Iran : Le régime de plus en plus contrarié par la rue ! 30.06.2009 Craignant une reprise des contestations à l’occasion de la journée du 9 juillet, le régime avait hier annoncé sa décision d’autoriser Moussavi à organiser plusieurs manifestations d’ici cette date incluse. Il espérait ainsi récupérer la contestation en la limitant à une remise en cause des résultats de l’élection en faveur de Moussavi. Cette décision a été suivie d’un appel à la manifestation de la part d’un site proche des contestataires ! Cette tactique contrariante s’est avérée payante. Le 13 juin 2009, le régime des mollahs a annoncé la victoire d’Ahmadinejad suivie d’une soi-disant « saine contestation des résultats » par Rafsandjani et les trois candidats battus comme preuve de sa qualité démocratique. Le régime a alors mis en scène des manifestations pro-Moussavi qui étaient librement couvertes par la presse étrangère. Ces manifestations réunissaient les manifestants professionnels du régime qui sont en nombre très limité et les slogans n’avaient rien d’hostile au régime : ils disaient où est passé mon vote (« where is my vote ? »). Le spectacle a changé quand, le 15 juin, les Iraniens ont profité de la brèche pour descendre dans la rue et adopter une posture hostile au régime. C’est la rue qui a commencé à passionner le monde et pas Moussavi qui devait avoir le premier rôle dans le scénario initial du régime. Contrarié, le régime a expulsé les journalistes étrangers pour cacher le dépassement de Moussavi alors que ce dernier n’arrivait plus à croiser la foule immense qui avait envahi les rues. Après quelques tentatives, il a laissé tomber et l’on ne l’a guère entendu protester quand le régime a lancé sa répression à huis clos. Dès lors que le mouvement de contestation a décidé de marquer une pause, Moussavi est revenu dans la suite du scénario initial du régime : contestation des résultats, raffut médiatique, mais aussi des manifestations de soutien en sa faveur. Cependant, Téhéran a réactivé ce scénario en tenant compte de la contestation qui a eu lieu du 15 au 25 juin. Il a donc autorisé ce qui avait été interdit pendant cette période afin de ne pas être dépassé comme la dernière fois. Il espère ainsi que le monde verra dans la seconde vague de la contestation l’expression d’un soutien à Moussavi, quelqu’un qui accepte le principe islamique du régime. Au lendemain de l’annonce des autorisations de manifester en faveur de Moussavi, les sites proches de la contestation n’ont pas réagi, idem quand Téhéran a annoncé la tenue de la première manifestation étant donné qu’elle n’avait pas réussi à mobiliser les Iraniens. Moins de 400 personnes se sont seulement réunies pour crier le nom de Moussavi. Pour laver le ridicule de ce rassemblement, Téhéran a évoqué via des journalistes à sa botte -à nouveau autorisés- que ce rassemblement de 3000 personnes s’était soldé par des affrontements.
Cette réplique a, à son tour, paniqué le régime ! Il a jugé plus sûr de verrouiller les principales artères de la ville pour empêcher la formation de tout rassemblement ! C’est une preuve de la réalité de la capacité de mobilisation de la contestation. Cependant, nos compatriotes ont été insensibles à cet appel qui pouvait profiter à Moussavi. Ils ne sont donc pas massivement descendus dans la rue. Ce qui prouve la maturité de ce mouvement. Cette maturité, si elle nous prive d’une nouvelle manifestation de masse, empêche aussi les mollahs de continuer leur Moussavi show ! C’est pourquoi, dépités, ils viennent de changer à nouveau de scénario : Moussavi serait donné battu, arrêté, privé de parole et bientôt l’on parlera aussi de la fin des autorisations de manifester !
Pour en savoir + :
| Mots Clefs | Institutions : Démocratie (médiatico)-islamique |
| Mots Clefs | Résistance : Manifestations hostiles au régime |
|