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Iran : Les mollahs cassent leur tirelire pour satisfaire le Bazar !
28.08.2008

Une grave crise politique s’est jouée en Iran ces derniers jours. Si cette crise a passé inaperçu en France par la faute de quelques correspondants de presse qui suivent son mot d’ordre : « évitons les remous », l’affaire a entamé la confiance du principal pilier populaire du régime : le bazar.



Pour reconquérir cette base très sensible aux remous, le régime a décidé de la satisfaire en inondant le marché de nouvelles coupures de rials en très grand nombre pour doper le pouvoir d’achat des iraniens clients du Bazar, mais aussi de restaurer autant que possible la valeur du rial en chute libre depuis 1979. Il y a 6 mois, il était à 1/250e de sa valeur du temps du Chah, aujourd’hui il est à 1/400e du rial 1979.

Pour ce qui est du pouvoir d’achat des Iraniens, le régime reste fidèle à la politique de planche à billets pour alimenter le marché intérieur. Cette politique est entrée dans une nouvelle phase quand en mars 2007, la Banque centrale iranienne a autorisé toutes les banques iraniennes à émettre leurs propres billets (des travellers chèques non-endossables qui avaient valeur de billets).

18 mois après, les banques avaient (de facto) émis plus de 20 milliards de dollars de chèques sans provision et l’ensemble du système était en panne de confiance. La BCI est intervenue pour insuffler de la confiance et relancer la machine.

Dans le cadre d’un plan d’urgence pompeusement appelé « discipline monétaire », la BCI a annoncé qu’elle se réservait le droit d’émettre de nouveaux chèques-billets, sans interdire l’usage des anciens chèques-billets émis sans contrepartie. Elle a ainsi promis à leurs détenteurs le droit et le délai pour les échanger contre les nouveaux modèles rebaptisés Iran-chèque. Il était prévisible qu’elle produise environs 20 milliards de dollars d’Iran-chèques pour satisfaire tout le monde, elle vient d’annoncer une nouvelle hallucinante !

La BCI a informé les iraniens via la presse qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter : elle a imprimé un stock suffisant d’Iran-chèque ! L’Iran-chèque 50 ($) imprimé à 4 millions d’exemplaires pour sa phase de lancement est désormais disponible en 120 millions d’exemplaires (soit l’équivalent de 6 milliards de dollars).

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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La BCI a également informé ses clients que l’Iran-chèque 100 ($) est disponible depuis 2 jours, l’Iran-chèque 200 ($) le sera d’ici un mois, et l’Iran-chèque 500 ($) avant mars 2009. Cependant, les détenteurs des anciens modèles ne devraient pas s’en faire car la BCI aura sans doute dépassé le seuil de 20 milliards de dollars avant cette date.

Madjid Saniï, responsable de l’émission monétaire de la BCI, s’est montré rassurant en affirmant que tout était en place pour imprimer autant d’Iran-chèques que nécessaire pour le bon fonctionnement des échanges (nationaux)… à savoir l’équivalent de « grosso modo 50 milliards de dollars par an » !

Il était initialement question que la BCI vende ces Iran-chèques aux banques qui devaient les remettre (ou revendre) à leurs clients, il semblerait qu’il lui arrive de les distribuer si la banque manque de moyens pour se les procurer. Une autre partie de cette manne nouvelle sera directement versée dans le système des subventions, des salaires et des retraites pour doper le pouvoir d’achat des plus démunis, afin que tout le monde consomme (un peu plus).

Les commerçants du bazar sont rassurés quant à la relance de la consommation à tous les niveaux, il n’en reste pas moins qu’ils savent qu’ils seront payés en monnaie de singe pour leurs marchandises achetés en vrais dollars.

Le régime a donc entrepris de faire remonter le rial face au dollar pour satisfaire encore plus les commerçants du bazar. Parallèlement à l’annonce très médiatisée de l’émission des millions de coupures d’Iran-chèque, la BCI a commencé beaucoup plus discrètement à injecter des dollars sur le marché, officiellement pour faire baisser le taux de cette monnaie sur le marché noir.

Nous parions que cette opération ne fera pas baisser le taux du dollar en Iran, taux fixé par le marché noir, mais elle permettra aux bazaris d’échanger leurs liasses de chèques-billets convertis en Iran-chèques contre des dollars qu’ils pourront stocker hors de l’Iran (à Dubaï ou en Malaisie) !

Sa crise politique interne et les sanctions qui entament la confiance du Bazar coûtent cher au régime qui se voit obligé de partager son butin (de dollars) avec cette base sensible aux remous.

Si la BCI a donné le chiffre hallucinant des faux billets qu’elle compte mettre en circulation, elle est restée plus discrète sur les dollars injectés. Les réserves étant vides, il n’est pas incertain que les mollahs aient mis la main à la poche et puisé dans leurs réserves personnelles !

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