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Iran : 4 sanctions à l’américaine
09.09.2010

Suite à la publication du dernier rapport de l’AIEA faisant état d’un « manque de coopération » de la part des mollahs, Washington qui avait promis plus d’isolement en cas de déficit de coopération a annoncé le bannissement d’une banque d’affaire iranienne. Dans le même temps, trois de ses alliés : la Corée du Sud, les Emirats Arabes Unis et le Liban, ont également annoncé leur adhésion au camp des sanctions en visant une ou plusieurs banques iraniennes. Il s’avère cependant que les entités désignées sont sanctionnées depuis des années. Ce soir, Téhéran n’a pas une pression supplémentaire sur le dos.



Il y a deux jours, l’AIEA a publié son dernier rapport sur l’Iran. Il y est question d’un déficit de coopération quant à l’accessibilité des sites nucléaires : La république islamique d’Iran ne coopère pas assez avec l’AIEA. Les Etats-Unis ont pris note de ce manque de coopération, ils ont appelé les mollahs à coopérer sur ce sujet. Le représentant iranien à l’AIEA a rejeté la demande en affirmant que chaque pays avait le droit de choisir ses inspecteurs.

A la suite de ce refus, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils interdisaient désormais à leurs alliés ou partenaires tout échange avec la Europäisch-Iranische Handelsbank. Le texte officiel précise qu’il serait interdit à cette banque basée à Hambourg de fournir des services financiers à la Bank Mellat, Persia International Bank, Export Development Bank of Iran et Post Bank of Iran, des établissements bancaires iraniens sanctionnés par les Etats-Unis. Il y a de quoi rire car l’Europäisch-Iranische Handelsbank est la filiale la plus connue de la Banque Mellat sanctionnée depuis 2007 par Washington et depuis 2008 par l’ONU. L’Etat américain a en fait annoncé des sanctions contre un établissement déjà sanctionné.

Quelques heures après, le Liban a annoncé qu’il interdirait à la Banque iranienne des exportations Saderat toute activité sur son territoire alors que cette banque, qui a été la première à être sanctionnée par les Etats-Unis en 2006, est depuis des années mise au ban. Puis, les Emirats Arabes Unis ont annoncé l’interruption de leurs transactions bancaires avec l’Iran alors qu’ils l’avaient déjà annoncé il y a deux mois. Et enfin, la Corée du Sud a annoncé qu’elle allait placer sous haute surveillance toutes ses transactions financières avec l’Iran en sanctionnant la succursale sud-coréenne de la Bank Mellat dont nous avons parlé plus haut. Autrement dit, la Corée du Sud a sanctionné une banque déjà isolée par les Etats-Unis et leurs alliés depuis 2007 !

En résumé, les Etats-Unis et leurs alliés nous ont abreuvé de fausses annonces de sanction à l’encontre des mollahs en présentant comme inédites des sanctions déjà existantes. Téhéran n’a pas une pression supplémentaire sur le dos.

Le procédé n’est pas récent : Il a été initié sous Bush en août 2008, soit 18 mois après le début des nouvelles sanctions américaines contre Téhéran à un moment où le régime a ressenti une première vague de difficultés qui l’a contraint à supprimer les aides alimentaires en nature pour diminuer ses dépenses en devises. A la même époque Bush a aussi envoyé de nombreux émissaires en Iran pour proposer une entente et de nombreux cadeaux financiers si les mollahs acceptaient. Il y a une seule vérité derrière ce comportement secret : Washington a commencé à sanctionner les mollahs pour les forcer à dialoguer dans l’espoir de conclure une entente qui le rendrait maître de l’Asie Centrale. Il n’a jamais été question de les mettre en péril, mais c’est l’effet produit par les premières sanctions.

Il a donc fallu éviter de nouvelles sanctions souvent évoquées comme l’embargo sur l’essence afin de mener uniquement une guerre d’usure économique avec les premières sanctions adoptées pour maintenir une pression constante sur les mollahs. Ce choix a également amené les architectes américains de l’opération à produire des rapports officiels faisant état de retards dans le programme nucléaire iranien afin de diluer la menace qu’ils avaient eux-mêmes évoqué pour justifier leurs premières sanctions. L’AIEA suit à présent la tendance et parle aujourd’hui d’un déficit d’accès comme seul souci vis-à-vis d’un régime qui ne respecte aucun des règlements du TNP depuis son accession au pouvoir.


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Nous avons écrit de nombreux articles sur le sujet et vous invitons vivement à les consulter.

Pour en savoir + sur les sanctions à l’américaine :
- Exclusif - Iran : Washington contourne ses propres sanctions
- (25 Mai 2010)

Pour en savoir + sur les sanctions à l’américaine :
- Iran-EU : La guerre silencieuse
- (12 Août 2010)

article complémentaire :
- Iran : Le régime est en quête d’un face-à-face explosif
- (3 août 2010)

article complémentaire sur l’AIEA :
- Iran : Le rapport Amano bouleverse les données
- (20 février 2010)

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : inspections, actions et rapports |
| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : Yukiya Amano |

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Instituions : Economie iranienne |