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Iran : Quelques vérités sur le féminisme de Shahla Sherkat
09.03.2009

A l’occasion de la journée internationale de la Femme, le régime des mollahs a fait publier en France par le CNRS un livre où l’on prétend tout simplement que la révolution islamique de 1979 a amélioré la condition féminine en Iran.



1979 | La femme iranienne a été la grande victime de la révolution islamique. Dès leur arrivée au pouvoir, les révolutionnaires ont aboli les lois laïques adoptées sous le Chah pour instaurer la charia. L’âge du mariage a été abaissé à 9 ans : c’est une dépénalisation de la pédophilie !

Le port obligatoire du voile aboli en 1935 par le très laïque Reza Chah (le père du Chah) a été rétabli pour toutes les Iraniennes y compris les non-musulmanes sous peine de se voir frapper publiquement par les gardiens de la révolution dans les lieux publics.

Le droit au divorce adopté en 1931 sous une impulsion extraordinaire de Reza Chah, a été abrogé et remplacé par la charia qui n’autorise que l’homme à se séparer de sa femme et ce en la répudiant (la jetant à la rue). La femme iranienne qui avait obtenu le droit à l’indépendance économique, grâce à des lois laïques valables pour tous, a été déclarée inapte à gérer sa vie, et elle a été placée sous une tutelle totale d’un proche mâle (mari, père, frère) avec l’obligation de lui demander une autorisation écrite pour voyager ou pour travailler.

Sur le plan pénal, le régime islamique a instauré la lapidation pour punir l’adultère de la femme car pour l’homme le droit de coucher ailleurs est inscrit dans la charia : le mariage se dit Nikah (pénétration), la femme mariée ne peut se refuser sexuellement sous peine d’être répudiée et si ses prestations ne conviennent pas à son mari, il peut prendre une autre femme en mariage temporaire ou 4 autres épouses régulières qu’il peut répudier quand il veut. Dans une telle société où la femme n’a pas le droit de travailler, sa seule source de revenu est de se marier en monnayant ses charmes quand elle est jeune et finir en bonne à tout faire sans salaire quand elle est vieille. Ce système pervers est à l’origine d’un développement du nombre des prostituées qui n’étant pas autorisées n’ont droit à aucun suivi médical. C’est un creuset de misère et de détresse.

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Décodages | Cependant, ceux qui profitent du système sont les riches, les pauvres ne peuvent pas épouser plusieurs femmes. En revanche, il n’est pas inhabituel de constater que les femmes mariées se prostituent en cachette pour subvenir aux besoins de la famille qui ne peut se contenter du salaire du mari. Tout ceci est loin d’être politiquement correct, ceci nuit à l’image du régime et rend difficile les relations commerciales.

Pour cacher cette misère et le rendre politiquement correct et surtout plus fréquentable, les mollahs ont inventé un système de défense unique au monde : pour éliminer l’apport négatif des opposants en exil, ils ont mis en place leurs propres opposants !

Les Etats européens qui ont d’importants intérêts économiques en Iran tout comme les Américains qui souhaitent parvenir à une entente avec les mollahs soutiennent ces faux opposants. Ainsi ensembles, mollahs et Occidentaux, participent à l’effort pour substituer les récits de répression de ces « dissidents » aux véritables cas de violations des droits de l’homme.

C’est ainsi que l’on n’entend plus parler de ce qui se trame en Iran et les médias ne s’intéressent qu’à des soi-disant dissidentes féministes qui ne parlent jamais de la déchéance de la condition féminine en Iran, mais saisissent chaque occasion pour parler des progrès réalisés en Iran grâce à la révolution ! Et les occasions ne manquent pas car, l’Europe les invite à toutes sortes de conférences et ces dissidentes qui seraient soi-disant réprimées reçoivent des visas pour se rendre à ces conférences où elles défendent la révolution islamique, sans jamais parler de ses victimes les femmes.

Nous avons été les premiers à attirer l’attention des observateurs français sur le sujet de ces visas suspects. Le premier cas dénoncé par nos soins a été celui de Marjane Satrapi, l’auteur de la BD Persépolis, qui a bénéficié pendant 10 ans d’un passeport du régime des mollahs avec des visas illimités pour sillonner le monde et présenter sa version de l’histoire iranienne qui joue toujours en défaveur des opposants au régime. Nous avons par la suite évoqué le cas de plusieurs soi-disant féministes iraniennes, membres de la Campagne d’un million de signatures, qui se proposent de réformer la loi iranienne (la charia) grâce à un million de signatures. Elles se disent d’ailleurs proches des soi-disants réformateurs. Or, par principe, la charia qui est basée sur le Coran ne se réforme pas. Tout est bidon, c’est une manœuvre pour éviter toute alliance entre les vrais féministes occidentaux et les opposants laïques iraniens en faveur d’un changement de régime.

La tâche de ces opposants laïques est difficile, mais pas impossible car les militants féministes occidentaux aussi naïfs et idéalistes qu’ils soient ne sont des idiots. Ils savent que l’on ne peut pas à la fois être opposé à un régime comme celui des mollahs et en même temps bénéficier d’un passeport et de visas.

Il en résulte que les fausses féministes iraniennes ont dû repartir à la conquête de Paris avec un livre sur le mensuel Zanân que nous avons gravement remis en cause récemment. C’est ce qui nous vaut le livre publié par le CNRS à propos de sa rédactrice en chef, Shahla Sherkat, un livre qui fait la part belle à toutes les autres fausses féministes, avocates de la réformabilité du régime.

En revanche, la promo de ce genre de livre est devenue difficile en raison de la suspicion sur les visas dont profitent leurs auteurs. C’est pourquoi, Shahla Sherkat (qui a reçu un visa pour se rendre en France) s’est montrée très discrète, et la promo a été prise en charge par les journalistes ou les médias proches du régime ou encore proches de l’Etat français, l’autre bénéficiaire d’une amélioration de l’exécrable l’image des mollahs.

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La promo et ses ratés | Il y eut des articles dans les quotidiens nationaux ou régionaux. Le premier article qui a été publié dans le Monde avait un énorme défaut : il débutait par le pitch du livre « à savoir que la situation des femmes en Iran n’aurait pas régressé depuis 1979, mais que c’était l’Occident qui avait souvent du mal à le comprendre, à apprécier la situation dans tous ses aspects, voire ses paradoxes ». Cette affirmation plombait l’ambiance et ne donnait ni envie de continuer à lire ni d’acheter le livre. Delphine Minoui, l’attachée de presse du régime des mollahs, a tenté une approche différente en insérant cette affirmation en fin de son article, et en commençant son récit par le soi-disant parcours de combattant de l’auteur Shahla Sherkat.

Selon Minoui, en raison de ses prises de positions trop avant-gardistes, Shahla Sherkat a été licenciée de Zan e Rouz, un journal féminin rattaché au très conservateur groupe de presse Keyhan, ce qui lui aurait donné l’envie de créer en 1991 un mensuel entièrement consacré au féminisme pour donner une tribune à des personnes comme Shirin Ebadi !

Là, on prend les gens pour des imbéciles. Ebadi est un phénomène récent. La mention de son nom permet à Minoui de bluffer les lecteurs pour gonfler le récit vide de la soi-disant vie de combats de l’auteur du livre. La vérité est qu’avant d’être licenciée, Sharkat a été pendant 10 ans la rédactrice en chef de la revue très conservatrice Zan e Rouz !

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Le parcours de Sherkat | Avant cela elle avait été la rédactrice par intérim d’un autre journal féminin encore plus conservateur et islamique (Le chemin de Zeynab). Elle a accédé à son premier poste grâce à des liens avec une certaine Zahra Rahnavard, l’épouse de Mir Hossein Moussavi, le Premier ministre de l’époque !

Ce premier journal bigot (version islamique d’Ettela’at Banovan, une revue laïque et branchée du temps du Chah) a perdu ses lectrices après l’islamisation de son contenu et elle a été arrêtée. C’est alors qu’à 23 ans, Sharkat qui n’avait aucune formation universitaire, a été catapulté directrice de rédaction de Zan e Rouz du groupe Keyhan qui à l’époque comptait dans son comité de direction un certain Khatami. A l’époque, Khatami n’était pas encore un modéré mais un dur chargé de l’épuration très sanglante des universités.

En 1992, après les attentats contre des opposants en exil, le patron du régime Rafsandjani a été mis en cause. Le régime a alors décidé d’améliorer son image en Occident et il a recyclé ses fidèles serviteurs des premières heures en réformateurs, modérés, journalistes, intellectuels. C’est également en 1992 qu’a été créé le quotidien soi-disant féministe Zanân et non en 1991. Cette tendance est devenue plus consistante quand en 1997 Rafsandjani a été frappé d’un mandat d’arrêt international : le régime a mis au pouvoir des soi-disant réformateurs et le mensuel Zanân est devenu réformateur et enfin en 2007, il est devenu féministe quand le régime a lancé la campagne de 1 million de signatures.

Toujours en 2007, cette soi-disant dissidente anti-Ahmadinejad a reçu un visa du régime du même homme pour représenter l’Iran à la conférence des féministes musulmanes en Espagne. Pour renforcer sa notoriété et faire du bruit autour des fausses féministes, le régime a annoncé la fermeture de son journal que personne ne lisait. Cependant, le site du journal existe toujours et publie des articles et sa rédactrice en chef sillonne la France (avec les visas du régime) pour répéter que ce régime a libéré la femme iranienne !

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Les mollahs et les femmes :
- Iran : La Femme dans la Constitution du régime des mollahs
- (10 mai 2007)

article complémentaire :
- Iran : Répétitions pour la saison estivale de la Comedia del Mollahs
- (26 FÉVRIER 2009)

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |
| Mots Clefs | Institutions : Démocratie (médiatico)-islamique |

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| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs |
| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Journalistes et média Français |
| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Delphine Minoui |

| Mots Clefs | Institutions : Misogynie Institutionnelle |

| Recherche Par Mots Clefs : Pourquoi les réformes ? |
| Mots Clefs | Réformateurs & dissidents : Zahra Rahnavard |