Quand en septembre dernier, Téhéran a proposé une reprise de dialogue, son objectif n’était pas de trouver un compromis, mais d’écarter la menace de nouvelles sanctions américaines notamment l’embargo sur le carburant qui peut paralyser les transports mais aussi les centrales thermiques iraniennes. Téhéran n’avait pas alors fait un pas en avant, il avait opté pour une reculade tactique.

La nuance est importante car la reculade tactique est le mode opératoire du régime dans tous ses conflits avec l’Occident. Quand il estime que l’adversaire est mou, il attaque. En revanche, quand il observe une forte menace de représailles, il recule pour calmer le jeu et obtenir des délais et aussitôt il contre-attaque.

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La réponse faite hier à l’AIEA résulte d’une absence d’estimations justes des mollahs quant à l’état d’esprit de leurs adversaires, c’est-à-dire principalement les Américains. Téhéran ne sait pas si ces derniers sont prêts à plonger pour de nouvelles sanctions ou sont encore et toujours résolus à continuer leur politique d’apaisement pour parvenir à cette entente stratégique irano-américaine qu’ils jugent vitale pour leur avenir.

En l’absence d’une juste estimation permettant à l’Iran de choisir entre une nouvelle reculade ou une amplification de la crise pour vendre cher cette entente, Téhéran a lancé plusieurs ballons d’essai pour cueillir les impressions du camp d’en face. C’est une habituelle méthode de travail des mollahs : ils annoncent une nouvelle sous la forme de rumeur ou annonce non officielle pour sonder l’adversaire sur la base de sa réaction.

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Dans le cas présent, Téhéran a d’abord annoncé par Press TV, sa télévision en langue anglaise, qu’il ne comptait pas accepter le projet d’accord rédigé par El Baradai, préférant « acheter le combustible nucléaire » nécessaire pour le réacteur de recherche de l’université de Téhéran tout en préservant son stock d’uranium faiblement enrichi. Ce stock est l’élément qui laisse supposer des visées militaires.

Comble de la provocation, Téhéran a affirmé que la balle était dans le camp des Six et qu’il attendait « à présent d’avoir une réponse positive et constructive » à sa demande. « On s’attend à ce que l’autre partie évite les erreurs du passé et gagne la confiance de l’Iran ! »

L’annonce de cette réponse délibérément provocatrice n’a suscité aucune réaction car les Américains savent que depuis toujours Téhéran ne cesse de gonfler ses capacités nucléaires pour amplifier la crise afin que la peur d’une guerre menaçant l’approvisionnement pétrolier fasse cesser les hostilités à son égard.

En l’absence d’une quelconque réaction américaine, Téhéran a opté pour une petite reculade tactique dans cette phase de sondage. Toujours via sa chaîne Press TV, il a annoncé officiellement qu’il avait « besoin de plus de temps pour étudier l’offre de l’AIEA et soumettra sa réponse à Vienne à la direction de cet organisme au cours de la semaine prochaine. »

Washington qui avait la semaine dernière parlé d’une réaction vive à ce genre de conduite a encore une fois déçu les mollahs car il s’est dit prêt à « attendre quelques jours » la réponse de l’Iran à la proposition de l’AIEA.

Face à ces deux réactions qui ne fournissent aucun indice aux mollahs, ces derniers devront faire travailler leurs méninges pour pondre une nouvelle réponse sondeuse. La seule certitude est qu’elle ne peut pas être positive.

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article complémentaire :
 Iran : la France, un prétexte pour refuser l’apaisement
 (21 OCTOBRE 2009)