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Iran : Grosses gifles à l’Onu
25.09.2009

Au début de la semaine, les Américains et leurs alliés ont laissé entendre qu’ils pouvaient d’ores et déjà adopter avec l’appui de la Russie une nouvelle résolution et pourquoi pas des sanctions lors de la réunion extraordinaire du Conseil de Sécurité en marge de l’Assemblée Générale de l’ONU. Cela était fort improbable car Téhéran aurait alors décommandé la réunion du 1er octobre à Genève. Téhéran a d’ailleurs peu commenté ces rumeurs. Le Conseil s’est réuni et n’a même pas parlé de l’Iran, il a en revanche adopté une résolution qui n’arrange pas les affaires de Téhéran : « l’instauration d’un monde dénucléarisé ».



Dans une semaine, un représentant du régime des mollahs doit rencontrer des représentants du groupe des Six à Genève. L’objet de cette rencontre que l’on qualifie de dernière chance est évidemment le programme nucléaire iranien. Or, Téhéran a accepté la rencontre à la seule condition que l’on n’y aborde pas ce sujet, mais le désarmement du monde entier, c’est-à-dire le démantèlement des arsenaux des Six (les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité plus l’Allemagne).

En fait, Téhéran a posé cette condition car il pensait avoir trouvé un sujet tabou qui serait immédiatement rejeté par les Six qui sont tous des puissances nucléaires.

Téhéran a eu recours à ce stratagème car il ne peut en aucun cas entretenir des relations apaisées avec les Etats-Unis, alliés et protecteurs par excellence d’Israël. Cet apaisement serait interprété comme une trahison par la rue arabe dont a besoin Téhéran pour déstabiliser la région. Si ce lien idéologique arrivait à rompre, Téhéran aurait du mal à conserver le Hezbollah, son bras armé régional, bien qu’il l’ai créé et largement financé depuis 26 ans, d’où une nécessité absolue de demeurer le champion de sa belle par des slogans, des efforts diplomatiques pour créer des coalitions anti-israéliennes et aussi des insinuations délibérément anxiogènes sur sa force militaire (balistique ou nucléaire)…

Pour plaire à la rue arabe, Téhéran doit sans cesse exagérer ses forces, ce qui l’expose à des sanctions. Il est aujourd’hui à un point de non-retour car ces sanctions le pénalisent lourdement, mais s’il reculait aujourd’hui, la rue arabe saurait qu’il n’a pas l’étoffe d’un champion de sa cause, et s’il continuait, il risquerait des sanctions plus lourdes. Il lui fallait accepter le dialogue pour éviter des sanctions immédiates, mais sans reculer idéologiquement : Téhéran a proposé un dialogue mais sur un sujet de son choix pour montrer qu’il est un Etat puissant, digne du respect de sa belle. Il a choisi le thème du démantèlement des arsenaux nucléaires des Six en tablant sur le refus catégorique.

Contre toute attente, les Américains puis les autres membres des Six ont accepté pour l’attirer à la table des négociations dans un apaisement forcé pour le discréditer par rapport à son discours de base. Ayant été à l’origine de l’offre de dialogue, Téhéran n’a pas pu revenir sur sa parole. Il a alors exigé une date après la dernière date limite fixée par les Six : ces derniers ont encore accepté. Dépité, Téhéran a sorti toute sa panoplie de slogans ou menaces anxiogènes en niant l’holocauste, en jubilant publiquement de l’indignation provoquée, en appelant à l’éradication d’Israël avant d’annoncer un nouveau progrès nucléaire le jour où il a fait défiler des missiles de tailles impressionnantes où ont réapparu les slogans mort à Israël et mort à l’Amérique. Les Six n’ont pas rompu le processus.

Téhéran avait encore une carte à jouer à Genève en accusant ses adversaires de l’avoir convié à un rendez-vous stérile. Cet espoir a été avorté hier soir par l’adoption à l’unanimité au Conseil de Sécurité (réuni exceptionnellement au niveau des chefs d’Etat et présidé par Obama) une résolution rédigée par les Etats-Unis qui appelle tous les Etats membres de l’ONU à commencer tous les travaux nécessaires à « l’instauration d’un monde dénucléarisé » en insistant bien sur le fait que cela concerne aussi les Etats comme Israël qui n’ont pas signé le traité de la Non Prolifération.

C’est une gifle énorme pour les mollahs car non seulement ils ne pourront plus à nouveau évoquer à Genève leur slogan « deux poids deux mesures des Américains », mais aussi il leur faut ouvrir leurs sites nucléaires aux inspecteurs pour se conformer à cette résolution 1887 qui en substance est 100% conforme à l’élément central de leur paquet de propositions pour la résolution de la crise nucléaire iranienne.

On peut mesurer la déconvenue des mollahs à leur réaction : rien sur le texte de la résolution, mais une attaque contre la tenue de la réunion ! Ils se sont attaqués à des propos tenus par Nicolas Sarkozy, une attaque imprécise qui a laissé les Français, boucs émissaires du moment, perplexes.

En fait, c’était de la rage (amplifiée par un boycott massif du discours d’Ahmadinejad). Si les mollahs ou encore leur représentant Ahmadinejad étaient sincères, ils auraient salué le Conseil de sécurité pour avoir suivi leur directive, mais par leur réaction, ils ont démontré que cette proposition d’une rencontre à propos d’un démantèlement des arsenaux n’était qu’une tentative pour bloquer le dialogue en rejetant la faute sur la partie adverse.

En conscience de cette tentative ratée qui pourrait être suivie d’une nouvelle manœuvre iranienne pour faire capoter la rencontre, les Américains ont également fait savoir qu’en marge de cette réunion extraordinaire du Conseil de Sécurité, ils avaient échangé des vues avec les autres membres des Six -en particulier les Russes- et s’étaient mis d’accord sur la nécessité d’adopter des sanctions si Téhéran continuait à « ne pas respecter ses engagements internationaux ».

Téhéran n’a désormais aucune marge de manœuvre, mais il demeure un problème : malgré l’affirmation de sa ligne de refus, le président Obama n’a donné aucune date limite à Téhéran pour respecter ses engagements. Obama demeure sur l’objectif de parvenir à une entente avec ce régime utile pour la réalisation de ses projets régionaux de la conquête de l’Asie Centrale. Tout dépend encore de ce facteur.


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| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : ONU |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |