vocation d’agitateur régional. Depuis, il n’a cessé d’inventer des prétextes pour se défiler. Pour mettre fin à cette fuite, les Américains ont changé de registre en proposant un dialogue sur l’Afghanistan, mais cela n’a pas fonctionné comme l’entendait Washington. L’administration Obama est alors revenue dans un registre nucléaire avec une approche radicalement novatrice : la politique d’esquive. à venir | La semaine dernière, dans une audition devant le Sénat (et les médias), Robert Gates est allé encore plus loin dans cette voie. Il a affirmé qu’une attaque des installations nucléaires iraniennes n’arrêterait pas les progrès nucléaires de ce pays et que par conséquent, « les Etats-Unis feraient mieux de parler à l’Iran pour convaincre ses dirigeants que leur programme nucléaire ne fait que relancer la course à l’armement au Moyen-Orient, ce qui serait susceptible de mettre plus encore en péril la sécurité de l’Iran ! » C’est une approche que l’on peut qualifier de Nord Coréenne : parallèlement à une politique de sanctions économiques, Washington maintiendrait son offre de dialogue même en cas d’une annonce par les mollahs de la fabrication de leurs premières bombes. Washington a mis la barre très haute : désormais, il n’y a aucune provocation des mollahs qui puisse rompre le processus imaginé pour les engager contre leur gré dans la voie de l’apaisement ! Cela annonce également une longue guerre d’usure où il n’y aurait aucune issue de sortie pour Téhéran sauf une capitulation. Cette annonce du programme de la diplomatie américaine vis-à-vis de l’Iran pour les prochaines années a suscité une réponse en miroir. Téhéran n’a pas répondu à Gates, il a exposé son propre programme. Téhéran a poussé la manie jusqu’à copier la présentation formelle : alors que Gates avait parlé dans une audition devant des sénateurs (et les médias), le régime des mollahs s’est exprimé via son ministre des affaires étrangères, Mottaki, dans une audition devant des étudiants miliciens et les médias ! Selon cette déclaration, la reprise « des relations entre Téhéran et Washington n’est pas à l’ordre du jour ! Pour l’instant Téhéran scrute attentivement les gestes et les paroles des Américains pour détecter des changements qui seraient les bienvenus ! » Téhéran note que « le changement de ton d’Obama a été salué par Téhéran et aussi dans le monde entier, mais il faut maintenant déborder du domaine de la parole pour agir. Ce changement est une nécessité absolue pour rompre avec 7 ans d’une politique inefficace. Téhéran attendra ces actions et jugera sur pièce avant de donner une réponse à l’administration Obama. » Ce qui est emblématique est que les propos de Mottaki ne contenaient pas, même une seule fois, le mot « dialogue » ! Même le mot pour le dire est tabou ! Téhéran évite tout débat préliminaire sur une telle éventualité. En revanche, l’accent a été mis le mot « changement », qui a d’ailleurs été l’un des slogans d’Obama. Dans la version iranienne, le mot « changement » a été utilisé 7 fois en 3 phrases assez courtes ! Ce changement tant souhaité par Téhéran est la fin de ce que Mottaki a appelé une « politique inefficace », formule utilisée par le régime et ses lobbyistes pour les sanctions mises en place par Bush et reconduites récemment par Obama qui pénalisent lourdement le pays et pourraient le forcer à capituler. Or, la fin des sanctions est synonyme d’un abandon des charges qui suscitent ces sanctions. Sans ces sanctions, il n’y aurait en fait plus de contentieux donc aucun besoin de dialoguer. En d’autres termes, Téhéran espère faire capituler Washington sur toute la ligne avant leur rapprochement ! La situation est figée car Washington cherche aussi une capitulation iranienne avec son processus de dialogue et d’apaisement. On est donc très loin d’un rapprochement entre Téhéran et Washington, mais au début d’une longue période de désordre qui inquiète les Etats qui se trouvent entre les deux belligérants : les alliés arabo-musulmans des Etats-Unis, la Russie, la Syrie et bien sûr l’Europe.
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| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) | | Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
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