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Iran : Le régime est impuissant face au Bazar !
06.10.2010

La grève du Bazar gagne toujours du terrain et il n’y a toujours rien sur le sujet dans les médias occidentaux. Il y a désormais deux fronts : d’une part, le régime qui tente de casser la grève par toutes sortes d’intimidations et de ruses d’autre part, les Occidentaux qui n’en parlent pas pour le laisser démoraliser le peuple. Cela se traduit par la médiatisation de quelques affaires comme la lapidation de Sakineh et quand l’affaire est en perte de vitesse, on la relance avec des rebondissements | Tour d’horizon des deux fronts |



Voilà 13 jours que le Bazar, allié historique du clergé, qui a aidé la coalition islamiste soutenue par les Etats-Unis à prendre le pouvoir en 1979, est en grève dans les grandes villes du pays. Cette grève est liée au refus d’apaisement des mollahs vis-à-vis de Washington, aux sanctions financières américaines pour briser ce refus et au plan de rigueur mis en place par le régime pour neutraliser les sanctions.

En effet, Washington prive les mollahs de leurs revenus en devises pour provoquer des pénuries afin que par peur d’émeutes susceptibles de provoquer leur chute, ces derniers acceptent le dialogue. Mais les mollahs ne peuvent pas accepter car le dialogue est une étape décisive vers la réconciliation qui permettrait aux Américains de se poser en ami des musulmans intégristes et alors revenir à ce titre en Iran pour y tisser les réseaux nécessaires à ses pions islamistes pour prendre le pouvoir de l’intérieur via une révolution de couleur. C’est pourquoi ils ont pris la décision radicale d’augmenter les prix pour diminuer le pouvoir d’achat et ainsi baisser de force la consommation afin de réduire leurs dépenses (à un moment où ils manquent de devises) tout en habituant graduellement les Iraniens à la pénurie pour diminuer les risques d’émeutes pour une pénurie soudaine. Le Bazar qui avait souffert des sanctions avec la difficulté d’obtenir des lettres de crédit nécessaires pour les importations a été laminé par la baisse de la consommation. Il a estimé qu’il pouvait disparaître avec la poursuite des sanctions par Washington et la radicalisation du plan de rigueur des mollahs. Il s’est trouvé en position de devoir éliminer la source des tensions, c’est-à-dire le régime. Mais en éliminant les mollahs, il met aussi fin au projet américain d’une nouvelle république islamique dans laquelle il n’a aucun avenir commercial ou politique. C’est pourquoi les Américains et leurs alliés aident les mollahs à casser cette grève en refusant d’en parler afin que la contestation meure faute d’un soutien populaire occidental.

Cela passe par la médiatisation d’une affaire de lapidation mise en orbite par le régime qui ne parle jamais de ses violations des droits de l’homme. Pour aider nos compatriotes, nous avons évoqué les défauts de ce récit de lapidation de Sakineh, le régime et les amis occidentaux ont relancé le buzz avec les aveux télévisés de Sakineh. Nous avons alors expliqué que cette femme n’avait rien avoué et qu’en parlant de « ses aveux », on la condamnait de facto à la lapidation. Cela n’a pas ébranlé les animateurs du buzz : leur prochain outil de buzz a été les insultes à Carla Bruni-Sarkozy. Nous avons expliqué le processus, en faisant valoir que tous les jours le régime pendait une dizaine de personnes en les invitant à oublier ces insultes pour condamner ces pendaisons, gênés, le régime et ses amis occidentaux ont changé de planche de surf pour évoquer d’autres histoires dont la soi-disant condamnation à mort de Derakshan, un agent du régime qui fait semblant d’être un opposant. Cette affaire n’a pas pu provoquer le buzz que le régime et les amis occidentaux souhaitaient, ils tentent de continuer leur diversion avec une incroyable demande adressée par les 2 enfants de Sakineh à Silvio Berlusconi de leurs accorder l’asile ! Bientôt on verra un nouveau fils de Sakineh puisque le premier n’était pas très beau et ne savait pas aligner 4 mots ! C’est vraiment n’importe quoi.

On a aussi relancé l’affaire Derakhshan… On s’agite à fond ici en Europe car là-bas sur le terrain, la grève prend de l’ampleur sans que le régime puisse la casser principalement parce que les jeunes de la milice ont lâché le régime pendant le soulèvement du peuple iranien et que le régime n’a pas les troupes nécessaires pour mater cette grève. Le régime est même face à une désobéissance civique. C’est pourquoi sa première réaction avait été de vouloir donner des porte-parole issus du régime à cette contestation pour limiter son impact, mais il y avait renoncé par peur de décrédibiliser l’apposition officielle qui ne jouit d’aucun soutien populaire.

Sa seconde solution a été de viser les Bazaris à la bourse en augmentant de 50% le taux iranien du dollar qu’il maintient artificiellement bas depuis des années. Il espérait que cette hausse synonyme d’une hausse des prix et baisse de consommation encourage les Bazaris à reculer. Mais ces derniers qui n’ont plus rien à perdre ont maintenu et même renforcé leur contestation. Le régime a alors augmenté le taux du dollar de 70% en accusant les Bazaris de spéculations destinées à leur permettre de constituer un magot afin de quitter le pays. Le régime espérait provoquer la haine du peuple afin que ce dernier ne soutienne pas la grève.

Les Bazaris ont tenu bon et finalement, c’est le régime qui a dû reculer car sa hausse délibérée du dollar et l’annonce officielle de spéculations avaient donné lieu à une rumeur d’incapacité de la Banque Centrale Iranienne (BCI) à rétablir l’ordre en raison de la rupture de stock de dollars. Le régime a alors rétabli l’ordre et la confiance en baissant très fortement le taux de change.

Echaudé par ce dérapage, le régime a tenté de contrer la grève par la force : en incendiant le principal centre de conditionnement du Bazar tout en menaçant les Bazaris d’arrestations musclées et de poursuites lourdes. Rien n’a réussi à faire reculer les anciens alliés des mollahs. Cette fermeté a mis en lumière l’incapacité du régime à mobiliser ses troupes encore fidèles, les mollahs ont lâché les menaces pour revenir à la punition commerciale : depuis deux jours, le régime a baissé sans sommation le plafond des achats quotidiens du dollar –ou l’offre de la BCI- de 30,000 à 3,000 dollars ! C’est une baisse de 90% de bénéfices possibles pour tout commerçant ou importateur. Plus aucun commerce n’est possible.

C’est une grosse punition, mais on est tenté de dire qu’elle est sans effet sur les Bazaris car ces derniers ont cessé de travailler. Cependant cette baisse ne se résume pas à une intimidation théorique car le régime vient en fait de réduire ses propres dépenses en devises de 90%. Et étant donné que l’on ne peut rien entreprendre avec 3000 dollars, on peut dire que le régime vient en fait de réduire ses propres dépenses en dollars de 100% pour préserver son stock en prévision des temps plus durs. Cela lui permet aussi de continuer à réduire le pouvoir d’achat des Iraniens.

Cette manipulation aurait dû provoquer une forte hausse du taux de change, mais au lieu d’augmenter, ce taux a baissé révélant qu’en Iran, le taux était fixé de manière arbitraire par le régime et non par la loi de l’offre et de la demande. D’ailleurs sur ordre du régime, de nombreux agents de change ont dû arrêter de travailler pour éviter une éventuelle hausse que désormais le régime ne peut pas contrôler par une injection de son trésor dans le marché. Le régime qui voulait casser la grève y contribue à présent.

Cet arrêt de travail des agents de change à un moment où chacun cherche à acheter des dollars a évidemment plombé la confiance dans les chances de la survie du régime au point que ce dernier a cru bon calmer les esprits en annonçant qu’il avait « une réserve très importante de billets de 2 millions de rials (imprimés en 2008) et pouvait à tout moment les mettre à disposition des Iraniens ! »
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On croit rêver car le billet de 2,000,000 de rials (200 dollars au taux iranien) est une grosse coupure longtemps promise, mais jamais distribuée parce qu’elle évoque une dévaluation monumentale d’un rial jadis proche du Franc, une défaite humiliante pour les mollahs.

En fait, en cherchant à effacer les effets d’un mauvais choix, le régime vient de faire une promesse qui va démoraliser encore plus ses derniers alliés. Par ailleurs, cette décision de distribuer des billets va à l’encontre du plan de la diminution du pouvoir d’achat pour limiter la consommation. En fait, une chose entraînant une autre, le régime a perdu le fil de ses plans et à présent, il fait n’importe quoi. Il en est conscient au point qu’il vient de suggérer un référendum pour chuter sans violence. Les Américains et les Européens s’agitent pour rien pour le sauver.


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| Mots Clefs | Résistance : Grèves |
| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

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