Au cours de la semaine dernière, les mollahs ont cherché à évincer la France des négociations afin de disloquer le groupe des Six et ainsi se retrouver face aux Américains. Ce rapport est la réponse de l’Elysée à cette démarche agrémentée de provocations anti-sarkozistes.

Paris tente un come-back avec ce rapport en clair obscur qui parle aussi bien d’une bombe nucléaire iranienne pour 2011 que de la disposition de la France à répondre à cette menace par une « négociation large » aussi bien sur le nucléaire que l’ensemble de la stabilité de la région. Il s’agit de ces négociations qu’exigent les mollahs comme une reconnaissance de leur rôle régional. En d’autres termes, Paris entend affirmer qu’il peut influencer l’avenir des mollahs dans un sens ou dans l’autre.

Cette tentative ne changera pas la donne. Bien avant les Français, les Britanniques se sont engagés sur cette voie en évoquant l’existence d’un volet militaire du programme nucléaire iranien, mais les Américains ne les ont pas suivis sur cette voie, quand bien même El Baradei, très proche des Britanniques, a repris mot pour mot les allégations britanniques dans ses derniers rapports. L’Amérique veut une entente avec Téhéran, pour cela elle entend préserver la gestion des menaces, des sanctions et des Deals et ne peut se laisser perturber par des interférences, même de la part de ses alliés.

En cela, la tentative de Paris montre la limite des possibilités européennes pour influencer l’issue de cette crise artificielle. De ce fait, cette tentative est une lame à double tranchant car en l’absence de possibilité de réactions appropriées après 2011, Paris devra revoir ses objectifs et admettre son absence d’autorité. En gagnant le défi d’une entente avec Téhéran Washington confirmera ce manque d’autorité (incompatible avec un rôle international) et raflera la mise au Moyen-Orient, dépouillant la Vieille Europe de ses derniers bastions dans cette région qui touche à la Méditerranée et l’Afrique.

C’est bien regrettable que Sarkozy refasse les mêmes erreurs tactiques que Chirac en négligeant la possibilité d’une autre politique pour l’Iran, une politique en faveur d’un changement de régime, pour un Iran laïque et démocratique radicalement pro Europe. La prochaine erreur serait de retirer les chiens fous de l’OMPI de la liste européenne des mouvements terroristes pour les lâcher dans les médias afin de faire pression sur les mollahs… Une autre politique est possible, mais il faut au moins que la Vieille Europe prenne connaissance de ce qu’elle va perdre pour qu’elle entreprenne cette autre politique.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG