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Iran : Aucun accord sur rien !
22.10.2009

La houleuse rencontre qui se tenait à Vienne sous l’égide de l’AIEA entre l’Iran, la France, les Etats-Unis et la Russie s’est achevée par la rédaction d’un projet d’accord par Mohamed El Baradai, le directeur dénéral de l’AIEA. L’auteur affirme que cet accord qui doit être approuvé par les 4 pays pourrait « ouvrir la voie à une normalisation complète entre l’Iran et la communauté internationale ». D’ores et déjà, Téhéran semble peu engagé dans cette voie car il a donné une autre version des faits.



Le 12 septembre dernier, Téhéran a proposé une reprise du dialogue afin d’échapper à de nouvelles sanctions. Il avait alors proposé la date lointaine du 1er octobre pour se donner un délai pour faire avorter le dialogue par un pays tiers, de préférence les Etats-Unis, afin d’exploser le groupe des Six et ainsi bloquer tout le processus d’apaisement. Il espérait se retrouver dans un contexte où l’on évoque la possibilité d’une guerre afin que la peur d’un conflit touchant l’approvisionnement du pétrole pousse les Européens et les Japonais à convaincre Washington de cesser son bras de fer avec l’Iran.

Washington a été prudent : il a esquivé toutes les provocations des mollahs. Les Occidentaux ont même poussé le vice jusqu’à censurer les déclarations intempestives des mollahs dans leurs médias et ces derniers se sont retrouvés embarqués dans un processus de dialogue et de compromis dont ils avaient eu l’initiative. Pour montrer leur bonne volonté, ils ont alors accepté un compromis proposé par les Six : l’échange de leur stock d’uranium faiblement enrichi contre du combustible moyennement enrichi produit par la France et la Russie. Ils ont aussi accepté de rencontrer ces deux pays en présence des représentants des Etats-Unis le 19 octobre à Vienne dans les locaux de l’AIEA.

La rencontre du 19 octobre à Vienne était un test pour confirmer la volonté d’apaisement de Téhéran. Elle est devenue la preuve formelle de son refus de tout apaisement car après une journée normale, Téhéran a renoué avec les provocations en refusant de poursuivre le dialogue si les Français demeuraient dans la pièce. Ces derniers ont mal pris les choses et ont médiatisé l’affaire, c’est ce qu’attentait Téhéran pour sortir de la censure dont il était victime. La France et les autres membres des Six ont compris tardivement la ruse de Téhéran et ont tout de suite réduit au strict minimum la communication sur le sujet. C’est-à-dire rien sur la seconde rencontre, ni sur la troisième où la France était présente, puis une courte dépêche faisant état d’un certain succès de la rencontre au travers d’un « projet d’accord accepté par les 4 pays, mais nécessitant une approbation officielle avant le vendredi 23 octobre ». Il a bien-entendu été précisé par El Baradai et confirmé par les Français ou encore les Américains que cette approbation assortie d’une date limite concernait Téhéran et non les Six.

Ce n’est pas la version officielle que le négociateur iranien, Ali-Asghar Soltanieh, a fournie aux agences de presse iraniennes. Selon Soltanieh, les choses se sont passées autrement : « tout d’abord, les trois pays membres des Six étaient en désaccord alors que l’Iran était paré d’une réponse logique. C’est pourquoi il n’y a eu aucun accord sur rien, mais un brouillon fondé sur les positions fermes et logiques de l’Iran qui nécessitent des réponses de la part des Six pour la journée du 23 octobre ». Sur la base de ces réponses, « Téhéran prendra une décision conforme à ses intérêts nationaux ».

On ressent une volonté de frictions, de manœuvres dilatoires. Cette impression est justifiée, mais la référence à la conformité aux intérêts nationaux laisse présager le pire. Ce critère est un agent dormant : il va permettre aux mollahs d’accepter éventuellement un compromis pour échapper à des sanctions, mais ce compromis ayant été décidé par un gouvernement qu’une partie du régime qualifie de non légitime, l’accord peut être contesté par les opposants à Ahmadinejad pour ne pas être appliqué. Le régime a justement programmé des manifestations pour cette opposition factice aux alentours du 4 novembre. Il a aussi réactivé des rumeurs sur l’existence de querelles entre le Président et le Parlement… L’Occident n’est pas au bout de ses surprises avec les mollahs.


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à propos du mécanisme de la révocation :
- Iran : Moussavi sera la garantie décennale du régime !
- (3 JUILLET 2009)

à propos du refus d’apaisement :
- Iran : la France, un prétexte pour refuser l’apaisement
- (21 OCTOBRE 2009)

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Réformateurs & faux dissidents : Le Mouvement Vert |

| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |
| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |
| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : El Baradei |