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Iran : La CIA et le rapport de l’AIEA
20.09.2008

Lors d’un Congrès sur la sécurité nationale américaine qui s’est tenu à Los Angeles, le directeur de la CIA, le général Michael Hayden a encore précisé que, selon ses services, le programme nucléaire iranien n’avait plus aucun volet militaire depuis 2003, propos en contradiction avec le dernier rapport d’El Baradai. La CIA avait tenu le même genre de propos après le précédent rapport de l’AIEA.



Il y a là un point essentiel. En novembre 2007, les Américains ont publié le rapport NIE (National Intelligence Estimate) pour neutraliser l’urgence d’une intervention musclée contre l’Iran en minimisant les progrès nucléaires du régime et surtout en insistant sur l’inexistence d’un volet militaire depuis 2003 : à presque un an de la fin du mandat de Bush, il s’agissait de faciliter des négociations pour une entente avec l’Iran, entente qui est vitale pour assurer l’hégémonie américaine dans les régions pétrolières du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale.

Les Britanniques sont hostiles à cette entente car elle couve un projet politico-économique de balkanisation du Moyen-Orient et de création d’Etats dont les dirigeants pro-américains livreraient le marché de l’énergie (gaz et pétrole) aux compagnies américaines. La Grande-Bretagne s’y oppose car elle n’est pas certaine que sa part sera assurée avec les pions américains placés au pouvoir, ces changements risqueraient de ruiner les compagnies Britanniques British Petroleum ou encore Shell. Par ailleurs le remodelage de la région pourrait faire éclater les Emirats Arabes Unis, ce vestige de l’empire britannique, qui sert de plaque tournante pour les commerces illicites mais très lucratifs de la Grande-Bretagne avec les mollahs.

Les Britanniques ne se sont pas opposés directement au rapport NIE (National Intelligence Estimate) de fin novembre 2007, mais ils ont décidé de combattre ses conclusions sur le terrain onusien via El Baradai et ses rapports sur le programme nucléaire iranien. En février 2008, ils ont affirmé posséder des documents concernant l’existence d’un projet de militarisation post 2003 du programme iranien. En mai, ils ont relancé le débat via leur presse et quelques jours plus tard, El Baradei faisait référence à ces documents dans son rapport publié le 26 mai 2008.

A l’époque, la CIA avait alors affiché sa différence : fin mai 2008, Donald Kerr, l’adjoint de Hayden avait pris la parole – dans un cercle restreint - pour insister sur les conclusions du NIE, manière indirecte de rejeter les insinuations anti-CIA du rapport d’El Baradei basé sur les documents britanniques.

Cette fois, devant l’insistance du tandem El Baradei-Londres, Washington envoie Hayden lui-même au front pour réagir dans un cadre plus officiel contre les conclusions du rapport de l’AIEA. Washington montre qu’il croit encore à la possibilité d’une entente et qu’il entend garder le cap. Cependant, si la réponse est plus forte, elle reste de nature confidentielle car Washington a encore besoin de l’AIEA et d’un processus onusien de sanctions pour légitimer ses propres sanctions contre l’Iran, sanctions qui sont censées briser la résistance des mollahs et leur imposer l’entente définie par Washington. Si toutefois l’administration Bush échouait, le NIE serait utile à son successeur car il lui donne jusqu’en 2015 (la 3ième année de son second mandat) pour aboutir à cette entente vitale pour les Etats-Unis.

Dans ce délai providentiel, à chaque fois que Téhéran fera des difficultés, les Américains feront semblant de mettre fin aux conclusions du NIE. Cela est déjà arrivé en mars 2008, alors que Washington relançait encore, mais toujours sans succès Téhéran pour une reprise de dialogue. Interrogé par la chaîne de télévision NBC sur le fait de savoir si les mollahs cherchaient à développer un programme nucléaire militaire, Hayden avait répondu qu’il le pensait à titre personnel sans toutefois remettre en cause le rapport providentiel de novembre 2007.

Ce genre de comportement sera au menu des sept prochaines années ! Sans doute, le prochain objectif des Américains est de trouver un successeur proche d’eux à la place d’El Baradei qui affirme ne pas désirer un nouveau mandat. Il ne faut cependant pas y compter, tous les adversaires d’une entente irano-américaine se ligueront pour empêcher ce putsch.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur le rapport de l’AIEA :
- Iran : L’AIEA tient en joue les mollahs
- (16 SEPTEMBRE 2008)

Pour en savoir + sur l’impact nul de ce rapport :
-  Iran-nucléaire : Derrière les portes fermées !
- (17 SEPTEMBRE 2008)

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne |

| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : El Baradei |

| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : inspections, actions et rapports |