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Iran : Les non-dits de Genève 3
09.12.2010

Le représentant des mollahs était pendant trois jours à Genève pour parler aux représentants des Six. Il n’a accepté aucun compromis sur aucun sujet ! A aucun moment, aucune des grandes puissances présentes n’a évoqué de nouvelles sanctions car ils ont tous besoin des mollahs : les Américains pour dominer la région et les autres pour les contrats pétroliers très bon marché vendus par les mollahs. Les Six se sont même empressés de parler de « progrès » pour repousser de nouvelles sanctions susceptibles de renverser le régime qu’ils apprécient. Téhéran a alors crié victoire. Tout Occidental peut en conclure une reculade de son camp. Mais des déclarations faites à Téhéran après cette rencontre laissent supposer que les Six ont été très fermes. | Révélations |



De retour à Téhéran, Jalili, le négociateur des mollahs dans les affaires nucléaires a déclaré qu’il avait réussi à « tenir tête aux Américains en refusant de parler du nucléaire ». Il a ajouté qu’il était parvenu à « choisir le lieu de la prochaine rencontre et même le fait que le nucléaire soit retiré des sujets de dialogue ». Tout le monde a répercuté ces propos.

Mais dans le même temps, le régime a annoncé qu’il allait enfin lancer son plan de libération des prix, projet qui a été conçu pour limiter le pouvoir d’achat et faire baisser de force la consommation afin de réduire les risques de pénuries dues aux sanctions ! Ceci indique qu’il a été averti d’un possible recours à des sanctions plus fortes !

Ces sanctions concernent les achats de carburants car le régime a précisé qu’il allait d’abord libérer les prix des produits énergétiques ! Le régime a cité l’essence, mais aussi l’électricité car en Iran, elle est produite à partir de la combustion de Kérosène (ou pétrole lampant), un carburant que le régime ne produit pas en quantité suffisante en Iran.

C’est bien la déclaration la plus importante depuis Genève 3 car cette mesure fait peur au régime surtout parce qu’il a perdu le soutien de ses miliciens du Bassidj, du BCU et des Pasdaran. Récemment, pour réduire la consommation sans toucher aux prix, le régime avait même évoqué la présence de particules cancérigènes dans l’essence produite en Iran. Cette semaine, en parallèle avec l’annonce de la libération des prix, il a reparlé des particules cancérigènes en évoquant des cas de personnes célèbres mortes à cause de cette pollution. Il a aussi évoqué le risque de pluies acides ! Le régime a aussi déclaré que les voitures produites en Iran (c’est-à-dire plus de 75% du parc automobile iranien) étaient à l’origine de cette pollution mortelle !

Cette hausse soudaine et massive des efforts du régime pour réduire sa consommation énergétique donne une autre configuration à la rencontre de Genève : si son négociateur n’a pas parlé du nucléaire, les Six non plus : ils ont parlé de l’essence ou plus exactement d’une application plus ferme des sanctions existantes concernant les divers carburants exportés vers l’Iran par des alliés des Etats-Unis.

La menace a seulement été gardée secrète pour deux raisons. La première et la plus importante est que le régime a perdu le soutien de ses miliciens et qu’il ne résisterait pas à une agitation certaine au moment de l’annonce d’un embargo. La seconde raison est que l’on démontrerait l’efficacité des sanctions et qu’alors les Occidentaux ne pourraient plus mettre de côté l’option du changement de régime voulu par les Iraniens, mais aussi par l’opinion occidentale, mais contraire à leurs intérêts géopolitiques ou commerciaux.

On est passé de sanctions annoncées, mais très partiellement appliquées à la pression secrète : on frappe pour faire mal, mais on s’arrête à temps avant de déstabiliser le régime sans se faire gronder par l’opinion. C’est du réalisme politique. C’est aussi une nouvelle forme de sanctions, de loin la forme la plus pernicieuse de sanctions jamais adoptées contre les mollahs.

Le ciel se ternit pour les mollahs. Alors que tout va mal d’un point de vue économique et social, ils vont multiplier les cris de victoire (comme la création P6+1) pour cacher leur détresse. Dans le même temps, ils vont multiplier les avis de pollution et de pluies acides même quand il fait beau et sec pour réduire la consommation d’essence. La realpolitik occidentale débouche instantanément sur un delirium tremens qui ridiculise déjà les mollahs. Le résultat final risque de déplaire aux Occidentaux.


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Article complémentaire sur ce qui va advenir :
- Iran-EU-GB : Un petit arrangement précaire entre ennemis
- (19 NOVEMBRE 2010)

La principale raison du refus des mollahs :
- Iran : Téhéran a accepté le dialogue comme il l’avait déjà fait !
- (16 octobre 2010)

| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |
| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |
| Mots Clefs | Institutions : Désinformation et fausses rumeurs |

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