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Iran : Provocations, manigances et tentations au menu des Six
13.10.2009

Il y a deux semaines, les médias occidentaux annonçaient une prochaine entente avec Téhéran lors de la rencontre du 1er octobre à Genève. Ils sont à présent un peu perdus car Téhéran affirme qu’il veut coopérer avec l’AIEA, mais refuse un calendrier et en plein processus de sanctions énergétiques, il propose une reprise des négociations avec Total qu’il avait éliminé. Il y a une vraie cohérence derrière ces multiples approches : Téhéran veut diviser les Six.



L’été dernier en marge du sommet des G8 en Italie, Washington avait menacé d’adopter des sanctions très lourdes si Téhéran n’acceptait pas de saisir sa main tendue pour engager le dialogue et construire un apaisement entre les deux pays. Téhéran a continué à refuser la main tendue car il y voit une tentative pour l’éloigner de la rue arabe qui, séduite par son discours, l’a promu au rang d’une puissance régionale à forte capacité de nuisance. Téhéran continuera d’ailleurs à refuser tout apaisement car il ne veut pas déplaire à cet allié indispensable qu’est la rue arabe, allié sans lequel il ne peut prétendre à la direction du Hezbollah bien qu’il l’ait créé et financé depuis 30 ans.

Incapable d’un quelconque apaisement, mais néanmoins au bord de la banqueroute économique, Téhéran a dû changer de tactique pour éviter de nouvelles sanctions. Il a fait un pas en avant pour donner l’illusion d’une volonté d’apaisement, mais avec l’arrière-pensée de provoquer l’adversaire Américain afin de le contraindre à quitter la table du processus des négociations multilatérales ce qui aurait gelé les sanctions promises en juillet mais aurait aussi explosé tout le processus multilatéral qui est fragile car il s’agit d’une coalition entre Etats qui ont des intérêts opposés en Iran.

Le plan a démarré à l’annonce de l’offre iranienne de dialogue : Téhéran a précisé qu’il ne dialoguerait pas avec les Six sur son programme nucléaire, mais à propos de ses plus vives préoccupations : un monde sans arme nucléaire et une paix équitable (= sans Israël) au Moyen-Orient. Il espérait un refus de Washington, mais ce dernier a dit oui car il estimait qu’il pourrait exploiter le pas en avant de Téhéran pour l’éloigner de la rue arabe.

Après cet accord inattendu de Washington, Téhéran a enchaîné les provocations jusqu’au 1er octobre, date de la rencontre. Elles n’ont pas réussi à faire déraper Washington. Téhéran a dû donc aller au rendez-vous en jouant le jeu de l’apaisement feint. Pris dans le jeu, il s’est engagé à échanger son stock d’uranium enrichi à 5% contre 300 kg de combustible (uranium enrichi à 20% par un pays tiers). Mais aussitôt après le retour de la délégation à Téhéran, il a repris sa stratégie basée sur les provocations pour pousser les Américains à agir de manière unilatérale avec l’intention de briser la fragile union des Six.

Dans un premier temps, il a affirmé que l’engagement pour l’échange n’avait pas été négocié à Genève, mais avant. Il a ainsi redonné vie à son affirmation selon laquelle il s’était rendu à Genève pour plaider la cause de la rue arabe. Cela sous-entendait également qu’il n’avait accepté aucun apaisement et que par conséquent, il n’y aurait pas de suites en ce sens à la prochaine étape. Ce qui est un retour à juillet 2009. Les Etats-Unis ont alors esquivé. Téhéran a alors accusé Washington d’avoir enlevé l’un de ses savants atomistes. Washington a encore esquivé. C’est ce qui nous vaut les dernières déclarations iraniennes très explicites et complémentaires qui ont été diffusées depuis samedi dernier.

Pour continuer le processus de Genève 2, le lundi 12 octobre, le ministère iranien des affaires étrangères a exigé « l’abandon catégorique de tout ultimatum, calendrier de coopération ou encore menace de sanctions ». La veille, le dimanche 11, Ahmadinejad avait estimé que « la prochaine étape serait un test de bonne conduite pour les Six » et encore auparavant, Ali Shirzadian, le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), avait expliqué qu’« en cas d’échec de cette prochaine étape, Téhéran passerait outre son engagement pour enrichir lui-même son stock à la hauteur de 20% ». La couleur est annoncée.

Dans une ambiance très tendue où l’on s’achemine vers une escalade avec de possibles sanctions sur l’exportation de l’essence vers l’Iran, Téhéran a annoncé qu’il était en pleines négociations avec Total. Ce qui ne manquera pas de jeter un certain froid entre les divers membres des Six qui lorgnent tous sur le gaz iranien. Téhéran joue donc la fermeté, mais aussi la tentation.


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