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Iran : Les Etats-Unis et la menace d’une frappe israélienne
04.05.2009

La menace d’une frappe israélienne a été présente tout au long de la présidence Bush comme un moyen de pression sur Téhéran. Elle était une auxiliaire de cette politique de pression mesurée sur les mollahs. Elle le demeure sous l’administration Obama comme en témoigne la date de la diffusion de la dernière rumeur de ce genre.



Les rumeurs de frappes israéliennes pour faire peur aux mollahs ont la vie dure. On a déjà évoqué en 2006, 2007 et 2008 des préparations militaires pour attaquer l’Iran, avant que les Etats-Unis qui tirent les ficelles de ce jeu affirment en octobre 2008 leur opposition à tout feu vert américain pour une attaque israélienne. La déclaration a été faite par Bush qui disait suivre les recommandations avisées de Robert Gates, son ministre de la défense, qui est actuellement l’homme clef de l’administration Obama notamment en raison de sa proximité avec Brzezinski.

Cette option militaire abandonnée sous Bush a été à nouveau repêchée quand Téhéran a refusé les premières tentatives de dialogue proposées par Obama. Depuis, c’est le yoyo : un jour un responsable israélien dit yes we can et le lendemain un responsable plus élevé dit le contraire ! Au cours du mois d’avril, nous avons ainsi eu droit à une déclaration contradictoire tous les trois jours. Ces variations ont nui à l’efficacité de cette pseudo-menace. Cette dernière rumeur (diffusée en France par l’Express) est censée rééquilibrer la donne.

Pour cela, on a un peu triché : dans un article consacré à des vraies manœuvres de missiles défensifs en Israël, on a inséré une « fuite » qui évoque des manœuvres parallèles pour préparer une attaque de l’Iran ! Mais à y regarder de plus près, cette soi-disant fuite est la même vieille rumeur de l’année 2008 qui prétend que « la réussite des opérations dépend de la nécessité d’acquisition d’avions (américains) sophistiqués permettant de contrôler ce genre de mission ! »

En fait, il ne s’agit pas de laisser entendre que Washington peut livrer les avions en question pour donner son feu vert car Israël a déjà la capacité de frapper les sites nucléaires iraniens avec des F-15 qui après leur mission atterriraient sur une base américaine en Irak ou en Turquie ou dans un pays du golfe Persique. La rumeur chatouille les mollahs car elle a pour fonction d’actualiser en permanence la menace iranienne afin de justifier par avance cette frappe possible à tout instant.

Cependant, cette rumeur est apparue dans la presse simultanément avec une déposition de l’incontournable Robert Gates devant le Sénat américain [1]. Le ministre américain de la défense (celui qui doit approuver les ventes d’avions à Israël) a dit qu’« une attaque militaire sur le programme nucléaire de l’Iran ne ferait que retarder les ambitions nucléaires de l’Iran. L’attaque ne ferait pas disparaître le savoir faire nucléaire iranien, mais elle provoquerait une plus grande dissimulation qui mettrait fin à tout contrôle ! »

Selon Gates, « les Etats-Unis feraient mieux de parler à l’Iran pour convaincre ses dirigeants que leur programme nucléaire ne fait que relancer la course à l’armement au Moyen-Orient, ce qui serait susceptible de mettre plus encore en péril la sécurité de l’Iran ! »

On frôle presque la tolérance du droit à l’enrichissement des mollahs, sorte de quasi reconnaissance de ce droit, afin d’écarter l’ultime prétexte invoqué par Téhéran pour refuser le processus de dialogue et d’apaisement proposé par Obama.

En gros, d’un côté, Washington rappelle à Téhéran la menace réelle d’une frappe surprise par Israël, et de l’autre, il se dit prêt à aller très loin dans le dialogue pour aboutir à une entente vitale pour son avenir.

Cette approche a deux défauts : pour les mollahs, l’enjeu n’est pas le nucléaire, mais leur rôle régional via le Hamas et le Hezbollah, un sujet non négociable. C’est pourquoi les mollahs fuient le principe même de l’apaisement. C’est dans cette optique qu’ils exigent le droit à l’enrichissement qui est synonyme de la fin de la crise et fin des pressions économiques. De fait, le simulacre suggéré par Gates aura peu de succès.

Vu le manque de disponibilité de Téhéran pour accepter ces compromis et la souplesse forcée des Etats-Unis pour aboutir à une entente, le processus sera long : nous aurons donc droit à d’autres versions de cette vieille rumeur de frappe israélienne pour rappeler les mollahs à l’ordre !


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Pour en savoir + :
- Iran : Washington instrumentalise encore la menace israélienne
- (17 FÉVRIER 2009)

| Mots Clefs | Décideurs : Robert Gates |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Enjeux : Option militaire |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Israël |

[1Les dépositions des différents responsables américains en poste ou fraîchement nommés devant la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants (ou du Sénat) sont un système pour informer les interlocuteurs de l’administration en poste sur ses intentions. Ces interlocuteurs sont d’une part les Américains qui ont voté ou pas pour Obama, et de l’autre les mollahs.