Iran : Un vote de confiance incertain 03.09.2009 Le vote de confiance du Parlement islamique attendu pendant la réunion des Six a été reporté à jeudi ou à vendredi. Il n’y aurait pas eu de consensus, ce qui laisse craindre des difficultés pour former un gouvernement… En pleine crise nucléaire, Téhéran semble privilégier son projet saugrenu de la simulation d’une contestation de la légitimité du Président (interlocuteur officiel de Six) pour bloquer des négociations auxquelles il ne veut pas participer. Le contexte général | Le régime des mollahs doit impérativement répondre aux Six afin d’échapper à un renforcement des sanctions qui le privent d’investissements nécessaires pour son économie. Pour arrêter ce processus très nuisible pour ses secteurs-clefs comme le gaz et le pétrole, il lui suffirait de s’asseoir à la table des négociations et esquisser un apaisement. Point barre. Esquisser un apaisement : c’est bien là son problème. Le régime des mollahs doit sa survie à sa possibilité de menacer ses interlocuteurs en faisant peser un risque d’embrasement sur le Moyen-Orient avec le Hamas, le Hezbollah et ses médias qui incitent la rue arabe à la haine d’Israël. Pour garder ce précieux capital de nuisance, Téhéran doit impérativement refuser l’apaisement avec les amis d’Israël et même souffler sur les braises. Il doit néanmoins échapper aux sanctions. C’est pourquoi il fait semblant de vouloir négocier, mais il provoque ses adversaires pour les pousser à rompre le dialogue. Cette stratégie a parfaitement fonctionné pendant 5 ans sous Bush qui exigeait une suspension vérifiable des activités nucléaires iraniennes. Téhéran a multiplié les annonces nucléaires ou balistiques qui ont donné lieu à des menaces de frappes, menaces permettant aux mollahs de bouder le dialogue. Obama les a privés de ce genre de prétexte puisqu’il a abandonné toute référence directe à l’option militaire et qu’il leur a aussi proposé un dialogue immédiat et sans aucune condition préalable. Conformément à nos prévisions, Téhéran a refusé. Cette attitude a rendu son programme nucléaire plus suspect et les sanctions américaines plus légitimes. Euraka | Téhéran a alors imaginé un scénario pour bloquer les négociations avec un président accusé de fraude et contesté, privé de la légitimité requise pour représenter le pays à des négociations. Téhéran espérait qu’Obama prendrait le parti des contestataires, mais ce dernier s’est méfié. Bien avant qu’Obama ne parle, profitant du droit à manifester, le peuple a investi la rue pour contester le régime. Sans renoncer à son objectif, Téhéran a alors changé de scénario pour une contestation sans risque de débordement populaire : une crise entre le président et le Parlement, y compris sa propre majorité, sous la forme d’un rejet partiel des choix ministériels d’Ahmadinejad au moment du vote de confiance à son cabinet. Les évolutions du vote de confiance | En prévision à la réunion des Six fin septembre qui présage un renforcement des sanctions, Téhéran a donné la priorité aux rumeurs de désaveu du président par sa majorité car un large désaveu du président insinuerait sa possible destitution, hypothèse qui insinuerait à son tour la tenue des élections anticipées et une victoire certaine des modérés ! C’est d’ailleurs le mode opératoire du régime depuis le début de la crise nucléaire : à chaque fois que les étrangers augmentent leurs pressions, Téhéran met en avant les modérés, mais quand les étrangers se montrent conciliants, le régime tire la conclusion qu’ils sont faibles et se montre fermé à leurs demandes de dialogue. A la fin de la semaine dernière, Téhéran a eu des indices pour fixer son choix au moment de la publication du dernier rapport de l’AIEA, le dernier écrit par El Baradai. Le rapport évoquait un ralentissement des activités nucléaires iraniennes insinuant un apaisement voulu par Téhéran. Le régime a conclu que ses alliés russes et chinois pourraient plus aisément associer leurs voix à celle d’El Baradai ou de la Grande-Bretagne, également hostile aux sanctions, pour recommander une pause dans ce processus. Dans ces conditions, Téhéran a estimé qu’il pouvait garder en réserve sa crise joker pour une date ultérieure, ce qui est d’ailleurs plus prudent. Dans la presse iranienne, certains parlementaires ont alors évoqué la possibilité d’un vote de confiance sans aucun rejet en conformité avec la recommandation du Guide de ne pas agir de manière à plaire aux ennemis. Le régime a alors annoncé la date du début de la procédure d’examen des ministres pour le lundi 31 août et celui du verdict, 37 heures plus tard, le 2 septembre, c’est-à-dire en même temps qu’une réunion préliminaire des Six consacrée à l’adoption de nouvelles sanctions sur la base du rapport (favorable) de l’AIEA. Avec le décalage horaire, Téhéran aurait annoncé un vote de confiance absolue à Ahmadinejad dans une séance télévisée ! Cependant, dans le délai Téhéran n’a pas eu confirmation d’un engagement de ses alliés en sa faveur. Il n’y eut rien vendredi, rien samedi, rien dimanche et un petit avis non officiel de la Russie le lundi. Téhéran a alors sollicité l’aide de la Chine, mais il n’a rien obtenu. Dans le doute, le régime a préféré s’abstenir de toute décision en reportant le vote après la déclaration finale de la réunion des Six. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
| Mots Clefs | Institutions : Démocratie (médiatico)-Islamique | | Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (des mollahs) | | Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Ahmadinejad |
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